EXistenZ

Vous ne faites plus la différence entre le monde virtuel et la réalité alors ce film est fait pour vous. Le thème sur les mondes virtuels est récurrent dans le cinéma mais peu de cinéastes parviennent à rendre ce thème intéressant et accessible. Nombreux sont les films ridicules et confus sur ce sujet. Pour ce film, David Cronenberg nous a réalisé un film fantastique inventif et original qui nous surprend à chaque changement de lieu comme un jeu vidéo avec les différents niveaux. Il a créé un univers inquiétant et mystérieux avec ses objets organiques comme les pods, bioports ou le pistolet constitué de chaire et d'os (qui tire des dents humaines!!). Nous embarquons dans cette aventure avec beaucoup de facilité car pour une fois le scénario aux multiples rebondissements est très biens construit. Le réalisateur s'amuse à nous balader dans son monde, sommes-nous encore dans le jeu ou dans la réalité? Les acteurs se posent autant la question que nous. Le suspense est très bien mené et le coup de théâtre final nous surprend plutôt deux fois qu'une. Nous apprécions doublement de pouvoir re-visionner le film pour voir les mécanismes qui ont permis à D. Cronenberg de nous fourvoyer dans la mauvaise direction. L'inquiétante musique d'Howard Shore donne encore plus de force au film qui restera longtemps gravé dans notre mémoire.

Je fais aussi partie des défenseurs de ce Cronenberg à mon avis injustement critiqué parce que mal compris.
Les personnages ont un jeu statique d'accord, mais dès le début, ils sont immergés dans un jeu vidéo et leurs actions sont, en quelque sorte, surjouées et un peu "raides" au même titre que l'univers dans lequel ils évoluent. Univers paradoxalement instable d'ailleurs où chaque réalité est susceptible d'en englober une autre, concept qui était nettement plus obscur dans Videodrome. eXistenz reprend certes les réflexions de ce dernier, mais en y ajoutant une touche plus explicite, voire vulgarisante... et après, y'a t'il un mal à cela?
On compare constamment les deux films en regrettant le temps où Cronenberg réalisait des oeuvres plus sauvages, mais pour ma part, j'estime eXistenz aussi bon que Vidéodrome (ehh oui!) et tout autant susceptible d'engendrer des questionnments. Peu importe que la trame choisie soit celle d'un jeu linéaire et de personnages clés standardisés, c'est justement par les archétypes que Cronenberg nous pousse à chercher au delà des apparences.
Les codes proposés sont justement caricaturaux pour renforcer la sensation de décalage et de bizarerie avec des moments comme la fabrique de pods, à la limite de l'onirique tellement elle est barrée.
Ni moins bon ni meilleur que Vidéodrome, juste différent mais également bien plus maîtrisé qu'on ne pourrait le croire à priori.

Cronenberg, c'est un peu comme Lynch ; soit on accroche soit on décroche. Je suis assez d'accord avec la critique de Toxic. Pas le meilleur Cronenberg (Videodrome, la Mouche, Faux semblants, le festin nu) mais très intéressant et très révélateur de la fascination de l'organique qui hante ses films.

ExistenZ n'est pas un film de tous les jours. Cronenberg est un auteur à part dans le monde du cinéma. Ses choix, son style et sa vision sur la science est difficilement accessible par tous. C'est dommage vu que ces films sont intéressants, notamment Chromosome 3 (tellement lent mais accrocheur). Néanmoins ExistenZ ne mérite pas vraiment le détour. Trop compliqué ou trop abstrait. Que faire? Revisionner ce ramassis d'invention en tout genre relativement migraineux, ou bien le revoir pour comprendre ses méchanismes? Je ne sais pas vraiment. Le film est trop mou du genou, trop prise de tête. Néanmoins on peut retenir son ambiance à part, et ses quelques créatures bizares. Le constat est tout de même bien décevant. Incompréhensible et fatiguant.