Tentacules

Un film de monstres surfant sur le succès du film "Les dents de la mer" de Stevens Spielberg. L'originalité est que la créature ici est une pieuvre géante, avec un mode de prédation très différent de celui du requin.

On retrouve ici tout ce rapport à l'exploitation de la nature par l'homme et le manque de communication autour de la créature par soucis du tourisme.

La pieuvre en elle-même n'est pas à la hauteur du terrible requin de son auguste modèle, pas assez effrayante dans ses apparitions même si elle produit son effet, notamment avec le mouvement des tentacules. Comme on alterne entre des prises de vue d'une vraie pieuvre et d'une maquette ça rend la créature difficilement crédible, même si le combat entre elle et les orques reste regardable.

Le moment de tension est intense au moment de l'attaque des enfants à la course de bateaux. Le fait qu'un humoriste soit présent juste à ce moment là pour faire son show offre un décalage d'autant plus stressant, surtout avec la mère appelant en vain son fils dans le même temps.

Encore un sous-dents de la mer, qui a néanmoins le mérite de présenter pour monstre une pieuvre, de quoi être curieux sachant les capacités particulières de celle-ci qui sont d'ailleurs bien exploitées. Ça reste à un niveau correcte mais loin de l'impact émotionnel de son modèle.

Malheureusement, TENTACULES rate sensiblement son objectif: instaurer durablement de la crainte et du suspense. La faute en incombant principalement à de trop rares agressions de la bête qui sont, de surcroit assez succinctes et loupées (les agrandissements d'un véritable poulpe sont bien trop visibles et les interractions entre les victimes et la maquette du monstre sont clairement inexistantes comme en témoigne la scène des voiliers). Quelques exceptions cependant viendront faire illusion quelques minutes (l'attaque nocturne d'un navire de secouristes particulièrement efficace et répugnante, la dégustation de trois touristes à bord d'un yatch). Pour le reste, le script n'offre que de longues pallabres passes partout entre vieilles gloires fatiguées d'Hollywood et interprètes anonymes pas très inspirés. Des papotages occultant considérablement les efforts laborieux de la pieuvre vengeresse, bouffeuse de touristes pour faire entendre les droits de la nature! Un message louable en soit mais qui se vera censuré par les "héros" lors d'un affrontement final anthologique d'une incroyable ringardise (entre le scientifique qui déblatère un discours sirupeux à deux orques et la mise en pièce d'une baudruche à peine déguisée sur fond de musique Wagnérienne, il est très difficile de garder son sérieux une minute).

Qu'est-ce qu'on retiendra finalement de ce TENTACULES ? Une biserie maladroite pas forcément indispensable, qui vaut pour deux ou trois scènes potables et le charme kitsch des années 70. Seuls les accros aux JAWS-like et autres amateurs de nanars y trouveront leurs comptes.