Voir la fiche complète du film : Doom (Andrzej Bartkowiak - 2005)

Doom

Incendié par la critique, conspué par les fans et ignoré par les autres, Doom ne mérite pourtant pas tant de haine à son égard. Si les attentes des joueurs sont conséquentes, les ambitions de la production sont moindres. La faute à un scénario convenu (à la base très peu développée dans le jeu) et des protagonistes assez sommaires. Pour pallier à ces défauts, l'atmosphère ambiante et le design varié du bestiaire répondent présents à l'appel. N'oublions pas également une bande son des plus réussies. Il en ressort un moment fort divertissant et sans prise de tête où il est agréable de se perdre dans le complexe d'Olduvai.
Publié le 7 Mars 2012 par Dante_1984Voir la fiche de Doom
7
Tronçonneuse Mutant

La saga Doom est connue de tous les fans de jeux vidéo pour avoir popularisé tout un genre : le FPS (First Person Shooter). Certes, il y avait bien Wolfenstein, mais Doom était tellement novateur et supérieur à son aîné de seulement un an qu'on lui donna son nom pour caractériser les jeux de tirs à la première personne, soit "Doom-like". Des couloirs labyrinthiques, des beuglements, des cris, quelques énigmes assez basiques, mais surtout pléthore d'ennemis à tuer ; tel était le programme des réjouissances en commençant une partie. Les mauvaises langues diront que rien n'a vraiment changé depuis. Pour une fois, elles n'auraient peut-être pas tout à fait tort. Il aura fallu attendre douze ans après la sortie du premier Doom pour voir son adaptation cinématographique débarquer dans les salles obscures à grands coups de pompes dans la tronche.


Ca va faire mal !

Il n'est nul besoin de rappeler que le septième art et les jeux vidéo ne font pas forcément bon ménage. Malheureusement, on a couramment eu droit à des transpositions qui dorénavant appartiennent au domaine du nanar (Street fighter, Super Mario Bros ou Alone in the dark). D'un autre côté, les jeux vidéo issus de films ne sont pas en reste. Souvent bâclés faute de temps et d'ambitions, ils parviennent difficilement à faire honneur à leurs homologues sur pellicules (l'une des rares réussies est celle de King Kong). Pourtant, il y a quelques réalisateurs passionnés et sérieux qui tentent de retranscrire les univers vidéoludiques avec application. Notamment Christophe Gans avec Silent Hill et l'inégale saga des Resident evil (le premier et le troisième volet mérite que l'on s'y attarde). Dès lors, adapter Doom est une entreprise à double tranchant : satisfaire les fans de la première heure tout en s'accommodant aux contraintes d'un film pour un jeu aussi... subjectif.

Alors que peut-on en attendre tout en sachant que Doom ne se démarquait pas par un scénario recherché, mais par une ambiance travaillée et un gameplay original ? Ce dernier point n'étant pas de circonstance dans le cas présent, il faut donc se pencher sur l'atmosphère, un rythme nerveux et un visuel accrocheur. En somme, un bon divertissement sans prise de tête et esthétiquement réussit. Si les moyens sont à la hauteur de ces exigences, cela ne devrait pas être trop difficile. Pour cela, on retrouve derrière la caméra, Andrzej Bartkowiak, responsable de Roméo doit mourir ou Hors limite. Des films d'action limités dans leurs ambitions, mais efficaces. Doom semble avoir donc trouvé son réalisateur pour remplir son contrat.


Avant d'aller sur Mars, ne prenez pas de petit déjeuner.

On parlera rapidement du scénario où il est question d'envoyer une équipe de la RRTS (les forces spéciales) sur Mars pour constater que des créatures monstrueuses ont attaqué les scientifiques de la base. Basique au possible avec son lot de rebondissements prévisibles, l'histoire de Doom est un simple prétexte au déferlement d'action qui s'annonce. On remarquera de légères similitudes avec Aliens - Le retour dans son déroulement. Un résultat à la hauteur de nos espérances, c'est-à-dire modeste. Pour en finir avec les points qui fâchent, notons que les personnages sont peu développés. Une équipe de forces spéciales où se côtoie le pervers invétéré, le taciturne colosse, l'Afro-américain dragueur et rigolo de service, le héros torturé ou le petit nouveau. Seul se démarque du lot Sarge, leader qui voue à son travail une sorte de fanatisme inconsidérée sans se soucier des dégâts collatéraux.

En revanche, le rendu est autrement plus plaisant. Après la sortie de Doom 3 qui lorgnait du côté du survival horror pour l'ambiance, il semblait intéressant de s'appesantir sur cette constante menace sans parvenir à la discerner dans l'immédiat. L'intégralité de la base d'Olduvai est quasiment plongée dans l'obscurité totale. On joue sur des éclairages hésitants, une pénombre plus ou moins prononcée ou sur les lampes des armes pour se frayer un chemin à travers ce dédale peu avenant. Bien entendu, l'on verra les monstres apparaître quand l'occasion se présentera, mais on nous fait d'abord ressentir leur présence avant d'entamer les hostilités. Indirectement, le spectateur participe à l'opération.


Le Big Fucking Gun est de la partie !

Puis, l'on comprend mieux pourquoi ces aberrations se terraient dans les ténèbres. Leur design a fait l'objet d'un soin tout particulier et est assez proche de ce que l'on a pu contempler dans le troisième volet de la saga. Hormis les mutants au premier stade de la contamination (que l'on peut facilement assimiler à des zombies), les monstres plus évolués ne sont jamais les mêmes. On verra tour à tour un colosse insensible à la douleur, une tête à onze yeux (!), une sorte de démon serti d'un arrière-train métallique, chacun est différent, et ce, pour une raison que nous ne citerons pas ici pour ne rien divulguer. Certes, on aurait aimé être surpris à l'angle d'un couloir par un cacodémon, un mancube ou un chevalier de l'enfer (un Minotaure), mais leur apparition n'aurait pas forcément servie l'histoire.

Tout comme dans le jeu, il semblait important d'accorder aux armes une place de choix dans le film. Là encore, tout n'est pas respecté à la lettre, mais les clins d'oeil empêchent d'être pleinement décontenancé. Les classiques sont de la partie : mitrailleuse lourde, pistolet, fusil à pompe, la sensationnelle tronçonneuse et, cerise sur le gâteau, le mythique BFG, toujours ravi de faire un brin de causette sur la physique de la matière avec ses amis.


Sympathique hommage au jeu.

Si cette adaptation cinématographique prend quelques libertés avec le jeu (difficile de faire autrement dans le cas présent), il n'en demeure pas moins qu'il s'avère un divertissement survitaminé. Dans un contexte de science-fiction, le reste de l'histoire n'est que de l'action pure et dure. Autrement dit, le scénario se veut très prévisible, mais ce n'est clairement pas 'l'objectif que de nous emporter dans un récit complexe aux ramifications multiples. On saluera un passage particulier en fin de parcours, véritable hommage au FPS qui immerge le spectateur comme il se doit. Un plan-séquence d'environ cinq minutes, inédit dans le septième art. Sans être d'une originalité folle, Doom est quand même bien loin des navets suscités lorsque l'on parle jeux vidéo au cinéma.

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Stake Land
A l'époque de ma critique de Mulberry Street , j'avais déjà loué la capacité du réalisateur Jim Mickle à tirer le maximum des maigres moyens mis à sa disposition et force est de constater qu'avec Stake Land , il a encore augmenté son niveau d'un cran, en gommant les imperfections de son précédent essai. Ce faisant, il réalise le sans-faute, propulsant son road-movie vampirique au rang de film à...
La Nuit de la Comète
Oh le beau spécimen 100% années 80 que voilà ! Avec ses couleurs fluos, sa bande originale qui fleure bon son époque et ses actrices à la crinière généreuse, La Nuit de la Comète hurle son appartenance à cette décennie depuis chaque recoin de sa pellicule. Réalisé en 1984 par Thom Eberhardt ( Élémentaire, mon cher... Lock Holmes ) qui signe également le scénario, La Nuit de la Comète est souvent...
Star Trek
Des années que les fans l’attendaient et il est enfin là, sept ans après Némésis , le dixième film de la saga. Avec à la barre J.J. Abrams , auteur d’un incroyable Mission impossible 3 et créateur des séries que sont LOST, Alias et la toute récente Fringe , Star Trek 11 a finalement débarqué sur nos écrans. Onzième film ? Pas tout à fait car le métrage est intitulé Star Trek , un...
La Maison au Bout de la Rue
Le foyer révèle l’intimité de chacun. Il est à la fois un refuge et un exutoire. Une fois les portes fermées, les rideaux tirés, les barrières sociales s’effondrent pour laisser entrevoir une vérité que l’on préfère ignorer. La maison est le catalyseur parfait pour les films de genre : fantômes, psychopathes, maltraitances ou persécutions. D’ailleurs, les titres de certains métrages plus ou moins...
Jurassic World : Fallen Kingdom
Jamais un film n’aurait aussi bien porté son nom : ce Jurassic World 2 incarne parfaitement la chute du mythe de cette série devenue culte dans le temps. Si tout n’est pas mauvais, de nombreuses faiblesses viennent malheureusement plomber l’enthousiasme du fan de la première heure. Cela fait maintenant trois ans que les dinosaures se sont échappés de leurs enclos et ont détruit...

Films en tendance

Thématiques