Le Bazaar de l'épouvante
En novembre 2021 est sorti chez RIMINI EDITIONS le DVD/Blu-Ray d’un petit classique adapté de Stephen King : Le Bazaar de l’Epouvante. Outre une remasterisation HD du film (qui date tout de même de 1993), quelques bonus et un livret de 24 pages conçu par Marc Toullec, cette nouvelle édition a surtout le mérite de contenir ce qui, pour moi, justifie entièrement son achat : LA VERSION LONGUE INÉDITE DE 3h, laquelle n’avait jusque-là été diffusée qu’en 1996 sur la chaîne TBS, et surtout n’avait jamais commercialisée en France !
Une édition DVD qui donne le sourire
Si vous ne connaissez pas le Bazaar de l’Epouvante, voici en deux mots ce que ça raconte : Leland Gaunt, vieux monsieur apparemment inoffensif, vient d'ouvrir une boutique à Castle Rock, la petite ville côtière chère à Stephen King. Un endroit incroyable où chacun peut trouver, pour un prix dérisoire, ce dont il a toujours rêvé. Mais les intentions de Leland Gaunt ne sont pas aussi bienveillantes qu'il l'affirme…
La bienveillance incarnée
On est donc en plein dans la spécialité de Stephen King, à savoir l’étude de personnages et la dégradation de leurs relations sous l’influence d’une entité étrangère à la communauté. Si vous avez déjà vu le film, vous savez qu’il est bon, mais vous savez aussi que la réalisation très rigide de Fraser C. Heston, à la limite du téléfilm, peine parfois à rendre justice au scénario. Si le film a pu décevoir à sa sortie, c’est peut-être pour cette raison, et aussi parce qu’il ne faut pas s’attendre à être effrayé par l’intrigue. Il y a bien deux ou trois plans légèrement gores, mais le réalisateur Fraser Clarke Heston préfère jouer la carte de la suggestion.
Pas beaucoup de sang, mais beaucoup de boue
La version longue développe la relation entre le shérif Alan Pangborn et sa fiancée Polly, réintègre la scène de poursuite entre Gaunt et Pangborn qui ouvrait le film, à l’origine, ainsi qu’une intrigue autour de Cora Rusk, la mère de Brian, et de son étrange obsession pour Elvis Presley. En deux mots, cette Extended Cut s’accorde le temps nécessaire pour présenter tous ses personnages, en laissant chacune de leur scène se dérouler sans être interrompue, là où la version cinéma cherchait l’efficacité avant tout. Sans surprise, les ajouts étoffent le film de belle manière, ce qui n’est guère une surprise puisque l’on rajoute 1h de métrage, et l’on ne s’en plaindra pas puisqu’elle permet de profiter encore plus du jeu pernicieusement suave de Max Von Sydow.
Car, soyons honnêtes : l’attrait majeur de ce Bazaar De L’Epouvante est sans aucun doute son casting avec un duel au sommet entre, d’un côté, Ed Harris que l’on ne présente plus, et de l’autre le célèbre Père Merrin de L’Exorciste, Max Von Sydow donc, qui passe brillamment du côté obscur dans le rôle du luciférien Leland Gaunt.
Rencontre au sommet
Bref, malgré sa réalisation rigide et une certaine absence de violence graphique, cette adaptation (et surtout la version longue) s’avère un indispensable pour tout amateur de film fantastique et de Stephen King.
Un film de Fraser C. Heston
Avec : Ed Harris, Max von Sydow, Bonnie Bedelia, Amanda Plummer