M le Maudit

Premier film parlant du réalisateur allemand Fritz Lang, « M Le maudit » se veut un réel exercice de style mêlant judicieusement les mœurs propre à son époque, le problème intemporel qu’est le meurtre infantile et l’avant-gardisme pur et dur d’une mise en scène dont les plans, les variations temporelles et les situations de lieu restent parmi les plus maitrisées du 7ème art. Inspirés de faits réels, tels que les meurtres du vampire de Düsseldorf, le métrage est teinté d’une dénonciation psychologique et judiciaire qui se marquera de plus en plus au fil de la vision du film.

__________________________ Attention ce qui suit est un traitement temporel de l’œuvre de Fritz Lang et est donc sujet à des spoilers pouvant perturbés l’intérêt de la narration à quiconque est assez fou pour ne pas avoir vus l’œuvre. __________________________

Et à ce titre, le métrage se targue d’une liberté psychologique démêlant les codes imposés par l’art et la censure de l’époque captant ainsi avec une incroyable justesse la folie humaine du tueur d’enfant. Et c’est notamment la toute l’ingéniosité de Lang, incorporant dans un premier temps Hans Beckert alias « M » au moyen d’une ombre apparaissant sur un avis de recherche; illustration pur et dur de l’enchevêtrement sociétal du personnage qui se fond définitivement dans la masse. Appâtant les enfants avec des artifices tels qu’un ballon ou des sucreries, le déséquilibré se présente aux premiers abords comme l’homme le plus gentil du monde, plaisir salace avant l’acte. La nervosité du personnage s’illustre au moyen d’un accompagnement sonore. Ainsi lorsque les démons s’immiscent dans son esprit malade, le passager noir rugis au moyen de sifflotements intempestifs s’emparant de son cortex. Une aliénation traduite par un imbroglio cérébral teinté de douleur et de jouissance qu’il n’arrive à calmer que par l’accomplissement de l’acte final. Des pulsions incontrôlables et d’autant plus cruelles qu’il n’agit pas selon son libre arbitre, la rencontre entre le meurtrier et sa victime est totalement fortuite, la décision se prend en un instant. Un rôle sadique qui restera longtemps accroché à l’image de Peter Lorre auprès du public de l’époque.

Mais Fritz Lang ne s’arrête pas qu’au traitement d’un seul personnage, il offre également un panorama échelonné en trois degrés progressifs de cette Allemagne des années 30 : dans un premier temps, la banalisation : cela n’arrive qu’aux autres. Ensuite vient la paranoïa : la populace cédant à l’hystérie car tout le monde est susceptible d’être le tueur d’enfant. Et enfin l’exaspération face à une police qui ne cesse de piétiner, accusant plus de 1500 dépositions différentes et prenant des mesures radicales accroissant la nervosité de la population. Un déploiement important qui contrarie très vite la pègre de plus en plus exposée aux vexations policières et qui décide elle-même de prendre l’affaire entre ses mains.

Encore une fois, le réalisateur relève d’inventivité et inverse totalement les rôles lors de sa situation finale, le tueur prend l’air d’un enfant apeuré (à ce titre les expressions faciale de Peter Lorre sont juste magistrales) et la ville endosse le rôle du bourreau. Dénonciation judiciaire de la part de Fritz Lang démontrant l’assujettissement psychologique auquel nous serions tous soumis lors d’un règlement de compte mano à mano avec un tel meurtrier. Pourtant, le metteur en scène ne prends pas réellement partit puisque la ville décidera de le céder aux autorités compétentes et que le procès n’apparaitra pas à l’écran, préférant rappeler que les familles sont tous aussi victimes que leurs enfants tués dans cette histoire. Un réel chef d’œuvre dont les thématiques sont malheureusement toujours d’actualité.

Non, sans blague de mauvais goût aucune, voici un film construit dans les années noires de l'Allemagne qui semble toujours aussi critique et aussi puissant qu'à son début. Fritz Lang, comme à son habitude, signe un chef-d'oeuvre d'une puissance rare mettant le lunaire Peter Lore en place dans un contre-rôle savamment orchestré depuis son sommet à sa chute ... nerveux et angoissant, noir et virulent, voilà M Le Maudit ... un film de son époque, peut-être un peu trop ...

C'est un de mes films préférés : je l'ai vu quand il est passé sur Arte il y a déja plusieurs années. Meme si le film est en allemand sous-titré en francais, il est agréable à regarder. L'histoire est inquiétante et nous montre rien des corps des petites filles ou des meutres, c'est l'imagination qui travaille. Peter Lorre est magistral dans le personnage de ce serial killer torturé (voir scène finale), le sifflement émis par celui ci annonce que quelque chose va se produire. Un chef d'oeuvre de Friz Lang !