Une Balle dans la tête
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publié le 01/07/2009 - 20:14
MIAM
publié le 20/05/2009 - 22:13
Ca gung fight dans tout les sens
publié le 11/05/2008 - 11:39
Violence made in Hong-Kong
publié le 01/05/2008 - 17:47
The Best
publié le 01/01/2007 - 00:00
Bullet in the head
publié le 01/01/2007 - 00:00
Une balle tirée à bout portant
Et c'est sans doute sa personnalité qui fait plus que tout la force de Bullet in the Head. Sans elle, l'entreprise aurait facilement pu donner lieu à un simple The Deer Hunter bis, agrémenté d'un soupçon de Once upon a Time in America; un remake des films de Michael Cimino et Sergio Leone à la sauce hongkongaise, dans le fond. En effet, le script contient indéniablement des éléments-clés propres aux œuvres susdites, de son récit d'amitié romanesque à sa séquence dans un camp vietnamien, en passant par les caractères respectifs des trois protagonistes. Ce qui distingue en premier lieu Bullet in the Head de ses homologues américains réside dans ses caractéristiques locales: l'ensemble respire les belles années du cinéma HK (soit les deux dernières décennies du siècle passé) avec ce qu'elles ont de plus typique et essentiel, à savoir, entre autres qualités, des tares et des lourdeurs qui possèdent un charme tel qu'ils en deviennent de précieuses vertus – description tout de même un poil concise et grossière. Mais cela vaut également pour les autres métrages de Woo réalisés durant cette période-ci. En réalité, la véritable personnalité de Bullet in the Head, c'est qu'il ose le tout pour le tout. Il transpose l'action hardboiled, la violence ultrastylisée, l'héroïsme chevaleresque et la romance kitsch des « heroic bloodshed » du réalisateur dans un film de guerre âpre et pessimiste, pulvérisant le fossé qui sépare deux univers diamétralement opposés et surenchérissant le potentiel dramatique de l'histoire. Une démarche somme toute très audacieuse, mise sur pied et magnifiquement exécutée par un réalisateur qui n'avait alors peur de rien.
Outre cet authentique coup d'éclat, à l'enjeu périlleux mais au résultat plus que probant, il est essentiel de remarquer à quel point le déroulement du récit, semblable à une sorte de marathon hasardeux et frénétique, ne faiblit jamais dans sa densité. Les vingt premières minutes de l'œuvre, bouillonnant concentré de romantisme idyllique et de bastons de quartier servant à présenter les trois personnages centraux du récit et l'environnement dans lequel ils vivent, suffisent déjà à nous prendre aux tripes. Par la suite, à mesure que l'intrigue progresse, le film dérive vers des terrains de plus en plus sombres, jusqu'à nous asséner de manière radicale, voire traumatisante, les horreurs de la guerre et de la cupidité. Même si tout cela n'est guère toujours traité de la plus grande des finesses (quelques clichés anti-vietnamiens, les attitudes parfois trop caricaturales du personnage de Paul), on ne peut que saluer la volonté d'aller jusqu'au bout des choses de la part de John Woo, mais aussi et surtout les formidables performances de Tony Lung Chiu-Wai, Jacky Cheung et Waise Lee, sans lesquelles Bullet in the Head n'aurait pas la même dimension humaine et psychologique. La bande réserve par ailleurs quelques unes des séquences les plus déchirantes de l'histoire du septième art, telles ces retrouvailles entre deux amis meurtris qui se soldera par la mort de l'un, soulagé d'un terrible handicap par l'autre. Il faut dire que la superbe musique de James Wong et Romero Dìaz n'est point étrangère à l'ampleur romanesque du métrage: thème principal tout simplement bouleversant, reprise pleine de fougue d'I'm a Believer, puissantes nappes de synthétiseur évoquant certaines compositions de Giorgio Moroder, en bref, la bande-son constitue un petit coup de maître à part entière et ne s'oublie pas du jour au lendemain.
La mise en scène de John Woo est absolument époustouflante. Une fois encore, à l'image de The Killer pour citer l'exemple le plus représentatif du lot, le cinéaste a recours à une utilisation récurrente de fondus enchaînés qui confèrent une grâce et une intensité toutes particulières à certaines transitions de plans. Par ailleurs, une kyrielle de travellings à couper le souffle ainsi qu'une profondeur de champ impressionnante font de Bullet in the Head un exercice filmique sacrément marquant, qui n'a rien à envier aux réalisations de ses plus prestigieux équivalents outre-Pacifique. Le gros budget aidant, la reconstitution se révèle des plus somptueuse et scènes de foule, chorégraphie des batailles et autres effets pyrotechniques sont filmés avec énormément de crédibilité quoique le goût du spectaculaire n'échappe jamais à Woo. Autre élément frappant de l'œuvre: sa violence, ou plutôt, son ultra-violence. Amorcée par de bénignes bagarres entre gangs dans le Hong Kong des années 60, elle va crescendo jusqu'à culminer lors d'une séquence dans un camp vietnamien proche de l'insoutenable, où les militaires du pays s'amusent à torturer physiquement et moralement leurs prisonniers chinois et américains en les forçant à s'exécuter entre eux. Comme le veut la tradition chez Woo, les gunfights sont légion, mais s'ils demeurent tout aussi spectaculaires, graphiques et pétaradants que dans ses polars, ils apparaissent ici moins chorégraphiés, plus réalistes, plus bruts. Le sujet grave de Bullet in the Head ne l'empêche guère de se doubler d'un monument de cinéma d'action, qui lors de son final nous gratifie d'un des plus beaux et forts duels à mort jamais mis en images; un affrontement ultime se voulant d'autant plus solennel qu'il symbolise le fruit d'une amitié peu à peu désagrégée par l'unique faute du mercantilisme et transformée en haine vengeresse suite à une trahison impardonnable.
Certains pourront toujours arguer qu'il n'a pas la maturité et l'authenticité d'un Deer Hunter, qu'il s'apparente à un drame pathos et décrédibilisé par une accentuation morbide et inutile de la violence, qu'il souffre de son exubérance et de son excès global, Bullet in the Head n'en reste pas moins une œuvre couillue, magnifique, tumultueuse et kaléidoscopique, formidablement réalisée et interprétée, faisant office de point d'orgue dans l'inégale filmographie de John Woo. Aussi n'avait-on jamais trouvé le chaînon manquant entre un cinéma choc, noir et désespéré, et un, tout autre, lyrique, exaltant et sensationnel. Ce fut désormais chose faite avec la naissance de ce diamant noir que l'on peut définitivement placer sur le pic du patrimoine cinématographique de Hong Kong et dont les maladresses mêmes en définissent toute la sincérité. Grandiose.
publié le 01/01/2007 - 00:00
J'aime Woo!!!