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Le Nombre 23 - Critique

Un homme qui a tout pour être heureux bascule dans un cauchemar sans fin après avoir commencé la lecture d'un mystérieux ouvrage, dans lequel il croit reconnaître sa propre vie. Enfin, Jim Carrey dans un rôle plus sombre, sous la houlette du cinéaste de <b>Chute Libre</b>

Publié le 1 Janvier 2008 par GORE MANIAC
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Un heureux père de famille (Jim Carrey), reçoit le jour de son anniversaire un mystérieux livre intitulé "Le Nombre 23". Dès l'entame de la lecture, il y décèle quelques similitudes avec sa propre vie, puis finit par sombrer dans la paranoïa.

Abonné très vite à la catégorie comédie, Jim Carrey avait déjà fait montre d'un talent tout autre dans Man on the Moon, biopic d'Andy Kaufman savamment orchestré par Milos Forman, voire dans Disjoncté et Batman Forever, films mineurs dans lesquels il prouvait néanmoins l'étendue de son registre dans des personnages schizophrènes jouissifs. Cinéaste de commande (Batman 3 et 4), Joel Schumacher sait toutefois offrir parfois un contre-emploi spectaculaire à des comédiens (on se souvient d'un épatant Michael Douglas dans le vertigineux Chute Libre, qui reste le meilleur métrage de Schumacher).

Après un démarrage quelque peu poussif, Le Nombre 23 relie le chiffre 23 avec quelques événements qui ont bouleversé l'Histoire. Cette théorie philosophico-mathématique sert de base à la paranoïa grandissante du héros. Les scènes les plus marquantes de ce métrage se situent surtout dans les représentations picturales du mystérieux ouvrage, avec un Carrey sobre et convaincant dans un registre nouveau pour lui, dans lequel il exprime cette inquiétude qu'on peut souvent lire derrière ses grimaces habituelles. A ses côtés, d'excellents comédiens l'entourent, à commencer par la rare Virginia Madsen (Candyman).

Le regroupement entre les actes du roman et le passé du héros se révèlent peu à peu, même si Schumacher peine parfois à imposer le rythme nécessaire à ce genre de thriller (n'est pas Polanski, Argento ou Hitchcock qui veut). En fait, c'est surtout Carrey qui, dès la moitié du métrage, mène le film à bout de bras, l'ambiance du film hésitant trop entre film noir à la Lynch (cf les scènes racontées du livre) et suspense plus classique (que le cinéaste semble mieux maîtriser, mais qui n'apporte pas grand chose au film de genre).

Trop sage, Schumacher finit par laisser un peu de côté le spectateur, à mesure que le héros se rapproche de la résolution du mystère du roman, qui propose un épilogue prometteur, mais qui finalement sera quelque peu gâché par une volonté de ne pas dépasser certaines limites chères aux producteurs hollywoodiens, qui n'ont pas souhaité faire de Carrey le méchant qu'il mérite pourtant de camper un jour, loin des premiers dégrés ingrats qu'on lui offre trop souvent.

Car c'est ce Carrey qui présente un réel intérêt dans cet imbroglio : le Carrey saxophoniste et détective, qui sombre dans une paranoïa suicidaire et meurtrière, un Carrey brillant qui aurait mérité de pouvoir aller encore au-delà de cette interprétation finalement encore trop limitée de son double ambigu. Ce Nombre 23 et son intéressant scénario laissera donc un léger goût d'inachevé dans la gorge des amateurs de vrais films noirs à l'ancienne, la prestation de Jim Carrey permettant néanmoins d'amoindrir l'absence de folie de la mise en scène (cf l'épilogue, made in USA).

Un film qui offrira peut être à Carrey l'occasion de briller prochainement dans un rôle vraiment trouble, par l'intermédiaire duquel il pourra enfin se détacher définitivement de cette image de comique élastique qui lui colle à la peau depuis The Mask, film à double tranchant qui lui apporta la célébrité mais le scotcha dans un genre qui ne lui sied plus (cf ses dernières comédies, plutôt ternes). Coluche attendit longtemps avant son Tchao Pantin, espérons qu'Hollywood sera plus prompt à dénicher à Carrey le rôle de sa vie.

En conclusion, finissons cette chronique par une forme d'hommage au symbolisme des chiffres cher au scénariste de ce film, à l'heure où la théorie du complot (X-Files) et autres prophéties de fin du monde (La Fin des Temps) alimentent bon nombre de séries B assez vite oubliées mais rentables. Si je multiplie 2 par 3, j'obtiens un 6, multiple du chiffre 666, chiffre diabolique par excellence qui résume finalement assez bien mon regard sur ce thriller paranoïaque original et ambitieux, qui aurait mérité une mise en scène plus dense.

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A propos de l'auteur : GORE MANIAC

J'essaie de partager ma passion pour un cinéma méconnu, mais qui mérite incontestablement qu'on s'y arrête !

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Réalisateur:
Sortie France:
Durée:
95 min.
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