Alien Predator
Asylum s’immisce dans la science-fiction horrifique avec opportunisme et déploie ses « talents » pour accoucher d’une bobine ignoble. Alien Predator ennuie et agace tant il copie des modèles évidents pour mieux se vautrer dans une nullité omnipotente. Laid, long et laborieux. De quoi avancer une nouvelle règle des trois L pour ce type de production décérébrée.
Indétrônable en matière d’inepties cinématographiques, Asylum ne se lasse pas de multiplier les immondices sur bobines. De mockbusters en productions méphitiques, le studio responsable de la franchise Sharknado et de dizaines de films tous plus nuls les uns que les autres ne cesse de nous effarer quand il s’agit de s’immiscer dans les affres de la stupidité. Avec un titre aussi déterministe qu’Alien Predator, nul doute que l’orientation du film de Jared Cohn se tourne vers les références éponymes. Seulement, la qualité ne lorgne pas du côté des sagas respectives, mais plutôt des crossovers, en pire cela dit…
Le retour d'une ignoble réalité virtuelle...
Comme à l’accoutumée, les scénaristes derrière cette énième bévue n’ont guère de scrupules à plagier lesdites références. En l’occurrence, on plonge les protagonistes au cœur d’une jungle luxuriante. Dès lors, une menace venue d’outre-espace assaille une escouade de pieds nickelés qui, selon toute vraisemblance, n’a rien à envier à la septième compagnie. On nous inflige des personnages aussi lisses qu’agaçants. Inutile de chercher le moindre background ou un semblant d’intérêt à ces caractères qui relèvent tous des clichés les plus grossiers que l’on puisse contempler. En cela, les échanges sont d’une platitude alarmante, multipliant les réparties creuses, stériles et passablement idiotes.
On pourrait néanmoins trouver une modeste compensation dans un rythme dynamique, une menace omniprésente derrière les fougères en plastique. En réalité, il faut se contenter d’une progression verbeuse pour faire office de remplissage. On a beau se situer dans un film inférieur à 85 minutes, l’ensemble enchaîne les longueurs si bien que l’on finit par s’ennuyer. Là où l’on aurait pu au moins profiter d’une action frénétique, même imbécile, le spectateur s’endort tant le manque de tension sape le semblant d’intérêt d’une telle abomination. En l’absence d’un scénario à proprement parler, le divertissement n’est guère de circonstances.
Le predator dans toute sa laideur !
De même, les aliens (ou les predators) restent invisibles pendant la majeure partie du film. Les rares fusillades s’affublent de faisceaux violets qui traversent l’image avec célérité. Des cris de peur et de souffrance viennent ponctuer cette expédition mortelle sans interpeller quiconque. Vraisemblablement, il n’y a pas que dans l’espace que personne ne vous entendra crier… La seconde moitié évolue vers un huis clos psychédélique où cette escouade de pacotille s’immisce dans le vaisseau. Hormis une photographie ignoble captée sous l’emprise de LSD, il est difficile d’apprécier l’exiguïté des lieux et de les considérer comme un piège inextricable.
De Predator premier du nom, on passe à Alien dans l’exercice du navet spatial. Si la progression gagne quelque peu en énergie, l’équipe ressasse encore et toujours les mêmes tares cinématographiques. L’ensemble demeure bavard au possible sans que l’on trouve le moindre intérêt à ces conversations aussi débiles qu’inutiles. Au même titre que la succession de séquences crétines, les morts s’enchaînent dans une indifférence extatique. En un sens, cela peut offrir un contraste avec une mise en scène épileptique où la caméra semble incapable de se focaliser sur son sujet ou cesser de remuer de droite à gauche. Sans doute le moment culminant de cette horripilante expérience.
Un spectateur dans un état préocuppant après la fin du film
Au final, Alien Predator est un film de science-fiction horrifique comme peu de producteurs savent les commettre ; exception faite d’Asylum et consorts. Inepte, stupide et ennuyeux au possible, le métrage de Jared Cohn multiplie les tares à un point tel qu’elles présentent un effet soporifique sur le spectateur. En dehors d’une réalisation effroyable et d’un scénario sans fond, cette production se révèle assommante tant la progression est fastidieuse, et ce, sans compter les incohérences en pagaille. De conversations binaires en affrontements sans tension, Alien Predator est à l’image de la politique d’Asylum : fournir un navet mal fagoté, irrespectueux et plagiaire dans ce qu’il suggère. À oublier.
Un film de Jared Cohn
Avec : Philip Nathanael, Sébastien Charmant, Amanda Rivas, Xavi Israel