Phantom Racer
Comme vous le savez peut-être, les Américains aiment les courses de Nascar, sorte de bolides urbains qui tournent en rond sur un circuit fermé dont vitesse et prise de risque sont les maître mots. Genre quasiment inconnu en France, il s'agit pourtant d'un sport automobile que l'on voit souvent à la télé ou parfois dans des films. Je pense bien évidemment à Destination Finale 4. Jusque là, tout va bien, quoique ledit film soit tout de même le moins bon de la franchise, mais au moins, il montrait le nascar comme un sport impressionnant et à haut risque.
Seulement, quand un scénariste médiocre propose de faire un mixage entre Christine de Carpenter, Casper : le gentil fantôme et The Grudge, avec une pointe de course automobile, on peut se poser des questions. Mais non, ils l'ont fait et on peut dire que le résultat est des plus déplaisants, alignant des effets des plus mauvais gouts, avec des acteurs au rabais et surtout une histoire à dormir debout.
Vous voulez toujours savoir la suite de cette histoire ? Eh bien attachez bien votre ceinture, parce que ça va défourailler grave !
Fantôme au volant, mort au tournant!
Le scénario de ce film est d'une absurdité injurieuse. Il faut croire que le film a été écrit par des handicapés du bulbe ou tout simplement par de gros beaufs américains qui pensent que la bière, les voitures et les femmes montrant leurs seins sont la quintessence de la vie.
Bref, pour faire un rapide petit résumé, le film démarre avec une course de nascar où deux gugusses qui étaient potes auparavant se font la guerre pour choper la meilleure écurie. Sauf qu'un accident intervient et que le plus mesquin des deux meure dans un magnifique incendie où toute sa peau crame, mais pas le contour des yeux. On avance rapidement quelques années plus tard, où le survivant, pensant être le responsable de la mort de son pote, est devenu chauffeur de poids lourds pour transporter… des voitures de nascar. Il tombe en rade dans un bled paumé mais où habitent encore l'ex petite ami du mort ainsi que son frère. Si le hasard ne fait pas bien les choses ! Et là, incroyable, le frère du mort montre la voiture de l'accident retapée à neuf. C'est alors que la voiture prend vie et va faire quelques victimes alentour, avant d'essayer de buter notre héros.
Bon, alors déjà ça commence mal avec une relation de cause à effet qui tombe sous la coupe du hasard et c'est vraiment mal foutu. Mais en plus, quand on sait les raisons qu'a le fantôme pour sa vengeance, c'est encore plus moisi, avec pas moins de trois retournements de situation complètement hallucinatoires, mettant en avant un humour plus que douteux !
Bien évidemment, comme il est coutume dans ce genre de film, l'ambiance n'est pas au rendez-vous. C'est à croire que les gens qui produisent et réalisent ce genre de métrages n'ont rien compris aux règles élémentaires qui régissent les bons films d'horreur. Alors dans ce film, on a une entité pas gentille qui veut du mal, c'est bon. C'est vrai qu'elle est ridicule, mais elle a le mérite d'exister. Ensuite, les effets gores sont bien présents, ce qui est d'ailleurs assez surprenant dans ce genre de film au budget plus que limité, mais j'y reviendrai plus tard. Sauf que l'ambiance, l'atmosphère générale du métrage est totalement occultée. Pas de musique marquante, pas de tension, pas de moments intéressants, bref, c'est le néant total, le vide abyssal. Normalement, quand on fait un film de fantôme, on mise sur une réalisation impeccable, sur des moments stressants, mais le film en est totalement dépourvu et on s'emmerde sec. Alors ce ne sont pas les trois meurtres gores qui vont faire sursauter le spectateur, surtout qu'ils sont attendus, et ce ne sont pas non plus les courses-poursuites à pied ou en voiture qui font faire vibrer celui qui regarde cette galette. D'autant plus que lorsque l'on regarde la vélocité du héros, qui a dû bouffer six hamburgers entre chaque prise, on est plus proche d'un état léthargique que de l'excitation d'une jeune pucelle.
Dans Phantom Racer, se faire brûler vif dans une bagnole, ça donne ce résultat...
Passons maintenant nos acteurs en revue. Quand on regarde deux minutes le casting (pas plus parce que sinon on sent notre matière grise couler le long de ses deux tympans), on se rend vite compte que les acteurs de ce métrage ne sont que de parfaits inconnus, sauf pour les amateurs de nanars édités par Zylo. C'est donc sans surprise que les jeux des différents protagonistes est d'une platitude et d'un ennui profond. Prenons notre héros. Pataud, moche, sans une once de talent, il incarne sans le vouloir la beauferie américaine dans toute sa splendeur. Pas crédible dans les scènes d'action, il est certain qu'il ne remplacera pas encore Jason Statham. Pour accompagner notre héros dans cette galère, on aura la belle blonde de service, sauf qu'ici, ce n'est pas une première main, mais plutôt une quatrième voire cinquième. Et puis il faut voir son talent d'actrice, notamment lors de la scène où elle chiale ! Je passe rapidement sur la fille de la blonde qui est normalement la fille du mec mort, et qui joue affreusement mal en plus d'avoir des répliques à deux balles et en plus d'être moche. Les seconds couteaux sont vraiment risibles, comme le frère de la victime qui joue l'homme bourré comme Anne Roumanoff fait de l'humour ou encore le chef de la police qui est à fond dans son rôle, mais tellement à fond qu'on croirait voir Chuck Norris en fin de carrière. Enfin, le fantôme est surement le méchant le plus mauvais du film, avec sa dégaine de pilote de rallye de côte des années 90 et son rictus débile.
Mais la chose la plus surprenante dans tout ce barouf, c'est la présence d'effets gores, mal foutus, certes, mais ils ont le mérite d'être là et de faire sourire. D'habitude, dans les films de fantômes, le gore est quasiment absent, car il joue plus sur l'angoisse et la peur, et non sur le dégout. Les deux premiers meurtres sont assez cons, car on y voit deux jeunes débiles monter dans la voiture pour s'amuser. Le premier va mourir écrasé par la ceinture alors que le second se fera haché à moitié par le coffre. Le gros problème, c'est que cette scène ne sert qu'à faire du sensationnalisme et qu'elle n'apporte rien au métrage. On aura aussi droit à une décapitation par une fenêtre électrique sans aucun sens, mais aussi à une tête éclatée par un pneu. Mais je crois que le top du top, c'est le flic qui saute sur le pare-brise et qui se fait arracher le nez entier par les essuie-glaces ! Versant dans le grandguignolesque, le film propose des effets gores malvenus et totalement débridés en complète contradiction avec le thème du film. La fin est d'une maladresse ignoble, car en un quart d'heure, la voiture sera noyée, puis incendiée, puis explosée, pour finir en joli statuette à la César. Le petit bonus de fin demeure incompréhensible (une pile de voiture qui tombe à la renverse) et montre le peu d'idées de la part des scénaristes et le manque d'inspiration du réalisateur.
Ah bah forcément tu vas marcher beaucoup moins bien !
Au final, Phantom Racer est le nanar auquel je m'attendais, mais il a le démérite de ne pas être drôle. Se prenant avec sérieux, alors que les dialogues à deux balles fusent, le tout ne sait pas où se placer et met le spectateur dans un état lénifiant. Les quatre effets gores ne feront pas oublier le manque d'inspiration de tout ce petit monde, des acteurs jusqu'aux scénaristes et le film ne mérite aucune attention. Bref, un film de merde comme il y en a souvent et dans lequel personne ne trouvera son compte.
Un film de Terry Ingram
Avec : Nicole Eggert, Winston Rekert, Chad Willett, Brenna O'Brien