Krampus Unleashed
Dans la catégorie des films d’horreur de Noël, on distingue plusieurs types de productions. Celles qui démystifient l’image symbolique du père Noël. Les métrages qui usent du contexte de manière plus ou moins abusive. Et enfin ceux qui explorent la face cachée de cette fête, en mettant souvent sur le devant de la scène des antithèses du père Noël, comme le Grinch, Saint-Nicolas ou Krampus. Pour ce dernier, l’incursion était particulièrement réussie avec le film éponyme de Michael Dougherty. Dans le cas présent, l’a priori est tout autre puisqu’on le doit au cinéaste qui a commis Krampus the Reckoning. L’homme réitère l’exploit de faire (presque) aussi mauvais que son prédécesseur.
Apparemment, la lecture n'est pas le fort du scénariste
La présentation est plutôt incongrue puisqu’on nous narre une sombre légende de trésors issue du Far West. Une introduction fauchée et quelques années plus tard, on entre dans le vif du sujet... ou pas! Pour les fêtes de Noël, on dispose d’un cadre inattendu, celui du désert. On est bien loin des clichés enneigés et des sentiments mielleux inhérents à une telle période. Une petite touche d’originalité qui joue d’incohérences et de surréalisme pour transposer le mythe de Krampus dans un contexte hors de propos. Même si le choix est douteux, il n’est rien en comparaison d’une intrigue foncièrement terne où les jacassements des protagonistes révèlent une inspiration clairement limitée.
Car la réunion de famille qui s’annonce occupe un pan majeur de l’histoire. On ne peut reprocher l’installation des intervenants et du récit. Mais l’approche fait sombrer rapidement le film dans une succession informe et saccadée de séquences maladroites, pour ne pas dire inintéressantes. On incorpore des personnages secondaires passablement inutiles. On multiplie les errances dans l’évolution narrative. Et on achève le tout par des échanges froids pour le moins stupides. Malgré une entame convenue et néanmoins violente dans sa finalité, on s’inflige près de 50 minutes de palabres incessantes avant d’entrer dans le vif du sujet. Pour un film de 79 minutes, un handicap certain.
Krampus dérangé pendant son repas de Noël
Il est vrai que le spectacle qui s’ensuit est assez généreux. Le côté artisanal délaisse d’immondes trucages en images de synthèse pour privilégier la présence d’un type en costume. Les éviscérations, les décapitations et autres joyeusetés jouissent d’effets gores rudimentaires, mais pas déplaisants pour un budget aussi anémique. Bien entendu, pour y pallier, le cinéaste use d’un cadrage approximatif et de hors-champ à même d’amoindrir la pauvreté des exécutions. Il n’hésite pas non plus à expédier à la va-vite les irruptions du monstre. Dans l’ensemble, on se retrouve avec un trip qui évoque les années1980. Assez désuet, mais qui a le mérite de minimiser le peu de moyens mis en œuvre.
Ce n’est pas pour autant qu’on verra en Krampus Unleashed une modeste incursion en la matière. Bien que nerveuse, la dernière demi-heure tend progressivement vers une mauvaise farce qu’il convient de conclure. De préférence, le plus maladroitement possible. En l’occurrence, on tente de trouver des raccourcis et des justifications pour correspondre avec la légende initiale et de placer les personnages dans un cadre opportun. Les artifices sont grossiers et peu crédibles pour parvenir à un dénouement poussif. Quant à l’épilogue, il se fourvoie dans une plaisanterie aberrante. Absurdité qui se paye le luxe de casser le ton sérieux jusqu’alors présent.
Encore un type qui avait le bras long...
Au final, Krampus Unleashed est un métrage fauché qui ne propose qu’un spectacle minimaliste et fainéant. Laborieux dans sa mise en place, le film de Robert Conway traîne en longueur pour déboucher sur une considération binaire de Krampus. En l’occurrence, la créature est reléguée à un rôle de psychopathe monstrueux digne d’un slasher sans imagination. D’ailleurs, la progression tend à confirmer ce constat par le biais de meurtres aussi gratuits qu’improbables. Il demeure néanmoins un tableau de chasse bien pourvue et guère avare en effets sanguinolents. Une piètre consolation pour ce qui s’impose comme un métrage poussif et conventionnel au possible.
Un film de Robert Conway
Avec : Amelia Brantley, Bryson Holl, Caroline Lassetter, Taylor Buckley