Curve
Bien que moins vaste que l’Australie, le territoire des États-Unis favorise les voyages dans des contrées reculées, des endroits peu empruntés, à tout le moins isolés. Pour le cinéma, un tel potentiel se traduit par des road-movies qui, à leur tour, donnent lieu à des métrages éprouvants lorsqu’ils sont tournés sous le prisme de l’horreur ou du thriller. Duel ou Hitcher en sont des exemples frappants. Depuis, certaines productions ont tenté de retrouver ces ambiances où le suspense et le sentiment d’être livré à soi-même sont des qualités certaines pour aboutir à un film réussi. Pour autant, des titres comme Highwaymen ou une Virée en enfer n’atteignent pas le niveau des références suscitées, mais restent néanmoins des divertissements tout à fait honnêtes. Est-ce le cas de Curve ?
Ca donne une idée de la monotonie à venir...
L’entame est très classique et l’on devine que les fils ténus de l’intrigue ne seront qu’un prétexte pour justifier le calvaire l’héroïne. En cela, le scénario demeure secondaire et se révèle très simpliste, au point qu’il ne sortira jamais des sentiers battus. Fort heureusement et compte tenu de la faible durée du métrage (à peine 80 minutes), on ne se perd pas en digressions inutiles ou dans une surexposition des faits ou des personnages. Curve a le mérite de se montrer direct en dépit d’un traitement psychologique creux. Il n’y a aucune nuance, aucune ambiguïté, dans le brusque changement de Christian. On le relègue à un simple psychopathe sans états d’âme comme il en existe tant dans le monde du thriller et de l’horreur.
Même constat pour Mallory dont les traits sont vaguement esquissés pour donner l’illusion d’un personnage crédible, à tout le moins attachant. Il est vrai que la performance de Julianne Hough reste honnête, mais elle est entachée par une caractérisation fade et sans relief. Un point pourtant capital pour éprouver de l’empathie à son égard et ce qu’elle traverse. Si l’on a conscience des limites narratives ou de protagonistes trop conventionnels pour faire la différence, cela n’excuse en rien l’absence réelle de tensions et d’atmosphère. La bande-son brille par une vacuité peu commune, même dans les séquences clefs où les bruitages et les quelques morceaux ne communiquent qu’une urgence immédiate.
Le marteau ou l'enclume ?
L’idée de séquestrer Mallory dans sa voiture accidentée est bienvenue pour l’éloigner de ses modèles cinématographiques. D’ailleurs, la majeure partie du film se déroule en vase clos dans le véhicule. Cet aspect survivaliste rappelle Lost Identity avec Adrien Brody ou Buried avec Ryan Reynolds, sans qu’il atteigne néanmoins un sentiment de claustrophobie indispensable pour happer le spectateur. On a beau multiplier les bricolages pour survivre avec les moyens du bord, on ne retiendra qu’une variété minimaliste dans la suite des événements. La faute à la présence récurrente de l’antagoniste qui, finalement, ne change pas grand-chose à la donne. Pire que cela, une routine somme toute prévisible s’installe entre les phases nocturnes et diurnes. Les premières étant plus intéressantes pour livrer Mallory à un cadre hostile. Les secondaires sont plus pénibles avec des dialogues ennuyeux.
Même constat pour une mise en scène qui ne parvient jamais à se défaire d’un certain conformisme au niveau de l’exposition. Certes, la photographie se révèle correcte, mais l’ensemble demeure trop surfait pour s’offrir une véritable identité. À l’instar d’une dernière partie qui sombre dans une redite accablante prompte à ressasser des clichés de circonstances, la réalisation ne prévaut que par un environnement d’un charme évident et au potentiel sous-exploité. On songe notamment à la faune locale, la chaleur et autres menaces inhérentes aux contrées désertiques de la Californie.
Une entame renversante... ou pas.
Malgré des intentions de départ honorables, Curve est un thriller horrifique décevant. Il ne se révèle pas forcément mauvais, mais la platitude des moyens mis en œuvre côtoie une progression chaotique. Entre road-movie, huis clos et survival lambda, le film de Iain Softley (K-Pax, Cœur d’encre) ne parvient à aucun moment à impliquer le spectateur. Trop classique et dépourvue d’un semblant d’atmosphère pour se démarquer, l’intrigue suscite l’indifférence tant l’ensemble reste finalement gentillet pour cadrer avec un public large. Une violence édulcorée, des enjeux minimalistes, seule une interprétation honnête de l’actrice principale atténue le sentiment de déjà-vu qui émane de Curve.