Voir la fiche complète du film : L'Anthropophage - Anthropophagous (Joe D'Amato - 1980)

L'Anthropophage

Durant l'été, de riches étudiants font le tour des îles grecques et acceptent l'invitation d'une jeune photographe à séjourner quelques jours sur une île privée. Cette série B régalera les amoureux d'un cinéma transalpin d'un autre âge, trash et déviant à souhait.
Publié le 2 Septembre 2014 par GORE MANIACVoir la fiche de L'Anthropophage - Anthropophagous
6
Cannibales

Attention, cette chronique contient des spoilers.

Durant l'été, de riches étudiants font le tour des îles grecques et acceptent l'invitation d'une jeune photographe à séjourner quelques jours sur une île privée. Mais la totalité de la population semble avoir mystérieusement disparu.

Directeur de photographie assez réputé en Italie, Joe d'Amato se lance dans la mise en scène de films d'aventures érotiques dès le milieu des années 70, avec notamment quelques épisodes de la franchise des Black Emmanuelle. Alors qu'il se tourne davantage encore vers l'érotisme soft au début des années 80, ce cinéaste de commande entre dans le monde de l'horreur par la grande porte avec Blue Holocaust (1979), film malsain sur le thème trouble de la nécrophilie. Un an plus tard, il collabore avec son acteur fétiche, George Eastman, au scénario d'Anthropophagous.


Tourné dans les paysages sauvages des îles grecques, ce métrage semble disposer d'un budget supérieur aux précédentes productions de ce cinéaste. Côté casting, les amateurs de cinéma italien reconnaîtront sans doute Tisa Farrow (la soeur de Mia), remarquée dans l'Enfer des Zombies, aux côtés d'Eastman, qui reste l'atout majeur du film. Cet inquiétant géant, tour à tour scénariste, acteur et réalisateur, spécialisé dans le cinéma Bis, trouve sans doute avec l'Anthropophage le rôle le plus marquant de sa carrière.

Après une séquence d'introduction plutôt efficace, le film nous présente les protagonistes de l'aventure, dans un faux rythme qui restera malheureusement d'actualité tout au long du métrage. La bande originale, composée par Marcello Giombini (Sabata), reste l'élément le plus intéressant des deux premiers tiers du film. Malgré un démarrage poussif, avec une évocation musicale du folklore local (on est pas loin de danser sur le fameux sirtaki), la BO dévie petit à petit vers une sonorité originale, aussi bien stridente qu'envoûtante, qui offre une montée d'adrénaline bénéfique à l'ensemble.


En effet, hormis quelques respirations saccadées censées évoquer les attaques d'un monstre qu'on ne verra qu'en seconde moitié de film, Anthropophagous se traîne quelque peu en longueur, la faute à une mise en scène lancinante et à des interprètes laissés à l'abandon. Ainsi, après quelques sueurs froides (la disparition de leur bateau et une rencontre sanglante à la cave), le héros critiquera ouvertement son meilleur ami avec cette phrase qui restera longtemps dans les annales du Septième Art : "Tu manges trop !" De là à dire que le scénario est aussi faible que la population de l'île, il n'y a qu'un pas qu'on osera allègrement franchir en attendant les premières mises à mort !

Celles-ci interviennent assez tardivement, une surprise quand on connaît la réputation sulfureuse du long-métrage. Les amateurs de gore pur et dur se divertiront devant les meurtres initiaux, mais devront patienter les dix dernières minutes pour se consoler avec les deux scènes phares de l'accouchement et de l'auto-cannibalisme. Aujourd'hui encore, cet épilogue fait toujours son effet, même si la courte durée des séquences donne un "goût" d'inachevé à la représentation de notre cannibale, magistralement habité par un George Eastman dément à souhait.


Enfin édité en DVD à petit prix dans nos contrées par Bach Films, Anthropophagous peut être désormais redécouvert par une nouvelle génération de cinéphiles. Surtout impressionnant à sa sortie, ce film accuse assez mal le poids des ans et souffre de la comparaison avec le chef d'oeuvre de d'Amato : Blue Holocaust. Toutefois, cette série B régalera les amoureux d'un cinéma transalpin d'un autre âge, trash et déviant à souhait.

A propos de l'auteur : GORE MANIAC
Portrait de GORE MANIAC

J'essaie de partager ma passion pour un cinéma méconnu, mais qui mérite incontestablement qu'on s'y arrête !

Autres critiques

A Girl Walks Home Alone at Night
Récompensée du Prix Kiehl's de la Révélation au Festival du cinéma américain de Deauville de 2014, Ana Lily Amirpour ( The Bad Batch ) tentait pourtant un pari risqué en donnant à son métrage des aires de film d’auteur sur fond de romance vampirique. Combinaison alléchante ou rebutante, au choix. Qu’importe, car la réalisation inspirée et le bon goût de sa narration méritent que l...
Possédée
Lorsque l'on songe aux films de possédés et autres exorcismes, un seul titre nous vient à l'esprit. Le mythe fondateur de William Friedkin qui a inspiré tous ceux qui le suivront. Il est le précurseur comme le fut Les dents de la mer pour le survival animalier. Aussi, marcher sur les plates bandes d'un chef d'½uvre comme L'Exorcist e ne se fait pas sans heurt (surtout si l'on cite ledit film...
Histoires d'outre-tombe
Visitant des catacombes, cinq personnes s'égarent et se retrouvent enfermés dans une crypte. Un étrange individu les invite alors à écouter l'histoire de leur mort prochaine. De 1950 à 1955, le comics américain Tales from the Crypt, édité par William Gaines, distillera hémoglobine, sexe et humour noir à toute une génération de lecteurs en quête de nouvelles sensations littéraires. Vingt...
The Belko Experiment
Confinés contre leur gré sur leur lieu de travail, les membres du personnel d’une multinationale se voient contraints de participer à un jeu macabre dont la seule règle est simple : ils sont cordialement invités à s’entretuer. Face à la complexité de la situation, certains vont réagir de manière proactive et réinstaurer cette bonne vieille loi de la jungle. Comme déjà évoqué, le...
La pluie du diable
Bien souvent, les productions sur le satanisme sont l’expression de fantasmes issus de l’imaginaire collectif. Des histoires telles que L’exorciste joue de surréalisme pour dépeindre le mal de manière explicite. On ne reviendra pas sur le statut de chef-d’œuvre mérité et incontournable de l’adaptation de William Friedkin. Tout aussi culte, Rosemary’s Baby se...
L'Anthropophage - Anthropophagous
Réalisateur:
Sortie France:
Durée:
90 min
6.16667
Moyenne : 6.2 (30 votes)

Le Quartier Interdit de Jean Pierre Dionnet - Anthropophagous

Thématiques