Le Pacte des Loups
"C'est en l'an 1754 que la bête apparut sur nos terres..." C'est sur ces quelques mots prononcés par Jacque Perrin que le film de Christophe Gans s'ouvre. Le réalisateur de Crying Freeman se lance dans la fresque historique, teintée de romance et de kung-fu (!?!) avec un budget assez conséquent pour un film français : 200 millions de francs!
Quel est le sujet de ce fameux Pacte des Loups ? Délégué par le Roi, le chevalier Grégoire de Fronssac arrive en Gévaudan afin d'élucider une série de meurtres étranges. Il est accompagné de son vieil ami et indien, Mani. Arrivé sur les lieux, ils vont découvrir que la population locale est persuadée que tous les meurtres sont l'oeuvre d'une bête maléfique à l'appétit vorace. Fronssac est missionné par le Roi pour naturaliser la bête, une fois capturée et tuée. Il tombe amoureux de la ravissante Marianne et s'offre les faveurs d'une prostituée non moins ravissante, la mystérieuse Sylvia...
L'histoire s'inspire librement d'une légende bien de chez nous : celle de la bête du Gévaudan. Le Gévaudan est un plateau de la Lozère aujourd'hui qui connu entre le 30 juin 1764 et le 19 juin 1767, une vague de meurtres atroces, perpétués principalement sur des femmes et des enfants des deux sexes. On a dénombré pas moins de 157 victimes durant cette période. A l'époque, on attribua tous ces crimes à une bête monstrueuse.
Christophe Gans est assez féru de cinéma américain et de cinéma asiatique. Il n'a d'ailleurs pas hésité à effectuer un mélange de ces deux genres dans son film d'une manière assez habile. Ainsi, la romance entre le chevalier Grégoire de Fronssac est un cliché typiquement "hollywoodien" tandis que le personnage de Mani, adepte des arts-martiaux, semble tout droit sortit d'un film de Hong-Kong.
Malgré tout, le film souffre d'un scénario un peu trop étoffé. Gans nous plonge dans l'intrigue de son film assez rapidement (ce qui n'est pas si mal que ça après tout) mais à trop vouloir nous raconter son histoire, il finit par faire disparaître chez le spectateur tout sentiment "d'intéressement". L'histoire progresse mais d'une manière assez lente par moment, et l'on finit par moment à ne plus s'intéresser à celle-ci pour attendre bêtement les (rares) scènes d'action.
Ces fameuses séquences d'action sont malheureusement assez courtes et seul le personnage de Mani bénéficie d'un traitement relativement intéressant. Certes, on prend un certain plaisir à le voir savater des vilains mais le fait est que la plupart du temps, ces scènes de combats sont assez "gratuites" et n'inscrivent pas forcément dans la trame du film (voir la scène après la première battue, lorsque Mani se bat avec quelques bougres armés de longues griffes). On pourra également regarder d'un oeil douteux la réalisation de ces scènes. En effet, on a plus l'impression de voir un clip qu'autre chose. Les nombreux ralentis sont beaux mais totalement gratuits et parfois, nuisent à l'action en elle-même.
Le film aborde différents thèmes intéressants cependant. Comme l'écologie, l'inceste, et même le racisme (Mani, considéré comme un animal, incapable de se reproduire avec des "blancs"). Des thèmes qui sont hélas un peu trop survolé et que l'on ne découvre qu'au détour de quelques dialogues et personnages assez caricaturaux.
Malgré tout, la grande réussite du film réside dans l'aspect visuel du film. Les costumes et les décors sont de toute beauté. La musique est également bien présente et orchestrée de manière intelligente. A cela, s'ajoute une distribution assez prestigieuse composé d'acteurs français reconnus.
Le Pacte des Loups est donc un film qui aurait mérité un meilleur traitement, notamment au niveau du scénario et des personnages qu'on aurait aimés mon caricaturaux. Toutefois, le film réserve quelques surprises agréables malgré un final et un monstre peu convaincant.
Un film de Christophe Gans
Avec : Samuel Le Bihan, Vincent Cassel, Monica Belluci, Mark Dacascos