Festival du Film Fantastique de Gérardmer 2013
5ème jour
Dimanche, dernière journée du Festival.
J’assiste aux deux derniers films présentés dans le cadre de la compétition officielle. The Bay, mis en scène par le célèbre Barry Levinson, est un film de contamination façon found footage. Le récit se déroule intégralement dans une petite ville des Etats-Unis, dans laquelle un parasite se développe rapidement et contamine peu à peu toutes les personnes ayant été en contact, direct ou indirect, avec l’eau du lac local. L’extrême rapidité de la croissance du parasite est due à la fois à la fissure d’un réacteur nucléaire situé non loin de là et aux déchets industriels déversés dans la baie. Le long-métrage de Barry Levinson ne brille pas par son originalité, surtout dans le contexte actuel, gangrené par la mode du found footage. De ce point de vue, il faut bien l’admettre, le film est assez horripilant, reprenant toutes les formules actuellement à la mode. D'autant plus que le sous-texte politique est un peu trop voyant – Barry Levinson pointe clairement du doigt la politique républicaine. De surcroît, même si la situation que le réalisateur dépeint est véritablement terrifiante, le récit ne prend son envol qu’au cours de la seconde partie du long-métrage. Pour toutes ces raisons, The Bay ne suffira certainement pas à donner à la carrière du metteur en scène américain un second souffle. Cela fait maintenant bien longtemps que Levinson n’a pas produit d’½uvre véritablement marquante.
The End, s’il n’atteint pas le brio du Mama d'Andres Muschietti, sensation de cette vingtième édition du festival de Gérardmer, démontre une fois de plus l’intelligence du cinéma de genre espagnol d’aujourd’hui. Des amis d’enfance se retrouvent, pour la première fois depuis vingt ans, dans une grande maison nichée en pleine montagne. Les retrouvailles ne se passent pas exactement comme ils le souhaitaient, tant en raison de l’atmosphère délétère qui règne que d’une panne généralisé qui touche toutes les sources d’énergie à disposition. Le lendemain, alors que le groupe se met en route pour chercher de l’aide, toute trace de vie humaine semble avoir disparu. The End est un film post-apocalyptique réussi. Le réalisateur, Jorge Torregrossa, filme l’apocalypse à hauteur d’homme, insistant sur la manière dont les personnages ressentent et appréhendent l’inconnu. Il met en scène des situations dont le décalage avec la réalité produit un effet d’étrangeté à la fois sidérant et poétique (l’apparition d’un vautour dans une cuisine abandonnée, la présence d’un lion dans une ville côtière dont tous les habitants ont disparu). Cependant, les personnages sont parfois trop stéréotypés pour que le spectateur puisse véritablement éprouver de l'empathie pour eux. Et si la mise en scène de Torregrossa est souvent inspirée dans les séquences fortes, elle est en revanche plus conventionnelle dans la première partie du récit, ne parvenant alors pas à transcender les stéréotypes. Sans ces quelques défauts, The End aurait pu frapper très fort.
La vingtième édition du Festival de Gérardmer ne nous a certes pas permis de découvrir pléthore de grands films, mais l’ambiance qui y règne chaque année est si bonne qu’il est toujours douloureux de partir. Espérons que le Festival continue l’an prochain, alors que les rumeurs annonçant sa fin sont chaque année plus persistantes. Wait and see.
Palmarès :
Grand Prix : Mamá de Andrés Muschietti
Prix du public : Mamá de Andrés Muschietti
Prix du jury jeune : Mamá de Andrés Muschietti
Prix de la critique : Berberian Sound Studio de Peter Strickland
Prix du jury ex-aequo : Berberian Sound Studio de Peter Strickland et The End de Jorge Torregrossa
Prix du jury Scifi : You're next de Adam Wingard
Grand prix du court-métrage : Mort d'une ombre de Tom Van Avermaet
(dessin : Marine)