Voir la fiche complète du film : Dam sharks (James Kondelik, Jon Kondelik - 2016)

Dam Sharks - Critique

Un énième film de requins-tueurs qui se solde par un piètre constat. Celui d’une production opportuniste dénuée d’intérêt. L’équipe de tournage ne possède pas la moindre once de bon sens, à défaut de talents. On nous impose une succession de séquences absurdes et pénibles à plus d’un titre. En dépit d’une certaine générosité dans le nombre des attaques, l’aspect indigent des effets spéciaux finit d’enterrer cette mauvaise blague dans les sous-couches putrides de la sharksploitation.

Publié le 29 Juillet 2020 par Dante_1984
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Requin

À l’approche de la période estivale, les films de requins pullulent sur la toile et à la télévision. À quelques exceptions prêtes, la sharksploitation a définitivement ancré les squales dans le carcan d’une consommation cinématographique où la médiocrité est encensée. Il n’y a qu’à voir l’engouement à la sortie de chaque opus de Sharknado pour se rendre compte que les attentes du public et la rentabilité à court terme des sociétés de production se rejoignent vers des étrons du septième art. De mockbusters en téléfilms fauchés, le survival animalier est donc un fourre-tout où des réalisateurs sans talent peuvent exprimer toute leur mesquinerie créative.

 

La saison du requin pas frais et moche arrive !

Avec Dam Sharks, on navigue dans des eaux par trop familières où le crétinisme ambiant prend le pas sur le bon sens. D’emblée, le pitch se calque sur des idioties telles que Killer Shark où les squales investissent des rives d’eau douce après avoir ravagé mers et océans. Encore une fois, on écarte toute rigueur scientifique pour sombrer dans des situations ubuesques où le non-sens côtoie des séquences décousues et incohérentes. Véritable petite première dans le domaine : on découvre que les requins-bouledogues construisent des barrages de castors en entremêlant branchages et membres de corps humains ! Soit dit en passant, de quoi concurrencer les frasques de Zombeavers

L’habituelle structure narrative qui alterne entre deux points de vue principaux fait s’enchaîner les débilités de circonstances où un séminaire d’entreprise tourne à la catastrophe. On distingue bien les traits caricaturaux et grossièrement dépeints pour grossir la palette de hors-d’œuvre en devenir, mais l’ensemble n’est guère appétissant. Les protagonistes s’appuient sur des stéréotypes éculés, tandis que les andouilles de service se fourvoient dans des clichés proprement affligeants. Entre le patron imbu de lui-même, l’assistante-bimbo écervelée où l’ingénieur-informaticien introverti et maigrichon, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent, y compris pour les requins.

 

Encore un plongeur victime de la décompression...

En ce qui concerne ces derniers, on a droit aux sempiternelles images de synthèse issues d’un autre temps. Les animations sont ridicules, tandis que le rendu sous-marin masque tant bien que mal l’aspect miséreux des trucages avec une eau saumâtre. Au sortir de l’eau, les squales ne sont pas mieux lotis. Les sauts de cabri ne sont pas sans rappeler Sand Sharks où les vols planés filmés au ralenti précèdent des massacres qui dépasse rarement les deux secondes consécutives. Entre des attaques incohérentes où les survivants profitent d’un sursis et de fulgurantes apparitions, on assiste à un grand n’importe quoi. Preuve en est avec les séquences où l’on transforme les victimes en appâts sur un fil de vie ou un tronc d’arbre…

Il est vrai que l’ensemble ne manque pas d’énergie. Les morts s’enchaînent sans marquer d’essoufflement. De même, on distingue une tonalité légère un peu mieux fignolée que dans des productions similaires où la nullité latente servait de baromètre humoristique. Ici, les réparties et les confrontations sont davantage appuyées pour bien montrer que le métrage ne se prend guère au sérieux. Cependant, il n’en demeure pas moins que l’ensemble finit par lasser face à tant de maladresses formelles et de balourdises chez les personnages. Ce côté poussif se ponctue même d’un dénouement qui lorgne (plagie ?) du côté d’autres navets de la sharksploitation, notamment en utilisant des bonbonnes d’oxygène. On a également droit à une rapide allusion à Sharknado.

 

Les requins : ces animaux toujours aussi gracieux en plein vol.

Au final, Dam Sharks ne surprendra personne par sa nullité explicite qui multiplie les frasques pour distraire sous le prisme de la bêtise crasse. S’il existe de bien pires étrons dans le domaine, il n’en demeure pas moins que le film des frères Kondelik, au préfixe prédéterminé, se vautre lamentablement dans ce qu’il entreprend. Même si on le considère sur la base du simple divertissement bas de gamme, Dam Sharks enchaîne les bévues et les moments gênants pour ses comédiens. Leur jeu sonne faux, tout comme les gargouillis sous-marins qu’ils poussent en se faisant démembrer. Mention spéciale au corps décapité qui émet ce bruit bizarre… Bref, un survival animalier inutile à bien des égards.

 

Portrait de Dante_1984

A propos de l'auteur : Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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