The Coffin
Pour le critique de cinéma, il existe en gros trois catégories de films : ceux qu'il a beaucoup apprécié et sur lesquels il y a beaucoup à dire, ceux qu'il a détesté et sur lesquels il y a également beaucoup de choses à raconter et puis il y a la dernière catégorie: ceux qui laissent indifférent. C'est celle-là qui donne le plus de fil à retordre au critique consciencieux et désireux d'informer son lectorat le mieux possible, car les films de cette catégorie sont généralement inspides. De fait, les critiquer devient très difficile car il n'y a pas grand chose à en dire.
Pour vous parler de The Coffin, je pourrais vous raconter que c'est un film atmosphérique et teinté d'exotisme, que son déroulement lent est propice à mettre en place une ambiance étrange ou que ses nombreux dialogues contribuent à mieux comprendre les rites de la culture thaïlandaise, c'est vrai, je pourrais vous dire tout ça. Mais ce serait déformer la vérité car pour être honnête, The Coffin est juste chiant.
Une mise en bière ratée...
Il existe un rituel thaï qui consiste à s'endormir dans un cercueil afin de se débarrasser de son mauvais karma et ainsi d'éloigner le mal ou la mort.
Chris dont la fiancée se meure et Sue atteinte d'un cancer en phase terminale décident d'accomplir ce rituel pour changer leur vies. Mais ils sont confrontés à une serie d'incidents paranormaux durant le rituel. Ils décident tout de même de poursuivre l'expérience.
Bientôt, des évènements terrifiants viendront les hanter, et avec l'aide d'un professeur spécialisé dans les rituels et événements paranormaux, ils vont tenter d'exorciser les fantômes qui les hantent...
Un plan d'introduction de toute grande classe.
Le problème de The Coffin, outre le manque d'action et ses scènes étirées plus que de raison, c'est qu'il est vendu comme un film d'épouvante. Or, à l'exception de quelques séquences horrorifiques (dont une très jolie scène dans un couloir de miroirs et une autre dans un cercueil qui se remplit de sang), il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent. Le film se présente plus comme un drame fantastique teinté d'horreur que comme un film d'horreur véritable. D'où, problème, car le spectateur se sent un peu lésé sur la marchandise. En lieu et place d'images sanguinolentes ou de fantômes effrayants, il a droit à de nombreux dialogues et à des scènes où il ne passe rien.
Le film parle d'amour et d'amitié, explore la psychologie de ses personnages et des conséquences de leur choix, et il faut reconnaître que de ce point de vue c'est assez bien fait. C'est tout à l'honneur du réalisateur Ekachai Uekrongtham qui a su se montrer efficace pour dépeindre le tourment de ses protagonistes.
On restera par contre un peu plus réservé en ce qui concerne le montage car beaucoup de scènes sont un peu trop étirées, de même que des plans d'inserts inutiles parsèment le métrage, ce qui a pour effet de ralentir un rythme déjà peu trépidant à la base.
Heureusement, les acteurs sont de qualité et très crédibles en plus d'être sympathiques, ce qui aide à faire passer la pilule.
Blood bath!
Graphiquement, le film est beau, à l'image de cette superbe introduction où des centaines de cercueils sont disposés autour d'une gigantesque statue thaïlandaise. Les séquences d'épouvante sont également bien troussées avec des fantômes qui ont le bon goût d'éviter le cliché "femme aux cheveux longs". Mais là où le bâs blesse, c'est clairement au niveau du rythme et de la narration. Les enjeux mettent trop de temps à se dessiner et les frissons sont trop rares pour un film estampillé "épouvante/horreur". Dommage, car on avait envie de l'aimer ce Coffin.
Malgré tout, je ne déconseillerais pas la vision de ce film Thaïlandais car les amateurs d'histoire atmosphériques ou de films asiatiques pourront peut-être l'apprécier. Pour celà, ils devront tout de même garder à l'esprit qu'il s'agit d'un drame fantastique parfois intimiste et non pas un film de fantômes classique.
Un film de Ekachai Uekrongtham
Avec : Ananda Everingham, Florence Faivre, Andrew Lin, Karen Mok