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La Mouche - Critique

Une série B sympathique des années 50 se transforme sous la baguette de David Cronenberg en drame bouleversant ! Jeff Goldblum et Geena Davis, tous deux magnifiques, servent admirablement un scénario en béton. Chef d'oeuvre !

Publié le 24 Janvier 2008
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Quand Mel Brooks (oui, le réalisateur des cultissimes Les producteurs, Silent Movie, Frankenstein Junior) annonçait en 1985 la mise en chantier d’un remake de La Mouche Noire, classique de l’épouvante datant de 1958, on était en droit de s’inquiéter. Certes le bonhomme avait déjà produit des films de qualité et un chef-d’œuvre (Elephant Man de David Lynch) mais s'attaquer au genre horrifique s'avérait une toute autre affaire. Mais Brooks est quelqu’un de malin, et il décida de confier la mise en scène à un habitué du genre, le canadien David Cronenberg. Un réalisateur dont la plupart des films était précédée d’une réputation sulfureuse (Frissons, Rage, Vidéodrome) mais qui avait prouvé avec Dead Zone qu’il était capable, et avec quel talent, de s’affranchir d’un film de commande. Brooks n’allait pas regretter son choix, et nous non plus.

Lors d’une réception, Veronica Quaife (Geena Thelma et Louise Davis), journaliste dans une revue scientifique, fait la connaissance du savant Seth Brundle (Jeff Jurassik Park Goldblum). Ce dernier, assez farfelu, lui dévoile son invention : un appareil capable de téléporter un objet d’une cabine à une autre. Après démonstration la journaliste pense avoir trouvé le scoop du siècle mais Brundle refuse tout article. L’appareil n’est pas encore au point, il ne peut téléporter d’organisme vivant. Véronica va se laisser séduire par le génie, ce que Stathis, son patron et ex-amant ne voit pas d’un très bon œil. Brundle réussit enfin l’expérience sur un babouin. Un soir de malentendu et après avoir trop bu, il se prend lui-même comme cobaye. Mais il ne voit pas qu’une mouche s’est introduite dans la cabine...

La Mouche est donc un remake. Je ne suis pas vraiment partisan de ce principe mais lorsque la nouvelle version est supérieure à l’original (comme The Thing de Carpenter) j’applaudis des deux mains. Le film de 1958 signé Kurt Neumann (avec Vincent Price), bien que fort sympathique, était limité par son manque d’ambition. C’était une série B horrifique, ni plus ni moins. La Mouche de Cronenberg transcende largement son modèle. Le point de départ est toujours le même: un savant trop téméraire se fait prendre au piège de son invention. Mais le scénario de Charles Edward Pogue apporte beaucoup plus d’émotion à l’intrigue et de finesse psychologique aux personnages.

Car bien plus qu’un film d’horreur, c’est à un drame que nous assistons. Le drame d’un homme qui voit son corps puis son esprit se transformer inexorablement, sans espoir de guérison. Le drame d’un homme qui voit son amour pour la femme qu’il aime définitivement condamné par le mal qui le ronge. Le drame d’une femme écartelée entre ses sentiments et une situation devenue trop horrible… Grâce au scénario, à la mise en scène de Cronenberg et à la performance exceptionnelle de Goldblum, Seth Brundle ne se transforme pas en monstre mais en malade incurable. Et le film devient lui une parabole bouleversante sur le sida.

Si l’émotion l’emporte donc, et ce jusqu’à un final traumatisant, les fans d’horreur en ont aussi pour leur argent car Cronenberg nous offre quelques séquences très gores. Mais ces séquences sont entièrement justifiées et sont là pour faire avancer l’histoire, pas pour en mettre plein la vue. Au passage on saluera les maquillages incroyables signés Chris Gremlins Wallas.

Vous l’avez compris, pour moi La Mouche est bien plus qu’un film d’horreur. C’est une œuvre bouleversante, profondément humaniste, qui ne peut laisser indifférent. Un choc que Cronenberg prolongera deux ans plus tard avec son chef-d’œuvre ultime, Faux Semblants. Quant à La Mouche 2, sorti en 1989, c’est une autre histoire.

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