Agora

Au 4e siècle, Alexandrie est en proie à la révolte des chrétiens. L’astronome Hypatie se réfugie dans la bibliothèque afin de sauvegarder de précieux et uniques ouvrages de la folie de ces hommes. Mais les défenses ne tiennent pas longtemps et elle devra se résoudre à ne prendre que les œuvres majeures dans sa fuite. Alejandro Amenabar n’est pas homme à engranger les films à un rythme effréné. En 18 ans de carrière, il nous a gratifié de 7 longs-métrages dont seulement 3 depuis 2001. Un biopic en 2004 sur Ramon Sampedro et bien sûr le film qui l’a révélé au plus grand nombre : Les autres. C’est avec ce film qu’il aura acquis sa notoriété auprès du public. Fort de projets dont il s’investit corps et âmes (pour Agora, il est réalisateur et scénariste), Alejandro Amenabar a bénéficié d’un budget confortable pour reconstituer la mythique ville d’Alexandrie. Des costumes somptueux, un cadre précis et minutieux, nul doute que le travail effectué pour retranscrire cette époque est irréprochable. L’équipe parfait l’illusion de s’y croire, grâce à quelques plans larges qui apportent un point de vue global d’un contexte houleux où les anciennes croyances égyptienne se confrontent à une nouvelle religion émergente : le christianisme. Dès les premières minutes, on se rend compte que le cinéaste ne désire pas se contenter de nous infliger une bête histoire d’amour d’opérette dans un contexte historique. Même si celle-ci est présente – ce qui n’est clairement pas l’intérêt du film – le véritable attrait d’Agora est de retracer les exactions et les intolérances des premiers chrétiens. L’obscurantisme religieux est représentait sans parti pris. On ressent une profonde amertume en voyant comment s’est imposée l’une des trois grandes religions monothéistes du monde. A cela s’ajoute le destin tragique d’une femme en avance sur son temps : Hypatie. Brillante astronome et philosophe, elle surprend de par sa spontanéité et son ouverture d’esprit. Comme tous les personnages emblématiques dans leur époque, elle suscite jalousie et convoitise. En conclusion, Agora est une fresque somptueuse d’une époque où l’obscurantisme religieux gangrenait les avancées scientifiques et philosophiques (pendant encore longtemps). Retranscrit de manière intelligente, Agora n’est pas ces productions hermétiques prétentieuses destinait à une minorité. Le talent du cinéaste permet de s’appesantir sur des réflexions ouvertes à tous grâce à une narration souple et un contexte fascinant.