Douce nuit - sanglante nuit 4: l'initiation
Grâce à la magie du cinéma et son incommensurable absurdité dans certains cas, une franchise qui voit se succéder des films infâmes ne s’arrête pas en si mauvais chemin. Hormis le premier opus, Douce nuit sanglante nuit brille par sa nullité intrinsèque. Surenchère incohérente d’histoires plus maigres qu’un sucre d’orge, guirlandes d’interprètes à la ramasse, décorations de pacotilles et massacres sans saveur en terme de mets, les Noëls de la saga sont aussi ternes que dispensables. Après un troisième épisode lamentable à tous les niveaux, il ne semblait pas si difficile de faire mieux, mais gageons que l’on pensait la même chose entre la transition du second et troisième volet.
L’entame s’avère correcte avec une jeune donzelle enflammée qui dégringole d’un immeuble et une enquête journalistique banale, mais appliquée. À l’instar du premier film, l’histoire promet donc un spectacle peu surprenant, mais soigné et assez plaisant à suivre. Seulement, les bonnes intentions doivent se concrétiser afin d’apprécier pleinement une œuvre (cinématographique, littéraire ou vidéoludique). Or, L’initiation s’enlise rapidement dans une progression redondante et ennuyeuse. Les investigations piétinent tandis que la venue d’une secte de féministes mal embouchées arrive comme un cheveu sur la soupe.
Volonté de renouveler la saga ou de couper court à la sinistre réputation de son prédécesseur, le film interpelle sur le virage en épingle qu’il emprunte. Oubliez le slasher, le père Noël psychopathe et les meurtres qui s’ensuivent. Ici, l’on a droit à une refonte complète de la franchise à tel point qu’il aurait très bien pu sortir en se départissant de son titre. Hormis le contexte vaguement évoqué des périodes de fêtes de fin d’années, quelques breloques accrochées çà et là pour contenter le quidam, rien ne laisse présager à l’émergence d’un nouveau carnage. On ne reprochera pas de s’éloigner des tares de ses aînés, mais de dénaturer l’esprit originel de Douce nuit, sanglante nuit.
À cause de cet a priori et des attentes qu’il suscite chez le spectateur, on ne parvient pas à apprécier un film d’horreur qui, en d’autres circonstances, aurait pu s’avérer sympathique, même si tout juste moyen. Le seul lien évident avec la saga et l’introduction de Coma dépassé (tant qu’à prendre une référence, autant saisir la plus mauvaise). On dénombre cinq morts sur les 86 minutes du métrage et la majorité survient dans le dernier quart d’heure. Les exécutions se montrent sommaires, peu originales et avec très peu d’hémoglobine. Autrement dit, sous ses apparats de slasher racoleur, pointent la frustration et l’ennui.
Le casting relève légèrement le niveau avec des physiques marqués, comme celui de Clint Howard. Parfaitement dans son personnage, l’acteur est quasiment le point central du film, n’en déplaise à Neith Hunter, gourgandine arriviste de son état. Ses homologues féministes ne sont pas en reste avec des messages pathétiques sur l’inutilité de l’homme et comment s’éloigner de la tentation puisqu’il existe un besoin, une attraction pour le sexe opposé. Ce genre de considérations se rapproche de la misogynie à l’extrême contraire. Derrière chaque rôle masculin, on décèle une part machiste tandis que le cinéaste veut glorifier, du moins idéaliser la femme avec une certaine maladresse étant donné que cela ne convainc guère.
Au final, ce quatrième volet porte très mal son titre. Derrière un éventuel sursaut d’orgueil pour relancer une franchise médiocre se cache un film d’horreur bancal et ennuyeux. On oublie le slasher et le Père Noël cinglé (le seul atout correct des précédents films) pour se concentrer sur une secte de féministes adoratrices de Lilith. Au lieu d’un carnage pleinement assumé et chargé de sang, l’on a droit à des effets grand-guignolesques de mauvais goût (qui peuvent rappeler Society dans une moindre mesure), un scénario répétitif et un panel d’acteurs tout juste potable. Différent certes, mais pas forcément bon ou même moyen.
Un film de Brian Yuzna
Avec : Clint Howard, Neith Hunter, Tommy Hinkley, Hugh Fink