Bates Motel : Saison 1
Suite à la mort troublante de son époux, Norma Bates, accompagnée de son fils Norman, emménage dans une nouvelle ville, bien décidée à oublier ce drame. Rachetant un motel délabré, elle comprend rapidement qu'elle n'est pas la bienvenue en ville.
Haut monument cinématographique, la franchise des Psychose passe sur le petit écran à l'occasion d'une évocation de la jeunesse de Norman, et de sa relation si particulière entretenue avec sa mère. A tort ou à raison ?
Survolés dans le quatrième volet de la saga (durant les flash-backs d'un Norman vieillissant), ces sentiments troubles et conflictuels deviennent la pierre angulaire de cette série, composée pour le moment de deux courtes saisons de dix épisodes chacune (une troisième est en préparation).
Pour le fin connaisseur de la célèbre saga, la jeunesse de notre cher Norman devrait se situer dans les années 40, si l'on suppose qu'il avait la trentaine dans le film culte d'Alfred Hitchcock. Première surprise, après une scène d'introduction faisant illusion durant le premier épisode (la vieille voiture, le visuel respecté du motel et de la grande demeure située juste derrière), l'arrivée des futures camarades de classe de Norman (avec cabriolet flambant neuf et téléphones portables) sonne comme un crime de lèse-majesté difficilement pardonnable ! On se demande alors si ce pauvre Norman ne va pas se présenter comme délégué de classe ou rentrer complètement stone d'une rave party !
Heureusement, cette liberté prise avec les personnages imaginés par l'écrivain Robert Bloch sera la plus flagrante, et la plus discutable. Sans doute imposée par une logique économique évidente, cette transposition de l'univers de Norman au XXIe siècle permet également de creuser encore davantage l'isolement de ce dernier, perdu au coeur de collégiens pensant surtout à faire la fête. L'important était de conserver l'aura trouble de Norman, son inadaptabilité chronique, tout en tentant de mettre ses névroses au goût du jour, afin de dépoussiérer le mythe.
Bien évidemment, la tâche la plus relevée consistait à dessiner une nouvelle silhouette à Norman. Révélé par deux films destinés à un jeune public (Arthur et les Minimoys, Charlie et la Chocolaterie), Freddie Highmore ne semblait pas, à première vue, capable d'endosser le costume du funeste psychopathe. Pourtant, force est de constater qu'il incarne à merveille ce Norman adolescent, encore pétri de bonnes intentions et de peurs enfantines, couvé par sa mère, attachant, mais déjà victime de ses fameuses "absences". Au fil des épisodes, on en apprend davantage sur les origines du mal qui le ronge.
Face à lui, l'autre personnage central de la série est celui de Norma Bates. Enigmatique, parfois fragile, souvent forte et imprévisible, elle attise autant les haines et la jalousie que la pitié et l'indulgence. Vera Farmiga reste à n'en point douter l'atout phare du Bates Motel. Véritable révélation d'un excellent casting, elle hantera longtemps les esprits des fans ultimes de la saga, qui espéraient tant voir un jour un décryptage digne de ce nom de la mère de l'un des plus charismatiques tueurs du Septième Art. Vera Farmiga offre de multiples facettes à une femme marquée par les épreuves, passant d'un rôle de bourreau à celui de victime avec une belle virtuosité, tour à tour désirable, manipulatrice et folle à lier.
La présence d'un demi-frère octroyé à Norman participe à une profusion d'intrigues secondaires qui ont le mérite d'opposer la famille Bates à de savoureux personnages secondaires, pimentant la série avec un certain succès, au sein d'une ville baignant dans le péché.
Au final, Bates Motel devrait trouver son public, en permettant même aux non-initiés de découvrir l'univers de Norman, à condition de mettre de côté, pour les fanatiques de la franchise, les quelques libertés scénaristiques prises initialement par les créateurs de la série.
Un film de Tucker Gates, Ed Bianchi
Avec : Freddie Highmore, Vera Farmiga, Max Thieriot, Olivia Cooke