Voir la fiche complète du film : Mama (Andres Muschietti - 2013)

Mama - Critique

Un premier long-métrage surprenant de maîtrise sur la réalisation. En dépit d'un climat oppressant, Mama n'effraye pas pour autant et s'avère assez prévisible dans sa progression. Il demeure tout de même une oeuvre intrigante et intéressante à plus d'un titre.

Publié le 16 Mai 2013 par Dante_1984
Voir la fiche de Mama
8
Fantôme

Avant de même de sortir en salle, Mama dispose d'une solide réputation confirmée par la pluie de récompenses lors du dernier festival de Gerardmer (dont le grand prix). Tant la critique que le public a été conquis par ce premier long-métrage. Il est vrai que le cinéma hispanique est capable du meilleur dans le domaine comme du pire. Pour appuyer les bons a priori que l'on se fait du film, Guillermo del Toro n'est autre que le producteur. Son simple nom suffit à susciter curiosité et enthousiasme pour se dénicheur de talent et réalisateur hors pair. Dès lors, l'on se demande si Mama remplira toutes ses promesses. Une oeuvre surestimée ou un petit bijou du fantastique ?


Pas la peine de faire un caprice ! Pas de dessert pour la peine, nah !

Il faut reconnaître que l'entame s'avère pour le moins intrigante et singulière. Sur fond de crise financière, l'on découvre un drame familial où le père assassine sa femme, kidnappe ses enfants et les emmène dans une cabane en pleine forêt pour achever la besogne. Seulement, une créature ne l'entend pas de cette oreille et protège les deux filles. Cinq ans s'écoulent avant qu'elles ne soient retrouvées et adoptées par leur oncle et sa petite amie. À la base de cette histoire, Andres Muschietti en avait fait un court-métrage qui lui avait permit d'être remarqué par monsieur del Toro. Le potentiel (et le talent naissant) étant propice à un développement plus avancé, nous voici en présence du long-métrage.

Il est rare pour un réalisateur débutant d'obtenir les fonds nécessaires pour permettre à son imagination de se poser sur pellicule. Encore plus, lorsqu'il s'agit de concrétiser ses rêves ou ses cauchemars, c'est selon. Premier constat qui se vérifiera par la suite : Mama est d'une sombre beauté. Le visuel s'avère des plus léchés grâce à une photographie somptueuse. Les nuances, les contrastes de clair-obscur ou les éclairages font avant tout que Mama flatte les ténèbres comme savent si bien le faire les Espagnols. Le jeu permanent entre lumière et obscurité est ici subtil, jamais maladroit.


Moi, belle-mère ?

À cela, l'on compte également sur une maîtrise de l'espace et du cadrage assez rare. L'action se déroule quasiment toujours au sein de la maison, conférant au récit une atmosphère oppressante digne des plus grands huis clos. La caméra s'accapare les lieux et s'incorpore de manière naturelle. Jamais deux plans identiques ne se succèdent, jamais l'on ne sent une redondance à la vue d'une même pièce. Un premier film, vraiment ? Difficile à croire et pourtant c'est le cas. Andres Muschietti fait montre d'un talent évident sur les techniques visuelles. Sur la forme comme sur l'ambiance sonore, Mama vaut le détour.

Néanmoins, la trame narrative est loin d'être aussi irréprochable. Au-delà de ce travail exemplaire, l'on remarque des maladresses au niveau de l'histoire. Non pas que celle-ci soit ennuyeuse, mais les révélations sont assez prévisibles et évoqués assez tôt dans le film. Elles ne surprendront personne, mais surtout ôte une part de l'âme de Mama. De fait, le climat angoissant demeure à ce stade sans jamais plonger vers l'effroi ou la terreur. Il y a une certaine retenue même si, là encore, l'exploitation de la pénombre, des hors-champ, reste excellente.


Pourquoi être sage quand on peut être casse-pieds ?

De nombreuses baisses de rythme enlisent l'histoire dans le sympathique, mais pas transcendant. La nature de Mama est rapidement éventée alors qu'il aurait été préférable d'entretenir le doute. Est-ce Victoria qui hallucine ou provoque sa présence ? L'aspect psychologique se révèle maigre compte tenu des efforts amorcés au départ. Tout comme le sujet de l'enfant sauvage, traité ici avec application, mais pas assez en profondeur. Les idées ne manquaient pourtant pas. Le fait de voir les deux filles se mouvoir tels des animaux à quatre pattes (leur colonne vertébrale semble même s'être déplacée) ajoutait en tension et en possibilités qui resteront finalement peu exploité.

En ce qui concerne les personnages, on oscille entre le bon et le moins bon. Victoria et Lilly sont au centre des intérêts. Si la première hésite entre ses souvenirs et son attachement à Mama, Lilly a tout de l'enfant sauvage qui n'a connu que l'amour de Mama. En dépit de leur lien quasi fusionnel se sont deux visions différentes d'un événement commun, avec un peu plus de maturité pour l'une sans doute. Même s'il avait été préférable d'accentuer les ambiguïtés (les contradictions ?) sur Victoria, le travail de fond sur les caractères est réussi. On restera un peu plus mitigé concernant Annabel et Lucas. Jessica Chastain et Nikolaj Coster-Waldau sont d'excellents acteurs, mais leurs rôles sont assez convenus dans leur évolution. La première se rend compte qu'elle est plus maternelle qu'aux premiers abords et Lucas s'avère assez plat, voire anecdotique, au sein du récit.


Mama ?

Mais ne boudons pas notre plaisir, Mama est un bon film qui mêle épouvante et fantastique (et une touche de fantasy, notamment grâce à la présence des papillons de nuit) dans une histoire sans doute prévisible, mais plaisante. On retiendra surtout le soin apporté sur le plan esthétique et le talent grandissant d'un réalisateur à surveiller. Il est dommage de constater une narration inégale dans sa progression et la caractérisation de ses protagonistes. Ainsi qu'un final un peu longuet et naïf en s'apitoyant plus que nécessaire. Mama n'est pas un chef d'oeuvre, ce n'est pas non plus un objet surestimé, il s'agit simplement d'un bon film aux qualités certaines qui ne demandent qu'à croître à l'avenir.

Portrait de Dante_1984

A propos de l'auteur : Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

Autres critiques

Les Yeux de Feu

Les Yeux de Feu

Longtemps tombé dans l’oubli, Les Yeux de Feu ( Eyes of Fire ), sorti en 1983, a bénéficié d’une restauration 4K supervisée par son réalisateur, Avery Crounse. Ce film n’avait jamais eu droit à une édition DVD ou Blu-Ray, ce qui a contribué à son statut de curiosité méconnue, paradoxalement renforcé par les années, lui conférant un prestige grandissant au sein des amateurs de...
Raiders of the Lost Shark

Raiders of the Lost Shark

Plus que n’importe quelle autre décennie, les années2010 auront été le prétexte à un florilège de navets et autres nanars en puissance dans le domaine de la sharksploitation. Des étrons cinématographiques tout droit sortis d’un imaginaire aussi limité que dérangé, le survival animalier s’est vu infliger de terribles exactions. En marge des frasques de SyFy et Asylum, de...
Comedown

Comedown

Après Kidulthood , qui présentait une tranche de vie de la jeunesse désabusée de Londres, le réalisateur Menhaj Huda continue dans le social en envoyant cette fois ses adolescents paumés se faire massacrer dans un immeuble abandonné. C'est l'occasion pour lui de confronter l'attitude violente de ces jeunes à celle de la vie et de voir ce qu'ils valent réellement face à l'...
A Serbian Film

A Serbian Film

Milos est un acteur de porno qui peine à subvenir aux besoins de sa famille. Une ancienne « collègue » reprend contact et lui propose de tourner dans un film très particulier contre un salaire mirobolant. Milos accepte sans trop savoir ce qui l'attend... La réputation d'un film le précède parfois. En général, il s'agit d'une manoeuvre marketing fallacieuse injustifiée...
Dead Space Aftermath

Dead Space Aftermath

Dans le domaine vidéoludique, la saga Dead Space est encore aujourd’hui une véritable référence en matière de survival horror. Adaptés à un cadre spatial, les mécanismes de la peur sont parfaitement huilés pour susciter l’effroi à chaque recoin ou détour de couloir. Pour accompagner le premier volet, un film d’animation a vu le jour: Dead Space Downfall . Il en ressortait une...

Devinez le film par sa tagline :

Ils en ont fait quelque chose de personnel... Il les fera payer.
Score actuel : 0
1 pt par bonne réponse, sinon -1 !