Roboshark
On ne compte plus les étrons de seconde (ou troisième) zone qui se targuent d’appartenir à la sharksploitation. Sous-genre surexploité, sous-estimé et décrédibilisé depuis de trop nombreuses années, le survival animalier aligne les productions méphitiques, comme l’on pourrait confectionner un collier de perles. Chaque film a beau être « unique », ils finissent tous par se ressembler dans leur bêtise consommée et leur nullité effarante. La standardisation de la médiocrité comme nouvelle référence majeure tend même à surprendre lorsqu’on se heurte à des incursions à minima sérieuses. Mais ce n’est pas avec Roboshark qu’il faut s’attendre à un téléfilm de bon aloi.
Un requin volant non identifié. Si, si...
On a beau être immunisé contre les pitchs absurdes, les scénaristes rivalisent de stupidités pour exploiter l’idée du poisson-tueur sous toutes les latitudes. En l’occurrence, un squale se fait parasiter par un module extraterrestre qui le transforme en une arme cybernétique « redoutable » et, reconnaissons-le, passablement moche et mal fichue. Exception faite de l’entame, les séquences qui mettent en scène ledit requin surgit d’outre-espace s’affranchissent de zones marines, même un malheureux ruisseau ou un plan d’eau douce. En cela, Roboshark est sans doute l’un des films les plus terre à terre qui soient. Un véritable comble !
Dès lors, la menace peut venir du ciel, comme pour la saga Sharknado, ou sous la terre, comme Sand Sharks ou le non moins ignoble Ghost Shark. Mais le film de Jeffrey Scott Lando ne se contente pas de faire référence aux dernières bévues en date du genre. Il s’emploie à triturer des mythes du 7e art, bien réels ceux-là, comme E.T. l’extraterrestre ou THX 1138. Les allusions sont plus ou moins évidentes et tiennent essentiellement à des réparties superficielles et mal intégrées à l’action ou à l’histoire. En de telles circonstances, on ne peut pas dire que cette production fauchée manque d’identité, mais elle pâtit d’un second degré presque permanent qui se heurte à une mise en scène médiocre.
La vague des soldes a encore frappé !
Certains éléments tendent à faire sombrer l’intrigue dans une ambiance délirante digne d’un mauvais cartoon. L’un des protagonistes se métamorphose en une caricature ambulante et agaçante, tandis que les militaires font office de décérébrés de service. L’incongruité tient surtout aux apparitions du requin. Centre commercial, parc arboré, souterrains, Star Bucks (!), piscine olympique… Les situations se suivent et ne se ressemblent pas. Elles rivalisent d’absurdités sans pour autant s’attarder sur la menace constante qu’un tel animal (ou alien cybernétique ?) est censé prodiguer. Mention spéciale à quelques extravagances ineptes, comme la communication interespèces ou les posts « squaliens » sur les réseaux sociaux.
La progression a beau se montrer rythmée, les morts s’enchaînent sans défaillir. La linéarité et la bêtise indissociable du propos génère une profonde consternation. Bien que la structure métallique du squale tende enfin à fournir une justification à des animations aussi raides que la justice, les trucages sont complètement ratés et les incrustations tout autant discutables. La violence y est relativement édulcorée avec des plans mal cadrés ou des séquences coupées à la va-vite, comme si les producteurs ont voulu mettre l’accent sur l’aspect « convivial » de la chose pour en faire un produit tout public ! Ce n’est pas tout à fait le cas, mais l’on s’en rapproche dangereusement. Il s’agit là de la seule menace que l’on remarque.
Rien de tel qu'une piscine olympique pour faire de nouvelles rencontres du 3e type
Au final, Roboshark est une énième sombre farce issue de la sharksploitation. Le second degré a beau être assumé, il n’en demeure pas moins lourd et maladroit. Preuve en est avec son caractère ultraréférentiel qui s’amuse à singer un peut tout et n’importe quoi. La débandade initiale s’étend à tous les aspects du film. À commencer par le cabotinage des acteurs et aux attaques impromptues au cœur de Seattle. L’ensemble se fatigue rapidement. Preuve en est avec la présence de Bill Glates, clone du pauvre de Bill Gates, ou les piètres tentatives de communication du requin avec notre espèce. Il en ressort un moment plus embarrassant que distrayant dont il n’y a rien à retenir. Hormis qu’une invasion extraterrestre est un moindre mal lorsqu’on se confronte à la connerie humaine…