Mother Land

Un film du désormais connu Alexandre Aja qui de nouveau s'adonne au genre horrifique mais d'une manière cette fois assez subtile, donnant un aspect ambiguë à son récit.

On suit donc l'histoire d'une mère, interprétée par Halle Berry, et de ses deux enfants. Vivant au coeur d'une forêt, loin de toute forme de civilisation, et surtout victime d'une malédiction, cette famille atypique est ainsi le coeur de l'intrigue. En effet, on les voit soumit aux conditions strictes de la survie mais aussi à une querelle interne sur le bien fondé de ce mode de vie, du fait d'un des fils qui se rebelle petit à petit contre l'autorité matriarcale.

La maison demeure l'épicentre du film où les événements primordiaux sont acté, jusqu'à la resolution de fin. Ce lieu fait à la fois figure de protection mais aussi d'isolement de nos protagonistes qui demeurent prisonniers de rites et méthodes dont l'utilité demeure incertaine, voire contre-productive.

Halle Berry est convaincante dans ce rôle de mère possessive et protectrice, au point d'en devenir inquiétante de par son côté presque fanatique. Le récit joue sur cette ambiguïté morale du bien fondé de ses actes, questionnant même à plusieurs reprises la folie plausible du personnage, dommage qu'elle n'est pas plus de temps d'écran.

A saluer la performance des deux jeunes acteurs qui interprètent les fils. Une bonne partie de l'intrigue tourne autour de la dualité de ses deux frères, l'un étant respectueux et soumit à l'autorité maternelle tandis que l'autre s'en détourne petit à petit. Le récit amène inévitablement à cette confrontation fraternelle qui est plutôt bien géré.

Le film joue sur cette ambiguïté des propos de la mère, questionnant l'existence même de la créature. Si le film tend dans la dernière partie à appuyer vers le surnaturel, on peut raisonnablement en contester la véracité de par le conditionnement psychologique des fils et la résolution de fin qui contredit explicitement la description de la mère sur l'état du monde. Ainsi, la fameuse entité peut être le résultat de l'imaginaire des fils comme de la mère, rien n'est confirmé ou contredit de manière directe, laissant au public le soin de sa propre analyse.

Un bon film de Aja qui se détourne de l'approche violence gore de ses autres films pour un résultat horrifique plus subtil mais malgre tout moins percutant. Heureusement, la dynamique familliale qui évolue tout du long du récit demeure un point fort intéressant qui permet quelques scènes assez dramatiques ou tendues.