Critiques spectateurs de Banshee

Batman v Superman: L'Aube de la Justice

Batman v Superman: L'Aube de la Justice

En tant que fan hardcore de comics depuis toujours, et de DC en particulier, j'étais assez anxieux de voir comment allait être adapté ou massacré cet univers et ces personnages que j'affectionne tant, surtout vu le bashing enragé qui a entouré la sortie du film.
Je ne suis pas non plus forcément dythirambique sur toute l'oeuvre de Zack Snyder, j'ai notamment peu apprécié Man of Steel qui est un film bancal, mal écrit et peu respectueux de l'oeuvre originale selon moi.

Je commence par donner mon avis brut de fonderie :
J'ai adoré celui que je vais désormais appeler BvS pour simplifier [emote]heureux.gif[/emote].

Commençons par les points positifs :

le casting est dément, avec certaines des meilleures incarnations de ces personnages qu'on a déjà eu l'occasion de voir dans de nombreux films, interprétés par pas mal d'acteurs différents. L'iconisation des personnages est parfaite et restitue bien le coté à la fois "réaliste" de l'univers DC (par exemple, l'intro du film invoque une imagerie post 11/09 qui donne un coté concret aux affrontements héros - villains en rappelant que les simples mortels sont les dommages collatéraux de ces échauffourées) et "bigger than life" : en un sens, Batman, Superman, Wonder Woman...sont des dieux et des héros (dans toute la dimension mythologique de ces termes) parmi les mortels.
Ben Affleck, en particulier, compose un Batman torturé, à bout de souffle tout droit sorti des "runs" de Franck Miller. Ultra violent, presque psychotique en tant que Batman, imposant et charismatique en Bruce Wayne, il s'agit selon moi de la meilleure incarnation du personnage au cinéma, loin devant un Christian Bale plutôt effacé. Une des plus fidèles (à certaines sources) en tout cas. Les costumes sont les plus ressemblants également (mention à la Capuche) et réparent l'injustice d'années "d'armures du chevalier noir" plus ridicules les unes que les autres.

La réalisation, même si elle n'échappe pas à certaines conventions du cinéma d'action que je n'affectionne guère (slow motion, lens flare, shaky cam, "cool guys don't look at explosions"...et j'en passe) s'avère pertinente, inventive et doté d'une direction artistique dantesque; les costumes en particulier, sont impressionnants et ravalent ceux vus dans d'autres films du même genre au rang de mauvais cosplays du dimanche.

Certaines scènes sont ahurissantes de maîtrise, de lisibilité et de majesté. BvS oscille constamment entre considérations pseudo philosophiques (la nature de l'homme et du surhomme, Sup' qui a du mal à assumer son héritage de protecteur de l'humanité, Bat' fatigué de son combat ...), tunnels de dialogues et de scènes narratives, onirisme décalé annonciateur des menaces à venir et (quelques) scènes d'action explosives et sanglantes. De manière générale, ce rythme qui peut sembler faiblard et bancal renvoie pourtant aux meilleurs idées de mise en scène de Watchmen du même Snyder et rapproche BvS de ses sources : le comics papier, véritable serial qui se poursuit depuis des décennies et comprend aussi maintes ruptures de tons et beaucoup de verbosité et d'action décomplexée.

Je pourrais enchaîner longtemps encore sur les points positifs du métrage mais je vais plutôt nuancer mon propos en mettant en lumière, sous formes de Bullet points, quelques défauts qui sont surement parmi les causes de l'acharnement critique reçu par le film.

- Le montage n'est pas optimal et semble rushé (un comble pour un film de 2h30), ce qui gène parfois la compréhension, en espérant que la version longue promise pour la sortie Blu-ray restituera mieux l'intention de Snyder;

- La volonté de caser plus de 50 ans de continuité d'un univers partagé aussi vaste et dense que celui de DC donne à BvS un coté mille feuille plein jusqu'à l’écœurement, avec des ruptures de ton quasi schizophréniques, là où Marvel, via le MCU, a réussi à trouver une unité qui favorise la suspension d'incrédulité et évite de sortir mentalement de l'expérience proposée;

- L'ambiance très sombre et premier degré (là ou Marvel cultive l'humour et un coté bon enfant) sort le spectateur de sa zone de confort. Même les Batman de Nolan tentaient quelques petits traits d'humour, mais ici tout n'est que noirceur;

- Enfin, je me demande comment un néophyte qui n'a comme référence que les films et les animés DC peut appréhender ce film, tant Snyder l'a pensé comme un film de fan pour les fans - la dimension Fan Service prend ici tout son sens, avec des clins d'oeil et des rappels constants aux BDs. C'était déjà un écueil dans lequel s'était précipité son adaptation de Watchmen, difficilement compréhensible pour celui qui ne connait pas le comics, à moins d'une attention sans faille et de moults visionnages.

7.83333

Publié le 26 Mai 2016

Crimson peak

Crimson peak

Voici une petite critique, qui se veut (quasi) sans spoilers.

Après son blockbuster Pacific Rim, Guillermo Del Toro revient au genre qui l'a fait connaitre : le film d'épouvante, avec ses fantômes et environnements délétères.
Je renverrais au synopsis présent sur la fiche du film plutôt que de le répéter ici et vais plutôt donner mon point de vue sur quelques points du film qui en font une belle réussite.

les acteurs sont convaincants; Crimson Peak est une aventure humaine, qui repose sur 3 personnages principaux forts auquels on s'attache rapidement :
Tom Hiddleston offre une composition nuancée et révèle un fort potentiel dramatique, déjà mis en lumière dans l'excellent "Only lovers left alive" de Jim Jarmusch.
Mia Wasikowska endosse un rôle quasi-miroir de celui d'Alice qui l'a révélé au public et renforce la dimension de conte horrifique de ce film. Elle propose un panel d'émotions assez variés et n'est pas la jeune fille en détresse si courante dans les films de ce genre. Un beau personnage féminin.
Jessica Chastain, quant à elle, offre une prestation superbe, extrêmement riche et en même temps glaçante. Une véritable incarnation de la psychose...

La photo du film est superbe, et se veut un hommage aux films de la Hammer mais aussi à Dario Argento, qui est évoqué ici à travers les superbes rouges et verts saturés qui renvoient immanquablement à Suspiria.
Les décors sont splendides et renforce l'aura de mélancolie qui se dégage de cette oeuvre, et rappellent immanquablement l'académie de Suspiria / le pensionnat de The Woods.
On a vu pire comme référence.

Enfin, le film ne force pas son rythme et prend le temps de raconter une histoire plutôt classique mais bien narré. tout juste peut on reprocher au réalisateur d'introduire des éléments surnaturels qui ne sont pas indispensables au récit, l'explication criminelle (avec le poids du passé, un lourd héritage familiale, une relation fraternelle déviante..) aurait suffit à justifier les nombreuses péripéties macabres de ce Crimson Peak.

l
Bref, je recommande chaudement pour les amateurs de frissons...et les autres !

7.66667

Publié le 22 Décembre 2015

Le Sous-Sol de la Peur

Le Sous-Sol de la Peur

J'ai eu le plaisir de revoir ce "Sous-sol de la peur" (ou plutôt "The People under the stairs", l'ayant visionné en Vost) que j'avais vu à l'époque et j'ai vraiment apprécié ce second visionnage tardif.
Une belle remasterisation pour un film avec de nombreuses qualités formelles : belle photo, cadrage soigné, superbe BO...
Et une histoire simple mais prenante, avec un petit coté "conte pour enfants cruels" fort plaisant.
Je signalerais aussi de nombreux niveaux de lecture possible (le ghetto et la lutte des classes étant un des thèmes sous jacents du film), des ruptures de ton surprenantes (pas mal d'humour finalement, avec le personnage de Roach notamment) et quelques clins d'oeil à d'autres films de Craven (Freddy !).
Bref, un des meilleurs du grand Wes à mon sens.

7.04348

Publié le 21 Juin 2015

It Follows

It Follows

Difficile de ne pas être dithyrambique face à une oeuvre aussi maîtrisée, qui s'amuse des codes du cinéma de genre (du slasher en particulier), les suivant de manière fort respectueuse tout en les réinventant si besoin.
Basé sur un pitch génial (un monstre anonyme, qui peut prendre la forme de n'importe qui, suivant ses victimes dans un but dont on ne sait pas grand chose) qui fait un bel hommage au Zombie cher à Georges Romero, It Follows unit la forme (très belle photo, qui utilise apparemment l'architecture déliquescente de la banlieue de Detroit, une superbe bande son de Disasterpiece, forcément inspirée par Big John) et le fond (de multiples références à des classiques : la menace qui envahit le réel et que seul celui ou celle touché par la malédiction peut voir, le monde sans adultes, le coté conte cruel, tout ça évoque forcément des œuvres séminales comme Freddy ou le sous-sol de la peur, par exemple) sans oublier de faire peur et de susciter la réflexion (le follower renvoie au thème de la contagion sexuelle chère au cinéma de Cronenberg tout autant qu'à la mort qui attend chacun de nous) et le malaise (chaque apparition du follower renvoyant à une figure emblématique du genre - difficile de ne pas reconnaître dans la femme nue du début, celle qui hanta un jour la chambre 237 de Shining) tout en multipliant les audaces formelles (excellente utilisation de la caméra subjective) et en instaurant sciemment une lenteur narrative qui renvoie à la démarche pesante du follower.
Définitivement un classique pour moi.

8.08333

Publié le 14 Juin 2015

Texas Chainsaw 3D

Texas Chainsaw 3D

La critique d'Alol7 ayant piquée ma curiosité, j'ai donc décidé de visionner ce "Texas Chainsaw 3D" pour me faire mon propre avis.

Je serais assez critique avec le film, étant un admirateur inconditionnel du premier TCM, tant il s'agit à mon sens d'un chef d'oeuvre insurpassable, probablement le meilleur slasher de tous les temps.

Tout commence sous les meilleurs augures avec une intro dantesque qui nous ramène au 18 Août 1973 pour narrer la chute de la famille Sawyer, quelques instants après le générique de fin de l'original. L'occasion de revoir de nombreuses images du premier film (ce qui permet aux nouveaux venus de raccrocher les wagons, et qui devrait donner envie aux habitués de le visionner encore une fois). On admirera au passage la reconstitution au détail près de la ferme Sawyer pour raccorder aux images du film de 1973 et la présence au casting de nombreux acteurs de la licence, notamment Bill Moseley et John Dugan. On appréciera un peu moins le grand nombre de personnages sorti de nulle part côté Sawyer, qui ne servent qu'à renforcer le côté bataille rangée à la Sam Peckinpah de la séquence, et qui semble quelque peu déplacé si l'on s'en tient à la stricte fidélité à l'oeuvre originale.

Hélas, la suite est moins glorieuse et arrive le premier écueil, l'erreur temporelle; c'est à mon humble avis une bonne idée de vouloir faire suite au premier film, mais pourquoi diantre avoir situé l'action en 2012 (comme le confirme la date sur la tombe de Verna et la présence incongrue d'un iphone dans l'intrigue), au mépris de tout réalisme, puisque le personnage d'Alexandra Daddario, qui parait avoir la vingtaine (assez convaincante et sobre dans son jeu) aurait alors 39 ans ? Elle est vraiment bien conservé pour son age :D

On notera un casting de victimes assez anecdotique, avec une chaudasse bien stéréotypée (et pas très bonne actrice), un autostoppeur voleur (peut être faut-il y voir un hommage à Nubbins, du 1er film) et deux mâles américains typiques. Clairement décevant sur ce point, tant le remake de 2013 nous avait habitué à des personnages forts (Jessica Biehl). N'oublions pas que TCM (1973) compte dans son casting une des plus grandes Scream Queens de l'histoire : Marylin Burns, qui joue ici le personnage de Verna, grand mère de l'héroïne (il s'agit de son dernier film - RIP Marylin).

Il y a toutefois de bons moments, la volonté de citer les moments forts et l'imagerie de la licence (le manoir Carson où se situe le film est une réplique en plus sobre de la ferme Sawyer), un gore bien présent et sanglant et un Leatherface plutôt bien interprété par Dan Yeager : Massif et terrifiant, quelques scènes d'exposition nous rappelle à quel point il est le prototype primal de tous les monstres de Slashers : sans pitié ni conscience, implacable, d'un sadisme effarant... même si j'aurais préféré revoir Gunnar Hansen dans le rôle (qui fait ici un caméo dans le rôle de boss Sawyer), j'ai été vraiment convaincu.

Il y a aussi de bons clins d'oeil (Saw !) et j'ai apprécié la fin du film et l'évolution du personnage d'Alexandra Daddario, qui finit par accepter son sanglant héritage.
Le film est toutefois quelque peu terni par des ajouts scénaristiques inutiles ou risibles (l'adultère dans la grange, la séquence avec l'Iphone) et j'ai été dérangé par l'hyper sexualisation des héroines qui est vraiment tout much à mon gout. Il est vrai que TCM repose sur une métaphore sexuelle très marquée, mais ici c'est vraiment trop peu subtil...

Photo, réalisation, musique, tout est ici standard, très professionnel mais sans fantaisie, à l'image d'un film qui ne décolle jamais vraiment, restant dans un classicisme qui a fait ses preuves mais qui a aussi ses limites vite atteintes.

Reste une intro qui ravira le cœur de tout fan de la licence !

6

Publié le 28 Avril 2015

The Voices

The Voices

The Voices, un film qui aurait pu rater le rendez vous avec son public, de part un trailer qui insiste lourdement (et à tort) sur le coté décalé et comique du film et sur la présence au casting de Ryan Reynolds.
Pourtant, ne vous y trompez pas, il s'agit bel et bien d'un film d'horreur, beaucoup plus glauque que ce que l'on pourrait imaginer de prime abord.
Inspiré par le cas "Jeffrey Dahmer", le film suit le personnage de Jerry, magasinier sans histoire qui a le béguin pour sa ravissante collègue Fiona; hélas, il entend des voix qui le poussent à des actes d’extrême violence...
L’interprétation de Ryan Reynolds est le gros point fort de ce film, il se montre tour à tour attachant, naïf, sensible, mais aussi terrifiant. A noter qu'il double également ses compagnons animaux, chien et chat (la voix du chat en VO, avec un accent écossais à couper au couteau est réjouissante).
Le film s'abstient de porter un jugement et ne diabolise pas son héros et s'attache plutôt à montrer sa détresse émotionnelle face à sa "maladie" (aucun diagnostic n'est explicité dans le film, même si on pense à une forme aiguë de schizophrénie).
Le gore est bien présent et le film joue habilement avec les codes du cinéma d'horreur, faisant de Jerry un "Norman Bates" des temps modernes.
En bref, une bonne surprise, qui prouve les talents d'acteur de Ryan Reynolds (et autorise à espérer qu'il puisse nous livrer une magnifique interprétation de Deadpool prochainement).

5

Publié le 16 Avril 2015

Clown

Clown

Aaaah, je suis tellement déçu par ce film qui accumule les erreurs, les défauts de scénarios, de mise en scène, d'interprétation et qui se révèle au final très en dessous de ce qu'il promettait :
Produit par Eli Roth (qui d'ailleurs endosse le maquillage - plutôt réussi de Frowny le clown), ce film repose sur un postulat ma foi bien trouvé :
un père de famille trouve dans une maison qu'il restaure une malle contenant un vieux costume de clown et l'enfile pour remplacer au pied levé le comédien prévu à l'anniversaire de son fils. Hélas, il ne pourra plus jamais l'enlever et va peu à peu se transformer en démon assoiffé de chair d'enfants...
Le début du film est plutôt réussi et on rentre assez facilement dans cette histoire en espérant avoir notre compte de sensations fortes.
Le clown est une figure horrifique bien connu et la relecture du mythe sous couvert de légendes islandaises est assez convaincante.
Le gore est présent, les maquillages sont plutôt bons, tout comme la photo et l'esthétique générale.
Où ce situe le problème alors ?
Je dirais que j'ai malheureusement épuisé tous les points positifs du film; tout le reste est en roue libre.
Principal défaut : le rythme, absolument pas maîtrisé, le film parait incroyablement long et grille toutes ses cartouches au début (l'explication mythologique, on l'a au bout de 20 minutes, ce qui fusille un peu le suspense). Quelques bonnes scènes arrivent encore à éveiller notre intérêt, mais le temps semble décidément bien long.
Second clou dans le cercueil : le film ne parvient jamais à faire peur, ni à être malsain ou effrayant. Sincèrement, on peut affirmer que 'Ça', malgré les 25 années de vol au compteur et la réalisation téléfilm, a bien plus de chances de vous angoisser que ce 'Clown'.
On peut aussi citer dans les points négatifs l’interprétation général assez médiocre, tout particulièrement Peter Stormare une fois de plus en roue libre, la musique assez médiocre et le scénario trop prévisible.
Bref, passez votre chemin, il y a de biens meilleurs films, y compris sur le thème du clown tueur !

6.75

Publié le 30 Mars 2015

Life After Beth

Life After Beth

Un premier long métrage de Jeff Baena qui ne semble pas encore avoir atteint les rivages français et que j'ai eu l'opportunité de regarder hier, un des avantages d’être expatrié ;)
Je n'en attendais pas grand-chose, pour être franc, tant je commence à être blasé par la "zombexploitation" (et ayant été quelque peu refroidi par le semi-échec Warm Bodies, qui ne m'a pas convaincu qu'un sous-genre comme la "zomromcom" a un quelconque intérêt ou avenir - si l'on exclut l'ovni Zombie Honeymoon).
Je dois reconnaitre qu'il s'agit d'un bon, voire très bon film qui mérite amplement sa nomination à Sundance (un festival à priori peu réputé pour valoriser les films de genre).
Par où commencer ? surement par l'interprétation... Je n'étais pas convaincu de la performance de Dane Dehaan dans Chronicle ou la franchise Amazing Spiderman, et bien, force est de constater qu'il s'avère bouleversant dans ce film, avec un jeu très nuancé et subtil. Face à lui, Aubrey Plaza (que je n'avais pas trouvé renversante non plus dans Scott Pilgrim) est très surprenante et n'a rien à lui envier. Tous les rôles secondaires sont tout aussi excellents (mention spéciale aux parents de Beth - John C. Reilly et Molly Shannon).
Mais la direction d'acteur n'est pas le seul point marquant du film, qui repose avant tout sur une réflexion douce-amère sur le deuil (et le rapport à la mort dans la société américaine) et l'éclatement de la cellule familiale.
Contrairement à de nombreux films qui se veule le relai au cinéma d'une certaine culture Geek (principalement jeux vidéo, mangas, animés, comics...), Life After Beth reste fidèle à son Adn de film indépendant américain et se rapproche plus stylistiquement de certaines œuvres de Jim Jarmusch, tel Only Lovers Left Alive ou encore Abel Ferrara (l’envoutant The Addiction).
Le film peut toutefois déstabiliser ou rebuter, à mon sens, car si le rire n’est pas vraiment au rendez-vous, l’absurde, teinté d’onirisme, l’est quant à lui. Le premier film qui m’est venu à l’esprit lors du visionnage est Ghost Dog de Jarmusch (le 2ème étant certainement John Dies at the end, dont je ferais certainement une critique un de ces 4, tant je l’ai aimé). Les quelques fulgurances gores que s’autorise le film sont plutôt réussies et contribue à en faire autre chose qu’une bluette pour midinettes (Twilight ?).
Bref, si vous avez l’occasion de le voir, ne le ratez surtout pas !

6

Publié le 6 Janvier 2015

Annabelle

Annabelle

Annabelle est un spin off de "The Conjuring" et semble vouloir capitaliser sur le succès critique et commercial de ce dernier.
Tout comme les précédents avis, je ne pense pas que ce film soit inoubliable, la faute à un script bien trop convenu (largement inspiré par Rosemary's baby d'ailleurs) et une interprétation qui ne décolle jamais vraiment.
Reste une réalisation somme toute honnête, quelques moments plutôt réussis (la scène dans le sous-sol notamment) et un clin d'œil à la Famille de Charles Manson assez réjouissant.
On déplorera l'utilisation du satanisme comme Deus Ex Machina expliquant tous les malheurs arrivant à nos protagonistes, sans plus d'explication ou un traitement plus intéressant (voir, ou revoir, Lords of Salem ou La Neuvième Porte permet de se rendre compte qu'il y a largement matière à susciter l'imagination du spectateur sur le sujet). On reste ici vraiment dans les canons du genre "film d'épouvante" et fantôme ou démon, la créature est ici bien timide et s'autorise trop peu de fantaisie, ce qui fait que le film parait plat et quelque peu fade.
L'ambiance “rétro" est tout aussi timide, la faute à un manque d'envergure du long-métrage (pas plus de trois lieux différents en tout et pour tout et assez peu de personnages secondaires), alors que c'était un des gros atouts de The Conjuring.
Le principal problème qui plombe ce film reste la suspension d'incrédulité du spectateur mise à rude épreuve : qui aurait l'idée d'acheter une poupée aussi creepy ? Pire, lorsque l'héroïne retrouve la poupée dans un carton à l'occasion du déménagement, elle décide de la garder contre toute attente, alors qu'elle demandait à son mari de l'en débarrasser un quart d'heure avant...
Il aurait été surement préférable de calquer le design de la poupée sur la vraie Annabelle (une poupée de chiffon Raggedy Ann), vaguement glauque et qui aurait permis une horreur plus psychologique; on ne peut toutefois pas le reprocher ici, ce choix artistique étant hérité de The Conjuring et reconduit tel quel.
Bref, un film tout juste honnête en cette période de disette horrifique...

5.07692

Publié le 2 Janvier 2015

Ouija

Ouija

Un ramassis de poncifs éculés qui ne sert visiblement que de prétexte à sortir un teenage movie plein de jumpscares inutiles.
Rien à sauver ici, ni la réalisation, ni l'interprêtation et surtout pas le scénario. Et en plus, ça ne fait absolument pas peur.

3.5

Publié le 2 Janvier 2015

Penny Dreadful

Penny Dreadful

Ah, Penny Dreadful, la nouvelle série bulldozer de Showtime. Comme prévu avant même sa diffusion, c'est une tuerie : un casting exceptionnel pour un tv show (Eva Green, Timothy Dalton, Josh Hartnett, Rory Kinnear...), de grands noms à la réal / production (Sam Mendes, John Logan, Juan Antonio Bayona...) et un thème qui ne peut que me plaire, ainsi qu'à tous ici : l'horreur victorienne, le show réunissant tout ses "monstres" emblématiques, Dracula, Frankenstein, Jack l'éventreur, Dorian Gray et probablement d'autres plus loin dans la série. Pour les points positifs, les acteurs jouent vraiment très bien et la série jouent habilement avec les codes du film d'horreur moderne ou gothique à la Hammer; on sent que l'équipe a bien révisé et assimilé ses classiques, à travers une impressionnante scène de possession dans l'épisode 2 ou le récit poignant de la créature de Frankenstein dans l'épisode 3. Pour les points négatifs, le rythme et la narration du pilote sont certainement un peu en dessous du reste (le bond qualitatif dès l'épisode 2 est surprenant) et on peut reprocher certains décors extérieurs en image de synthèse un peu cheap (alors que les intérieurs, les costumes et tout le reste est très soigné et dénote un bon gout assorti de coquets moyens). Bref, la série du moment pour moi; je lui souhaite de durer encore longtemps et attend chaque nouvel épisode avec impatience.

8

Publié le 12 Juin 2014

Byzantium

Byzantium

Nouvel opus de Neil Jordan et nouvelle incursion dans le mythe du vampirisme, dix huit ans après Entretien avec un vampire. Un film qui semble ne pas trouver de distributeur français (certainement en raison des semi-échecs commerciaux des derniers films de Jordan). J'ai eu l'occasion de le voir, habitant à Dublin et je ne peux que vous conseiller d'essayer de vous le procurer en import si vous le trouvez, c'est un film exceptionnel.

Ne vous attendez pas à un "Entretien avec un Vampire Bis", "Byzantium" est vraiment très différent du précédent film de Jordan, mais waouh ! quelle claque ! Cet avis n'inclura aucun spoiler, tant le plaisir ressenti au visionnage dépend grandement à mon sens, de la découverte et de l'effet de surprise.

Restons donc sur le synopsis Horreur.net : "Deux vampires, une mère et sa fille, décident de révéler leur secret aux habitants de la ville dans laquelle elles viennent de s'installer."

La grande force de ce film est sans conteste l'émotion qui s'en dégage, tant les deux actrices principales (Gemma Arterton & Saoirse Ronan) portent leur rôle à fleur de peau et sont surprenantes, surtout Gemma, qu'on a du mal à reconnaître tant son interprétation est à des années lumières du jeu convenu qu'elle arborait dans Hansel and Gretel: Witch Hunters, par exemple.

Mais le mérite du film ne s'arrête pas là : la mise en scène oscille entre une sobriété bienvenue, un hommage appuyé au cinéma gothique anglais (qui a dit Hammer ?) et certaines fulgurances visuelles que n'auraient pas renié un Kubrick ou un Argento.

Un sans faute de ce point de vue là, d'autant plus que je ne vous ai pas encore parlé des somptueux décors naturels, Neil Jordan ayant tourné de nombreuses scènes en Irlande, à Wiclow Mountains et dans la région de Cork.

Bref, sur le plan visuel, un bon gout constant que l'on retrouve également sur un plan musical, la B.O. étant totalement somptueuse. Un score évocateur et mélancolique de Javier Navarrete appuyé par une sélection de morceaux classiques et jazz à donner le frisson.

Quant à l'histoire, difficile d'en dire plus sans spoiler; le film garde une fidélité relative au mythe du vampire, appuyée par des clins d’œil réjouissants aux films du genre,en même temps qu'il dépoussière considérablement le mythe en y injectant des thématiques rarement abordées dans le genre. Tiré d'un roman de Moira Buffini (que je n'ai pas lu), celle ci a collaboré avec Jordan sur le script et pour moi, c'est une réussite totale, notamment sur le rythme du film, complètement adapté à la montée de l'histoire et aux émotions transportées par les personnages.

De nombreux moments de bravoure, tandis que Jordan n'oublie pas d'intégrer une dimension horreur puissante, à travers quelques fulgurances de violence qui rappelleront certaines scènes graphiques d'"Entretien avec un vampire".

Mon coup de cœur du moment. Un grand film, qui prouve que Neil jordan fait toujours partie des plus grands réalisateurs contemporains.

6.66667

Publié le 8 Octobre 2013