Les Insurgés

Production hollywoodienne et visant un large public, le film d'Edward Zwick n'aborde évidemment pas les tragiques évènements de manière aussi brutale, froide et réaliste que son aîné russe. Le réalisateur américain s'est avant tout concentré sur les personnages, à savoir les frères Bielsky, interprètés notamment par Daniel Craig, Liev Schreiber et Jamie Bell. Trois frères, trois juifs, qui après le massacre de leurs parents par des milliciens biélorusses, vont se réfugier dans la forêt et former un camp de réfugiés. Accueil de gens terrifiés, démunis et affamés, construction d'abris précaires, recherche de nourriture, apprentissage au maniement des armes à feu, résistance au froid et aux maladies, angoisse permanente ... L'un des frères Bielsky deviendra le chef de ce camp (excellent Daniel Craig), alors qu'un autre choisira de rejoindre une troupe de partisans de l'Armée Rouge (Liev Schreiber). Le film souligne cette séparation fraternelle, à la fois physique et morale, mais également l'étendue des difficultés à diriger un groupe de personnes, à assurer leur cohésion indispensable à leur survie, dans des conditions aussi difficiles.

Les allemands ne sont que très peu présents à l'écran, et l'on peut regretter un certain manque d'ambition dans la mise en scène. Pour résumer, les scènes de combats ne valent guère mieux que celles d'un téléfilm, et la tension engendrée par la menace des allemands n'est que trop rarement perceptible. Le film souffre en fait d'un manque criant de personnalité au niveau de la mise en scène, se reposant peut-être trop sur le charisme de ses acteurs principaux, Daniel Craig en tête, impressionnant de justesse et de profondeur, mais également Liev Scheiber (le compagnon de Naomi Watts), dans un rôle plus ingrat et plus sobre, mais tout aussi juste !

Bref, Edward Zwick a réussi à retranscrire toutes les souffrances qu'ont enduré ces hommes, femmes et enfants, impitoyablement traqués dans les forêts de l'Est par l'armée allemande et ses alliés milliciens, mais force est de constater qu'en comparaison de Requiem Pour Un Massacre, le vainqueur est tout trouvé ! Edward Zwick aurait gagné à s'écarter davantage des codes hollywoodiens, afin de retranscire de manière encore plus réaliste l'horreur des crimes commis par la Wehrmacht et les commandos nazis sur le Front de l'Est ... Un bon film cependant, qui permet de rendre hommage à des résistants méconnus, qui ont donné leur vie pour sauver celle des autres ...