Paradox
Voyager dans le temps, c’est bien. Mais quand l’avenir vient à vous sans que vous preniez la peine de vous déplacer, c’est encore mieux ! Tel est le concept initial de Paradox, série britannique éphémère, où un scientifique reçoit des images de catastrophes qui ne se sont pas produites, du moins pour le moment. Vous l’aurez deviné, le but est de les empêcher pour sauver des vies. Une base simple aux ramifications complexes en ce qui concerne les conséquences de la modification de notre destin. En ce sens, les scénaristes s’appuient clairement sur le Déjà-vu de Tony Scott avec sa technologie avancée et les messages du futur. Une idée porteuse correctement exploitée et injustement boudée ?
Si ce genre d’intrigues disposent toujours d’un potentiel évident, il nécessite néanmoins un développement mesuré et soigné où chaque fil tissé possède une finalité, à tout le moins un objectif précis. Or, Paradox multiplie les interrogations pour… ne répondre à aucune des questions évoquées ! Il fallait sans doute davantage que cinq épisodes pour apporter certains éclaircissements, mais on a l’impression d’assister à un pilote qui pose les bases et suscite la curiosité sans rien vraiment attendre de l’avenir (un comble !). Ce sentiment d’inachevé n’est pourtant pas le seul écueil en vue, loin de là.
Chaque épisode se calque un schéma quasi identique. À l’aide de clichés mal dégrossis, flous ou partiels, les protagonistes doivent recomposer le puzzle des événements. Or, le travail d’investigation n’est guère surprenant ou passionnant à suivre. Le suspense peine à maintenir l’attention du spectateur tout en le guidant vers des tracés préétablis. Le rassurer est au programme ; l’étonner ne l’est apparemment pas. Témoignages, archives, interrogatoires. L’enrobage respecte le cahier des charges de la série policière tout en ressassant des poncifs maladroits et des retournements de situation peu plausibles.
Quand il s’agit de se pencher sur la modification de l’avenir, on botte littéralement en touche avec des considérations sommaires au possible, des craintes plus ou moins (in)justifiées et des choix scénaristiques discutables. Dès le début, l’entreprise est vaine (dans tous les sens du terme). Entre faux espoirs, héroïsme et désillusions, on est en droit de se demander l’intérêt de la démarche avec l’impression de s’être fait floué sur les intentions de départ. Faut-il modifier le cours du destin ? En sommes-nous capables ? Oui, non ou finalement oui ? La série tergiverse, patauge et ne parvient même pas à trouver une réflexion propre et un ton singulier pour s’imposer.
De fait, la place allouée à la science-fiction est rapidement reléguée en fond de tâche. Un moteur pour l’intrigue certes, mais qui s’efface sans difficulté au profit de dialogues plats et sans consistances sur le passé des responsables et/ou des victimes des catastrophes en devenir. L’atmosphère ne dégage rien d’autre qu’une grande indifférence, au même titre que certaines séquences sur lesquelles plane un silence aussi incongru qu’inopportun. Comme si les différents intervenants tentaient d’improviser sans trop savoir quelle répartie offrir à leurs collègues. Un traitement grossier, maladroit et mal maîtrisé.
Bien que le casting soit loin d’être incompétent, il ne semble guère impliqué par l’urgence de la situation. Des réactions pataudes, voire contradictoires, et l’on perd le peu d’intérêt porté à la série à cause d’une interprétation sans panache, presque transparente. Là encore, les lignes principales de leurs caractères sont tracées sans trop les creuser. Nullement attachants ou détestables, leurs personnages ne suscitent qu’une vague indifférence au vu des épreuves qu’ils doivent traverser. Esquisse peu fouillée de portraits que l’on voudrait torturés et complexes qui, en réalité, dévoilent une façade lisse et superficielle.
Au final, Paradox laisse un goût d’inachevé en travers de la gorge. En dehors d’une base solide, cette série ne parvient qu’à introduire divers éléments sans jamais apporter une touche singulière dans le développement de son sujet. Peut-on prédire l’avenir ? Sommes-nous capables de contrecarrer les desseins du destin ? Des questions en pagailles qui ne trouveront aucune réponse si ce n’est celles de la facilité. Investigations banales, suspense peu présent et propos maladroits jonchent chaque épisode pour ne retirer qu’un intérêt minimal. La faute à trop de pistes ouvertes et un dénouement qui ne surviendra jamais. Clairement dispensable au vu de la frustration procurée.
Un film de Simon Cellan Jones, Omar Madha
Avec : Tamzin Outhwaite, Emun Elliott, Mark Bonnar, Chiké Okonkwo