The Neighbor N°13

Lorsque Juzo emménage dans son nouvel appartement, il n’imagine pas que son voisin du dessus n’est autre que l’enfant l’ayant persécuté 10 auparavant. Juzo a du mal à contenir son désir de vengeance. Adaptation cinématographique du manga éponyme, Neighbor 13 est un thriller psychologique on ne peut plus inhabituel. Le réalisateur adopte une mise en scène anagogique (il vise la véritable nature des choses) laissant libre cours aux délires psychotiques de son personnage principal. Ce dernier est interprété par deux acteurs. Shun Oguri incarne l’innocence pervertie par le biais d’un personnage amer et aigri par les tortures de ses anciens camarades de classe. Bon, mais totalement éclipsé par Shido Nakamura. Celui-ci est le côté sombre de la personnalité de Juzo. Il est rongé par la haine et la vengeance. Son seul et unique but est de satisfaire ses pulsions. Doté d’un charisme hors-norme, il monopolise l’histoire lorsqu’il apparaît à l’écran. La schizophrénie demeure l’élément centrale de ce récit angoissant et sinistre. A l’instar du Docteur Jekyll & Mr Hyde, les deux personnalités se vouent une lutte féroce pour contrôler le corps qui les habite. Le cinéaste pose les bases d’un climat lugubre et tendu tout en douceur. Inutile de rechercher des effets spectaculaires ou un déluge d’effets gores lors des meurtres, il n’y en a pas. Une méthode pour exprimer la dualité dans laquelle se trouve Juzo. Il désire ardemment se venger, mais refuse de concevoir la violence de ses actes. En conclusion, Neighbor 13 est un film atypique. Contemplatif dans ses moindres retranchements, le réalisateur prend un malin plaisir à s’appesantir sur des séquences plus ou moins longues, le récit est un voyage dans les méandres de l’âme humaine. Audacieux à certains égards (le film d’animation parfaitement implémenté dans une scène), le premier film d’Inoue Yasuo plaira aux amateurs d’ambiance glauque et sirupeuse. Une histoire qui prend le temps d’être racontée avec esprit.