Voir la fiche complète du film : Defiance (Michael Nankin - 2013)

Defiance

Une série prenante d'une densité et d'une richesse rare. On lui pardonnera aisément sa volonté à jouer sur tous les tableaux (rendant certains épisodes un peu décousus) pour découvrir une ½uvre de science-fiction qui vaut le détour.

Publié le 4 Décembre 2014 par Dante_1984Voir la fiche de Defiance
8
Extra-Terrestre

Initié par Rockne S. O’Bannon, créateur de Farscape et SeaQuest, Defiance est une nouvelle série de science-fiction produite par SyFy. Malgré des déconvenues telles que Terra Nova, The event ou Caprica, le genre dispose d'un potentiel énorme pour ce format. À l'instar des fresques titanesques de la fantasy, on peut tisser un réseau de mondes imaginaires à travers l'univers pour former un ensemble cohérent et immersif. Inutile de citer des exemples que tous connaissent, mais certains d'entre eux sont entrées dans la culture populaire. Fort d'une richesse prometteuse et d'une attente assez longue, Defiance ne propose pas de nous envoler dans les cieux vers des galaxies lointaines, mais de redécouvrir notre planète sous un jour nouveau.


La cohabitation risque d'être difficile.

Certes, le sujet est loin d'être novateur et se trouve déjà le centre d'intérêt de concurrents (Falling skies). Mais Defiance se révèle bien plus ambitieux. En effet, il ne se concentre pas sur l'invasion en elle-même, mais sur ce qui reste de la civilisation après la bataille. Dès lors, on plonge dans le récit post-apocalyptique. Contrairement aux premières images, il n'y a pas que des ruines ou une épopée à la Mad Max à se mettre sous la dent. On découvre rapidement l'ancienne ville de Saint-Louis rebaptisé Defiance (à la portée symbolique toute trouvée) et ses habitants. Il y réside des humains, mais différentes races extraterrestres (connus sous le nom de Votans) qui sont parvenues à terraformer la Terre et en faire un monde ressemblant aux leurs.

Dès lors, on se dit que la présence des espèces du collectif de Votanis (au nombre de 7) pourrait rendre le visuel imbuvable, mais tout s'imbrique parfaitement. Outre une faune inspirée avec des créatures originales et bien fichues, on arpente des forêts à la flore curieuse, à la fois végétale et minérale. Un environnement aux couleurs vives et aux contrastes forts. Un peu comme les conflits naissants entre les différents intervenants. L'écosystème occupe une part importante dans l'intrigue et l'on n'hésite pas à sortir de Defiance pour s'y confronter (contrairement au complaisant Terra Nova). Ainsi, l'univers de Defiance se construit non seulement sur les ruines de notre civilisation, mais prend également les apparats de planètes inconnues.


Ça vous dirait de vous faire envahir et que vos ressources soient pillées ?

Il en résulte un mélange troublant et néanmoins homogène qui confère à la série un cadre immersif et réussi où les décombres servent à bâtir des édifices futuristes. Entre le faste des habitations extraterrestres et les bidonvilles dédiés en grande partie aux humains, c'est plus à une guerre des classes sociales qu'à un affrontement entre espèces que l'on a droit. À ce titre, chacune d'entre elles (y compris les hommes) possède un passif dense et recherché. Traditions, habitudes quotidiennes, m½urs, langages et apparences se montrent dissemblables et intéressants dans leur conception. Ainsi, les Castithans suivent une hiérarchie sociale très marquée et s'apparentent à des albinos. Les Irathiens à l'allure féline sont un peu comme les pestiférés. On notera une analogie avec le peuple juif dans l'épisode de l'épidémie.

On pourrait continuer à dénombrer leurs spécificités, ainsi que celles des cinq autres races, mais se serait gâcher le plaisir de la découverte. Cet aperçu montre simplement la richesse de l'univers de Defiance. Outre le bestiaire varié que l'on a cité plus haut, il faut reconnaître que les effets spéciaux s'avèrent d'une qualité très honorable pour une série. Les maquillages sont réussis et contribuent à l'immersion. Les images de synthèse restent dans la même veine, avec quelques réserves sur certains passages qui se révèlent un peu moins fouillés et beaux que l'ensemble. Il demeure tout de même un visuel accrocheur qui permet de crédibiliser le travail de fond.


Blanc comme un linge...

Compte tenu des efforts amorcés, le scénario est plaisant à suivre. Certes, les surprises sont plutôt rares, mais la progression se fait sans heurt. On ne dénombre aucune longueur de taille et, hormis l'épisode pilote, ils peuvent être vus indépendamment les uns des autres sans jamais perdre le spectateur. Néanmoins, on notera une fâcheuse propension à entremêler les genres sans trop savoir où mettre les pieds. Entre les investigations policières, les séquences d'action soutenues (la bataille finale de l'épisode pilote vaut le détour) ou les relations naissantes entre les personnages, on a droit à une multitude de situations un peu décousue au niveau du rythme. Ne nous y trompons pas, on se fait rapidement à ce choix, grâce à une progression variée et des individus attachants.

Tout comme la mythologie que l'on découvre au fil de la série, les protagonistes disposent d'un capital sympathie important qu'ils soient humains ou pas. Difficile de distinguer les bons des mauvais, car les ennemis d'hier semblent les amis d'aujourd'hui, du moins pour un temps. Les alliances se font et se défont au gré des humeurs. Par ailleurs, cela densifie le côté géopolitique où l'on apprend l'existence de la République de la Terre et le collectif de Votanis dont on devine la présence discrète dans cette première saison.


Comment ça plus de bière ?

Au final, Defiance tient ses promesses. Doté d'une richesse insoupçonnée où se croisent les espèces extraterrestres, les événements plus ou moins personnels et où l'on explore un monde à cheval entre deux époques, cette série de science-fiction dispose d'un énorme potentiel pour perdurer dans le temps. On a même droit à un jeu vidéo (MMOTPS), peut-être d'une qualité discutable, mais qui a le mérite de proposer une expérience nouvelle en interaction avec la série. Nul doute que le succès de celle-ci contribuera à une communauté grandissante autour de cet univers crédible et immersif au possible. Une première volée d'épisodes qui laissent augurer une longue épopée en devenir, du moins on l'espère.

 

Saison 2 : Alors que la série démarrait de fort belle manière et laissait augurer une évolution savoureuse, force est de reconnaître que l’histoire perd nettement en intérêt. Une baisse de régime évidente dû à une intrigue qui tourne rapidement en rond en privilégiant les amourettes de pacotilles des uns et des autres. Une sorte de palliatif à un fil rouge peu emballant qui peine à retenir l’attention au gré d’épisodes inégaux. Le potentiel de cet univers s’étiole pour se complaire dans une trame quasi identique à la précédente. Des enquêtes peu surprenantes, des relations superflues et prédéterminées par une écriture facile, cette seconde saison de Defiance fait s’essouffler une première itération prometteuse. En espérant que les scénaristes se reprennent pour la troisième tentative… (6/10)

Saison 3 : 6/10

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Scream 4
Attention, cette critique contient un élément révélant la fin du film, situé entre les deux balises rouges. Plusieurs années se sont écoulées depuis les meurtres commis par Ghostface à Woodsboro. Sidney Prescott est enfin parvenue à tourner la page et retourne dans sa ville natale pour le lancement de son premier roman, Out of Darkness. C’est à ce moment précis que le tueur au masque renaît de...
Good Omens
Pour un roman, comme pour un film, s’atteler à un sujet aussi codifié et surexploité que l’Apocalypse relève de la gageure. Entre certaines occurrences indissociables du thème et la multitude de manières de présenter cette « fin du monde » annoncée, il est difficile de trouver le bon angle d’approche. Au début des années 1990, Neil Gaiman et Terry Pratchett...
Les Démons du maïs 5 : la Secte des Damnés
Y a vraiment pas à dire : le maïs, c'est une belle saloperie. Encore pire que la pire des mauvaises herbes. T'as beau le couper, l'arracher ou le crâmer, il revient toujours... Vous êtes prêts pour une cinquième incursion dans ces champs dégénérés où les plantes sont nourries au sang et où les enfants portent des prénoms bibliques ? Si oui, suivez-moi, c'est par ici que ça se...
Terra Nova
En 2149, la planète agonise et l'humanité vit ses derniers instants. Tout espoir semble perdu, mais une élite parvient à découvrir une faille spatio-temporelle qui les ramène voilà 85 millions d'années en arrière. La colonisation de cette nouvelle Terre se heurte à la faune locale... On connaît le talent incontesté de Steven Spielberg pour réaliser des films somptueux. Bien souvent, ils font...
2001 Maniacs
Un groupe de jeunes partis en vacances se retrouvent à Pleasant Valley, une bourgade perdue du sud des États-Unis qui les accueille à bras levés. Mais cette bonne humeur apparente cache un appétit insatiable pour… la chair humaine. Considéré à tort ou à raison comme un film culte, 2000 maniacs avait au moins le mérite d'être le précurseur du cinéma gore. Aussi, le remake voit le jour...

Devinez le film par sa tagline :

Chaque livre a une vie qui lui est propre.

Thématiques