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Infini

Entre science-fiction et horreur, Infini bénéficie d’un cadre et d’une ambiance immersive. Toutefois, il se révèle peu inspiré sur le fond, tant son scénario emprunte énormément à d’autres classiques des deux genres. Un divertissement honnête et dynamique, mais dépourvu d’originalité.

Publié le 5 Septembre 2016 par Dante_1984Voir la fiche de Infini
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La science-fiction et l’horreur sont deux genres qui se sont rencontrés à plusieurs reprises à travers l’histoire du cinéma. On a eu droit à quelques classiques du septième art tel qu’Alien, mais aussi d’étonnantes séries B, comme Event Horizon. Si ce mélange offre de nombreuses possibilités aux metteurs en scène, il était en perte de vitesse depuis quelque temps. Il y a bien Prometheus ou Pandorum pour entretenir la flamme, mais peu de productions parviennent à sortir du lot. Le marché du DTV étant rempli d’immondices réalisées avec les pieds, Infini est un projet australien aux moyens limités (5 millions de dollars de budget), mais dont les ambitions sont de renouer avec le grand frisson aux confins de l’espace. Pari réussi?

Une attente qui en a refroidi plus d'un.

Après un petit récapitulatif pour installerle contexte et quelques notions sur un 23e siècle peu engageant (95% de la population mondiale vit en deçà du seuil de pauvreté), on nous impose une séquence pour le moins confuse. Erratique, inconstante, on parvient difficilement à savoir s’il s’agit d’un flash-back, du final qui tend à introduire l’intrigue ou tout simplement d’une mission qui s’inscrit dans une continuité linéaire. Toujours est-il que la première approche est loin d’être convaincante. De plus, on évoluera sans cesse dans des espaces clos. Sur la station spatiale Infini, ce n’est pas un problème (même si des incursions extérieures auraient été les bienvenues), mais sur Terre, quelques petites scènes auraient pu permettre de peaufiner cette vision du futur.

Un point de détail qui n’a pas de grandes conséquences. Cet aspect peut même, à certains égards, accentuer le sentiment d’isolement et de claustrophobie d’Infini; à défaut de le considérer comme un palliatif budgétaire. Exception faite d’un moyen de transports singuliers (le slipstreaming, une technologie qui téléporte les corps via un transfert de données), le scénario ressasse des poncifs qu’on attribuera à de nombreuses références. Celles citées un peu plus haut, bien sûr. L’on remarquera également quelques allusions à The Thing ou Abyss. Pour le premier, on joue sur la peur de la contamination, savoir qui est maître de lui ou pas. Faute d’entretenir l’ambivalence, cet aspect demeure anecdotique. Pour le second, il est surtout prégnant lors du dénouement.

Il y a du pain sur la planche.

Une conclusion assez surprenante, mais qui en oublie d’apporter plus de précisions sur la planète où l’équipe de sauvetage se trouve ou sur la manière dont fonctionne ce «virus». Pour le reste, l’intrigue progresse sans susciter l’ennui ou la frustration. Si tant est qu’on adhère au huis clos intergalactique, aux ambiances aussi sobres que sombres, l’immersion est au rendez-vous. Certes, l’ensemble demeure assez linéaire, on pourrait même incriminer une mise en scène passablement épileptique dans les combats qui opposent les protagonistes. Pour autant, Infini parvient à trouver une certaine constance qui casse avec la première impression qu’on se fait du film.

En somme, on appréciera un procédé dynamique et plutôt efficace ou on rejettera en bloc un long-métrage qui brasse une sensation de déjà-vu permanente. Là encore, tout dépend des affinités qu’entretient le spectateur avec le genre et ce qu’il en attend. On regrettera simplement que les aspects horrifiques du métrage ne s’invitent qu’à titre ponctuel pour que l’ensemble demeure accessible à un plus large public. Dommage, car les premières minutes au sein de la station spatiale laissaient augurer une alternance entre la suggestion et le démonstratif. Inutile de chercher des fantômes, comme peut le faire miroiter les phrases marketing sur la jaquette. Il n’y a aucun élément concernant un lieu hanté ou des esprits surgis d’un autre monde.

Dans l'espace, tout le monde peut vous filmer...

S’il ne révolutionne pas la science-fiction horrifique, Infini se montre à tout le moins distrayant et entraînant. En dépit de ses maladresses sur la forme (jeu des acteurs discutable, réalisation en dent de scie...), le long-métrage de Shane Abbess reprend des composantes déjà exploitées ailleurs, mais sans un opportunisme déplacé. Il le fait bien, même si on lui reprochera de ne pas assez creuser ses propres idées (nature de la contamination, le slipstream et la disparité du temps qui s’écoule). Il en ressort un film sans grande originalité, mais dont l’atmosphère et la progression permettent d’atténuer ses défauts. Un DTV au-dessus de ses homologues fauchés qui pèche néanmoins par son manque d’identité.

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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