Dream Home

Jusqu'où est-on capable d'aller pour obtenir la maison de nos rêves? Ce slogan tiré de l'affiche du film l'explique bien. Une jeune femme décide de tout sacrifier pour s'acheter l'appartement de ses rêves et, après avoir sacrifié la vie de son père, mourant, pour pouvoir le payer et après avoir zigouillé une dizaine de personnes (attention spoils!) elle est confrontée à un problème, la crise financière! Rideau, le film est finit, constat: gore, un slasher plutôt dramatique où la "tueuse" se voit donner un côté plus humain, quelques scènes choquantes mais cela reste un bon long métrage, à voir pour les amateurs du genre.

« Dans une ville folle, pour pouvoir survivre, il faut être encore plus fou. » Tels sont les premiers mots de Dream Home qui laissent augurer d’un film d’horreur atypique sur fond d’une tout aussi intéressante critique sociale. Nous suivons donc alors la vie tourmentée d’une jeune femme qui s’acharne à trouver l’appartement de ses rêves à un prix abordable. Pour cela, elle ne recule devant rien. Les heures de travail s’accumulent sans qu’elle ne sourcille, les difficultés de santé de son père deviennent de plus en plus contraignantes. À cela s’ajoute un marché immobilier incertain qui brinquebale dans un sens puis dans l’autre. La pression monte jusqu’à ce qu’elle éclate.

Annoncé comme un mélange des genres pour le moins éclectiques, Dream home a de quoi interloquer. Tant de par son scénario que par sa violence explicite qui saute aux yeux à l’écran, et ce, dès les premiers instants. Un traitement sans concession qui n’a pour seul objectif de montrer en exergue la barbarie humaine dans une jungle de béton. Hong Kong est avancé comme un personnage à part entière. Dédale intimidant de gratte-ciel et autres bâtiments rivalisant d’arrogance, la mégalopole est décrite comme une impitoyable entité engloutissant tout sur son passage. Tant de par sa constante évolution (les constructions, les travaux…), Hong Kong abrite des êtres contraints par la force du contexte à s’adapter à cet environnement hostile.

C’est en cela qu’il demeure intéressant d’apposer un regard nouveau. Le contexte socio-économique façonne les mœurs de la population, laissant au placard l’éthique qui n’a pas sa place en cet endroit. De là à penser que la loi du Talion est le maître mot, il n’y a qu’un pas. Seulement, le récit pâtit de constants flashbacks qui jonchent le déroulement de l’intrigue. Cela n’aurait pas été gênant si les repères chronologiques nous projeter une fois en 1991, en 2004, en 1997 et retour en 2007 (là où se passe l’histoire). Un montage brouillon qui entache véritablement une production séduisante et audacieux par ses choix esthétiques (prépondérance d’une atmosphère aseptisée, presque exsangue) et une thématique rarement abordée au cinéma sous cet angle.

Dream home interpelle par son indéniable ardeur à mettre en évidence le problème du logement. Reflet d’une société qui aliène progressivement l’individu afin d’exploiter sa fragilité dans ses derniers retranchements, le film d’Ho-cheung Pang sort des sentiers battus. Quoi de mieux pour dénoncer cela que de poser le regard tellement extrême (et juste) d’un cinéma asiatique ambitieux qui va au-delà des apparences. Seul bémol de taille, une narration qui tranche l’ambiance par des retours en arrières omniprésents et brouillons. En dehors de cela, nous sommes en présence d’une petite perle made in Hong-Kong qui s'interroge sur le devenir de notre mode de vie.