Phénomènes
Un film de SF mâtiné d'horreur, dans la lignée de la guerre des mondes version Spielberg. Simple, efficace malgré ses incohérences et bien réalisé. Le début de la résurrection du grand Shyamalan?
Souvenez-vous, on était en 1999 et une bombe allait débarquer en mettant tout le monde d'accord: 6ème sens. Son réalisateur était alors propulsé sur un piédestal. Les critiques étaient dythirambiques. La suite allait être un peu moins joyeuse, chacune de ses oeuvres divisant profondément le public. Les détracteurs dirent qu'Incassable était lent, que Signes était incohérent avec ses aliens qui attaquent une planète recouverte à 75% par un élément mortel pour eux, que Le village était...nul tout simplement etc... Et puis vint la jeune fille de l'eau où presque tout le monde s'accorda à dire que le cinéaste avait touché le fond.
C'est dire si l'attente autour de son nouveau film ne provoquait pas l'hystérie, surtout que l'on savait qu'il avait été accouché dans la douleur (problèmes avec la société de production, remaniements de scénario, refus de permis pour tourner dans certains lieux...). Et pourtant, lorsque les premières bande-annonces furent diffusées, l'impatience commença à poindre. Quel est ce mystérieux phénomène qui pousse les gens à se suicider? Le pitch de départ devenait drôlement excitant. Allait-on assister au retour du grand M. Night Shyamalan?
Il se passe quelque chose...
Surgi de nulle part, le phénomène frappe sans discernement. Il n’y a aucun signe avant-coureur. En quelques minutes, des dizaines, des centaines de gens meurent dans des circonstances étranges, terrifiantes, totalement incompréhensibles. Qu’est-ce qui provoque ce bouleversement radical et soudain du comportement humain ? Est-ce une nouvelle forme d’attaque terroriste, une expérience qui a mal tourné, une arme toxique diabolique, un virus qui a échappé à tout contrôle ? Et comment cette menace se propage-t-elle ? Par l’air, par l’eau, ou autrement ?
Le 1er mort d'un fantastique plan-séquence...
Et bien, une fois de plus, le nouveau bébé de Shyamalan va profondément diviser les foules. Pourtant, on retrouve par moments la grâce qui avait fait du réalisateur un incontournable de ce début de siècle. Certaines séquences sont tout bonnement impressionnantes et effrayantes. Toute la partie dans la maison de la vieille folle est réellement stressante, le plan de la voiture qui se jette contre un arbre est totalement inattendu, et en général, la plupart des suicides sont vraiment bien faits.
Sur la réalisation il n'y a pas grand chose à reprocher, Shyamalan sait faire monter la tension et la maintenir tout en nous offrant des plans de toute beauté. On notera juste une séquence un peu étrange: celle dans la gare. Alors que celà devrait être la panique, les gens donnent plus l'impression de partir en vacances. Celà s'explique par le fait que l'équipe a dû tourner en pleine journée, sans déranger les usagers. Les fameux problèmes de permis de tourner...Ce n'est pas vraiment dérangeant, mais sur le coup ça paraît un peu bizarre. Sinon à part ça, le reste est parfait.
Nos 3 héros complètement désemparés...
Non, le problème vient en fait en partie du scénario et surtout des acteurs. L'histoire est calquée sur la Guerre des mondes version Spielberg, avec sa petite famille qui ne fait que fuir à travers à le pays tout en devant composer avec d'autres personnes qui ne pensent qu'à elles. On retrouve même le personnage fou qui accueille les héros chez lui (Tim Robbins chez Spielberg, la vieille folle chez Shyamalan). L'autre souci est que c'est parfois fort invraisemblable, exemple: nos héros et leurs compagnons sont au milieu des champs, se séparent en deux groupes mais manque de chance, l'un se fait attaquer par les spores des plantes et pas l'autre. Mouais, c'est un peu gros... Heureusement, excepté ces quelques errements, la plupart du film est tout de même bien cohérent.
Les acteurs, quant à eux, ne sont pas loin d'être catastrophiques. Mark Wahlberg donne l'impression d'avoir été taillé dans le marbre ou d'être atteint de paralysie faciale (au choix) et peine à donner l'émotion nécessaire à son personnage. Même remarque pour Zooey Deschanel qui promène son regard vide d'un bout à l'autre du métrage en se demandant ce qu'elle fait là. La petite fille s'en sort mieux et parvient même à être touchante, John Léguizamo étant évidemment une nouvelle fois le meilleur.
La petite fille et son père...
Néanmoins, malgré ses tares, le film s'avère vraiment plaisant, surtout grâce à l'excellente réalisation de Shyamalan qui nous prouve ici qu'il n'a rien perdu de son talent à faire monter l'angoisse. On restera par contre un petit peu sur sa faim au niveau de l'écriture du scénario. Les nombreux remaniements demandés par les producteurs ne sont peut-être pas étrangers à ces soucis et il faudrait voir la version que Shyamalan leur avait proposée au départ pour se faire une idée.
Toutefois, si vous avez aimé le 6ème sens, Signes et la Guerre des mondes, vous apprécierez ce Phénomènes qui mérite au moins une vision.
Quand le vent est ton ennemi, il faut savoir courir vite...
Un film de M. Night Shyamalan
Avec : Mark Wahlberg, John Leguizamo, Zooey Deschanel, Spencer Breslin