Les Damnés

"Les Damnés"... Un des chefs-d'oeuvres de Visconti... Oeuvre phare dans les soirées branlettes entre intellos... Donc finalement à prendre avec des pincettes avant de le regarder... Un très bon film en effet, mais pas dénué de défauts. Il y a des fulgurances évidentes et régulières, mais pour ma part je suis gêné par un côté trop théâtral, un maniérisme dans la mise en scène, certains passages de jeux outrés "émocheune à-fleur-de-peau-d'zob" et des choix de positions de caméra discutables en fonction de qui parle (ex. Une femme étendue sur un lit. Le mec fait sa tirade Big Emocheune... mais de dos tandis que la caméra filme en plan fixe la femme allongée et totalement immobile. Plan général avec le mec de dos, on ne voit jamais son visage alors que c'est son moment "Attention je donne tout, ça va gicler partout !" ... ?!?). Y'a des moments ça me fait le même effet de quelqu'un qui s'écoute parler. Je vois Visconti se regarder filmer. Ça manque de naturel. Le mec se touche mais ça fait surtout plaisir à son égo... Des acteurs franchement très bons se mettent par moments à en faire des caisses avec une gestuelle appuyée parfois risible (on a le droit de la part d'une des actrices au geste qui a servi mille fois dans des parodies, qui consiste à le lever le bras, paume de la main sur le front, tête en arrière avec un air constipé pour montrer qu'on ressent une pure "émocheune" déééééévastatrice. D'autres moments sentent plus le réglage du metteur en scène que le déplacement naturel d'un acteur. Et puis il y a cet étrange passage en milieu de film qui dure presque 1/4 d'heure, juste avant l'assassinat de soldats allemands, où l'on assiste a des moments de détentes beaufs et paillards entre soldats dépravés... 1/4 d'heure... 1/4 de siècle pour moi... Raccourci en 3 mn on aurait compris le message ! Mais bon, sans être le film immense présenté par certains, il y a réellement des moments intenses, très très intenses. Une interprétation solide en dehors des moments "Putain l'émocheune m'envahi un truc de ouf, je vascille sous le choc", certainement dirigé par un metteur en scène un peu trop dans son trip. Le plaisir de voir une Charlotte Rampling, alors très jeune et absolument magnifique, dans un rôle secondaire qu'elle tient merveilleusement bien, devenant certainement le personnage le plus touchant dans cet épouvantable nid de vipères. Car pour ceux qui aiment les trucs sulfureux, y'a du lourd: Manipulation, trahison, meurtre, déportation, homosexualité, pédophilie, inceste, suicide... Que des gens hyper attachants et recommandables quoi !