Le Roi des morts
Critiques spectateurs
Réalisateur: Jorg ButtgereitInscrivez-vous ou connectez-vous pour ajouter votre avis !
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publié le 01/01/2007 - 00:00
Une réussite signée Buttgereit
Le premier sketch narre les derniers instants d'un homme qui se suicidera dans son bain par overdose de médicaments. Le ton est directement donné, avec un climat des plus sombre et glauque, une image au grain sale — Buttgereit a généralement tourné ses œuvres en 16mm — et des décors franchement austères. Le réalisateur exécute ici un intéressant travail de mise en scène en proposant un long travelling circulaire à l'intérieur de l’appartement du protagoniste. Certaines scènes sont toutefois un peu plus lourdingues (le personnage léchant un timbre-poste ou se déshabillant en gros plan) et dénotent le manque de professionnalisme de Buttgereit qui ne filme pas toujours les bonnes choses. Dans la seconde histoire, un aficionado de bandes cinématographiques nazies et gore pète un câble et assassine sa compagne d'une balle dans la tête avant de se pendre. Un segment d'une violence radicale, qui nous gratifie par ailleurs de l'unique plan véritablement gore du métrage: un pénis tranché au couteau, scène pour le moins osée et dégueulasse. Le troisième sketch illustre le long monologue d'un homme dont l'épouse rencontrait des difficultés physique durant leurs relations sexuelles de couple et qu’il a fini par tuer. Une jeune femme lui tend un revolver; il se suicide avec l'arme. Une fort belle mélodie pianistique accompagne cet épisode, qui pourra néanmoins paraître quelque peu vain et ennuyeux, car se résumant au monologue pas forcément passionnant du protagoniste. Avec le segment suivant, Buttgereit se paie le petit luxe de très bons travellings dans les divers recoins d'un grand pont d'Allemagne où de nombreuses personnes se sont donné la mort. Une liste exhaustive de ces décès apparaît à l'écran. Voici un brillant exercice de mise en scène plus qu'un authentique sketch. La cinquième histoire reste l'une des plus réussies. Une femme vieillissante, qui épie ses voisins continuellement occupés à faire l'amour, reçoit un jour une curieuse lettre ayant pour but de la convaincre d'adhérer à une secte sacralisant le suicide. Elle la déchire aussitôt; le lendemain matin, les cadavres de ses voisins gisent, ensanglantés, dans leur propre lit. Ce segment bénéficie du splendide thème joué au piano que l'on avait déjà pu entendre dans le troisième chapitre. Un récit original et malsain à la fois. Dans le sixième sketch, une jeune femme fascinée par la «philosophie du meurtre» se munit d'une caméra et part assassiner des personnes dans un concert de rock. Des projectionnistes retrouvent les rushes de ses méfaits. Cette histoire dérangeante et assez intéressante aurait très bien pu être développée puis exploitée dans un film de psycho-killer tel que Henry de John McNaughton. Enfin, dans le dernier segment, un homme gémit dans son lit avant de se taper la tête contre les murs de sa chambre. L'origine de son auto-mutilation ne nous est pas dévoilée. Un sketch court mais très cru, dans la même veine réaliste que le précédent récit. La décomposition progressive d'un cadavre rongé par les verts constitue l'intermède de chaque sketch. Buttgereit se complait à filmer cette séquence-choc dans les moindres détails via d'habiles trucages et effets de mise en scène. À déconseiller aux estomacs sensibles.
Au final, Der Todesking s'impose comme l'un des meilleurs films d'horreur underground allemands de sa génération. Loin d'un manche inapte à tenir une caméra, Jörg Buttgereit sait en outre insuffler une réelle atmosphère à son œuvre et ne se contente guère d'étaler scènes gore sur scènes gore, contrairement à la plupart de ses douteux homologues. Un bon compromis entre le « trash movie » et le cinéma d'auteur marginal, doublé d'un film résolument morbide et terre-à-terre.
publié le 01/01/2007 - 00:00
Der Todesking
publié le 01/01/2007 - 00:00
Buttgerit's back!