Dhoom 3

Jusqu'ici la série Dhoom se regardait avec plaisir comme on mange un bonbon. Du plaisir sur le moment, plus rien après. Elle n'a jamais brillé pour ses scénarios, souvent simplistes et linéaires, et accumulant sans complexes incohérences et situations impossibles. De bien mauvais films pour les plus exigeants, du pur spectacle hyper fun et régressifs pour les fans de nanars, d'autant plus que les cascades sont époustouflantes et les images hyper léchées. Donc le fan de nanars comme moi, qui sait prendre les choses pour ce qu'elles sont, avait adoré le 1er, et aimé le second malgré ses longueurs. Cependant cette fois-ci, trop c'est trop ! Le scénario partant d'une bonne idée de départ, ne tient malheureusement pas ses promesses et accumule tous les poncifs possibles en les soulignant bien au marqueur, et l'ensemble s'embourbe et tourne au n'importe quoi encore plus que d'habitude, jusqu'à un final inepte et faussement "bouleversant". Cette fois-ci le côté divertissement coûte que coûte est bien moins sympathique. En effet ce 3e opus est une vraie caricature de films qui étaient déjà des caricatures. La mise en scène, au lieu d'apprendre des tics et excès de ses aînés, surmultiplie encore plus ses défauts: Hyper clippée, totalement tape-à-l'oeil, avec des effets-ralenti en-veux-tu-en-voilà dans toutes les scènes d'action pour en souligner les moments de bravoure, mais cassant totalement tout le rythme et sensation de vitesse qui est la marque de fabrique de la franchise. Un comble ! Mais le plus difficile à supporter finalement, dans un script en plus à l'évidence extrêmement prétentieux mais incapable d'en avoir la finesse ou l'intelligence requise, c'est l'interprétation globale absolument catastrophique ! Les acteurs principaux se caricaturent comme jamais, et là où ils restaient autrefois attachants malgré leurs personnalités sculptées au burin, ils deviennent réellement insupportables maintenant. Le héros est un vrai ringard qui tire la gueule avec des lunettes de soleil et une mise en scène éléphantesque nous rappelle à chaque instant à quel point il est cool. Son sidekick qui savait doser ses effets dans le premier film, beaucoup moins dans le second, est maintenant à baffer. Les actrices ne sont que des potiches, à un point que ça en devient aussi misogyne qu'embarrassant. D'ailleurs pour l'une d'entre-elle, je me demande encore à quoi sert son personnage dans l'intrigue... Mais le sommet de la catastrophe est vraiment celui qui joue le voleur, le méchant du film. Double rôle en fait après un twist foireux, l'acteur se regarder jouer, et joue effroyablement mal, surtout le personnage de l'adulte/enfant, croyant que des grimaces et poses et jeux de tête pseudo-infantiles hyper appuyés suffisent à créer un personnage crédible. Dommage il fait plus attardé qu'autre chose... Etant souvent en double à l'écran par la magie des effets spéciaux, et de toute évidence soucieux de bien départager les deux personnages, il surjoue et appuie ses effets jusqu'au délire. Il arrive un moment où ça ne fait plus rire. Ou peut-être étais-je en mode "exigence" aujourd'hui sans le savoir, plutôt qu'en mode "nanar"... Dommage que tout soit traité de manière aussi superficielle, et avec un script qui pète plus haut que son cul, car on finit par se sentir insultés qu'on essaie de nous faire croire que c'est une histoire riche en émotion. Encore plus quand on voit la qualité formelle, tout simplement épatante, avec des images de toute beauté et des FX particulièrement soignés qui ont de quoi inquiéter les américains quand on sait qu'ils sont faits pour des budgets bien moindres. Un ratage vaguement divertissant qui confirme que la forme ne supplantera jamais le fond !