Meg Rising
L’histoire d’Asylum est étroitement liée à celle de la sharksploitation. Spécialiste des mockbusters et autres étrons cinématographiques, la firme décérébrée a toujours aimé tourner en ridicule les requins à travers des productions d’une rare bêtise. Le porte-étendard de ces méfaits n’est autre que les ignominieuses sagas Sharknado et Headed Shark Attack. Artisan inlassable de la médiocrité et de l’opportunisme sous toutes ses formes, Asylum enchaîne les misérables DTV, comme on enfile des perles sur un collier. L’une des dernières arnaques en la matière est Megalodon Rising. Énième mockbuster putride s’il en est, mené de main de tâcheron par Brian Nowak, déjà responsable de Meteor Moon.
Tom Sizemore aux manettes...
Le rapprochement entre le présent métrage et The Meg pourrait être facile, sinon évident. Hormis le poisson géant qui occupe toute l’affiche et l’attention du public, les deux productions n’ont absolument rien en commun. À vrai dire, on a surtout l’impression qu’Asylum vient d’inventer un nouveau concept : le mockbuster d’un autre mockbuster. En effet, on leur devait déjà Megalodon en 2018 qui correspondait davantage au calendrier de sortie du film de John Turteltaub. En l’occurrence, Megalodon Rising semble un recyclage cinématographique éhonté qui reprend peu ou prou les mêmes ingrédients. Si la principale référence n’était guère enthousiasmante, le résultat est encore plus déplorable qu’attendu.
Bien que totalement stupide et inutile, l’un des rares éléments qui ponctuaient une grande majorité des films de requins « made in Asylum » était leur action effrénée. Autrement dit, on ne s’ennuyait guère, même si les métrages en question étaient dénués de toute vraisemblance. Ici, on assiste à un conciliabule dans une pièce étriquée entre quatre acteurs mal fagotés et représentants des clichés propres aux communautés asiatiques, afro-américaines et autres minorités (ou généralités). C’est bien simple, le pitch initial ressemble à une mauvaise blague de comptoir. Mais cela n’est rien en comparaison des échanges stériles qui s’ensuivent ou ses réparties d’une balourdise sans nom.
... pour une partie touché coulé grandeur nature
On peut également s’interroger sur cette mise en scène qui confond sobriété et indigence. Le dénuement ambiant laisse pantois. Outre des plans aériens filmés avec des drones discount, les images de synthèse retranscrivent des navires mal modélisés, une mer d’huile et des effets pyrotechniques plus affligeants qu’impressionnants. On songe, entre autres, à ces tirs de mitraillettes inutiles. À noter qu’il est préférable de viser la surface de l’eau et non le ciel lorsqu’on cible des requins… Toujours est-il qu’on peut aussi apprécier la déliquescence de la marine américaine avec trois pauvres écrans d’affichage dans une salle de contrôle sans lumière, des drapeaux présentés à l’envers ou des joysticks des années 1990 en guise de commandes.
Le budget est tellement fauché que la naufragée recueillie sur le navire américain porte des lunettes… sans verre. Quant aux requins, ils restent relativement discrets. Quelques ailerons mal dégrossis qui crèvent la surface de l’eau, des chocs sporadiques contre la coque des bâtiments, des assauts mous de la nageoire… Hormis un pauvre quidam qui se fait gober dans son entièreté et une attaque côtière au ridicule consommé, on demeure autant sur notre faim que les poissons. Mention spéciale à ces soldats badass qui manient et portent les accessoires de plastique avec une rare maestria. Quant à la prestation de Tom Sizemore, l’acteur ne dissimule même pas sa fatigue…
À défaut de missiles, on dispose de requins pour gober les ennemis !
Au final, Megalodon Rising relève de l’escroquerie cinématographique. Entre de sombres affaires d’espionnage sans queue ni tête, des militaires aussi crédibles que les effets spéciaux, le film de Brian Nowak ennuie autant qu’il agace. En l’occurrence, le procédé régressif est à l’aune de l’indigence des moyens et de talents à l’œuvre. Les squales ont un gabarit ingrat et ne démontrent guère leur gigantisme. Pour compléter ce naufrage annoncé, on peut évoquer une mise en scène digne des Feux de l’amour avec quelques sursauts de caméras en guise de bonus. Il en ressort une itération poussive et indigeste qui ne se justifie à aucun moment.
Un film de Brian Nowak
Avec : Tom Sizemore, Wynter Eddins, O'Shay Neal, Isidoro Perez