Mutations

Pourtant, on doit reconnaître à Juan Piquer Simon le don d’entretenir l’écœurement que procurent ces chers gastéropodes chez la plupart des gens. Personne n’ignore que les limaces sont en fait d’innocentes bestioles aimant picorer dans les jardins. Aussi, les transformer en monstre sanguinaire avide de chair humaine relève davantage de l’incongruité que du réalisme. Mis à part une séquence où une limace mord le doigt de Brady qui se veut absolument ridicule, Slugs tend à soutenir son histoire par le biais d’un procédé simple, mais efficace dans le genre : la prolifération de l’espèce à une vitesse exponentielle.

On avait pu l’apercevoir dans d’autres films à l’intrigue similaire, l’invasion latente dans une communauté qui joue la sourde oreille face au danger dispose toujours autant d’un certain attrait pour ce type de productions modestes. En choisissant d’utiliser de vraies limaces, on évite ainsi que le film vieillisse trop mal une fois les années écoulées. On notera également que Slugs nous offre un florilège de gores aussi ragoûtant que les limaces elles-mêmes. Fort de ses effets et étant donné qu’il date de plus 20 ans (ce n’est pas une justification, mais l’on a vu bien pire depuis, surtout depuis quelques années), on passera outre un scénario classique qui ne laisse de place à un quelconque rebondissement.

Bref, Slugs est un survival animalier suffisamment divertissant pour passer une petite soirée en compagnie de ces chères limaces. Des meurtres gores qui viennent joncher l’histoire, des gastéropodes pour le moins hargneux, sans oublier une brochette d’acteurs stéréotypés, mais également sympathiques, Slugs n’est pas un métrage qui a fait date en son temps, mais demeure le genre de film agréable à découvrir ou à redécouvrir, et ce, malgré sa prévisibilité et quelques écueils au niveau de sa progression. Slugs ou comment rendre des petites bestioles dégoûtantes aussi redoutables qu’un banc de piranhas. Bon appétit !