La Fille coupée en deux

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Portrait de Frank zito Frank zito
Graine de psychopathe - 103 critiques
publié le 25/10/2008 - 07:46
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La fille coupée en deux

Une jeune miss météo, courtisée par l’héritier d’une puissante entreprise pharmaceutique, se prend de passion pour un écrivain à succès libertin qui vit retiré de Paris dans la banlieue lyonnaise. Avec « La fille coupée en deux » Chabrol continu de creuser son sillon, celui d’un cinéma qui fait craquer le vernis de la société bourgeoise, révèle son hypocrisie, son oisiveté écoeurante et ces mœurs dépravées. Longtemps, cette charge acerbe rendait son cinéma jubilatoire, mais les années ont passé, et le maître de perdre beaucoup de sa pertinence en chemin. Car c’est ce qui surprend le plus à la vision de ce film, le manque de pertinence dans la peinture de cette vieille bourgeoisie provinciale atrocement normative confronté au cynisme épicurien d’une nouvelle bourgeoisie plus strass et paillette. Les clichés pleuvent averse. Tout ce qu’entreprend Chabrol est raté. Depuis la jeune fille, (mal) interprété par une Ludivine Sagnier peu aidé par un rôle d’une telle ambiguïté qu’il en devient absurde, à son amant libidineux et blasé (très bon Berléand, hormis dans les scènes de baiser fiévreux, d’une froideur à faire rentrer sa langue pour l’éternité !) en passant par l’incroyable Magimel, aussi mauvais qu’à l’accoutumée, mais aidé ici dans sa médiocrité par un personnage de fils à papa déséquilibré qui lui va comme un gant (A noter qu’il est, comme presque toujours, affublé d’une coupe de cheveux invraisemblable . Sa marque de fabrique ? Un running gag ? Le dîner de cons ? Comment savoir…) Toujours est-il que l’ensemble sonne terriblement faux, le scénario n’est jamais palpitant, et comme la peinture acerbe ressemble plus à une caricature grossière, il restait peu de chose à cette fable contemporaine pour surnager. Et c’est ce dernier point qui la fait couler à pic : en effet, aigri ou usé par toutes ces années à rabâcher les même poncifs, Chabrol oublie en route l’essentiel : aimer ces personnages pour nous permettre une quelconque identification. Dans son métrage, il méprise tous, sans exception ! Leurs faux-semblants, leurs abus de pouvoir, leurs petites renonciations et leur vulgarité que seule masque l’abondance de bien. Et nous de rester imperméables à leurs gesticulations misérables et à leurs destins brisés. Une vraie déception, curieusement saluée par les vivas de la critique cinématographique.
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