Age of Dinosaurs
Depuis Le monde perdu d’Arthur Conan Doyle, les dinosaures ont souvent été source d’émerveillement pour les enfants et d’aventures pour les adultes. Des classiques du septième art en séries B anecdotiques, le sujet a connu un véritable regain d’intérêt avec Jurassic Park. À divers degrés d’appréciation, le roman, comme les films, a su marquer les esprits. Depuis, les productions notables en la matière sont devenues rares. D’ailleurs, la majorité d’entre elles concernent un public familial. En marge de ces initiatives, les reptiles sont également la victime du survival animalier. Raptor, Ptérodactyles ou Aztec Rex demeurent de tristes exemples. Nul ne doute où se trouve la place d’Age of Dinosaurs...
Quand on est une victime du petit écran, il ne faut pas s'étonner de jouer dans un cadre restreint...
Nouvelle bévue de l’association méphitique SyFy/Asylum, le film de Joseph Law lorgne copieusement sur l’œuvre de Michael Crichton. Il n’est pas question de visiter un parc d’attractions préhistoriques, mais d’entreprendre des expériences scientifiques pour ressusciter des dinosaures. L’objectif? En faire une attraction à part entière. La thématique a beau trouver quelques ficelles communes, il n’en demeure pas moins un gouffre béant entre le modèle et le plagiaire opportuniste. Et cela ne tient pas qu’à un manque de moyens évident, mais à une inspiration bancale librement détournée vers un trip qui évoque le final à San Diego de The Lost World: Jurassic Park.
Le fait de se focaliser sur une invasion de dinosaures en plein Los Angeles n’est pas foncièrement mauvais. L’environnement urbain possède un potentiel sensiblement différent que celui d’une jungle ou d’endroits naturels propres à accueillir les reptiles préhistoriques. Non, ce qui est exaspérant réside dans un traitement négligé où l’on passe du huis clos mineur façon Carnosaur à une espèce de film catastrophe grandiloquent et bon marché. Les rues de la Cité des anges sont cruellement désertes. Cela vaut autant pour la circulation que pour les piétons, piètres figurants gesticulant à tout-va devant un cadrage relativement immonde.
Il faut croire qu'il se voyait déjà en haut de l'affiche !
On fera l’impasse sur la pseudo-intrigue percluse d’absurdités en pagaille et de facilités scénaristiques. Il n’y a aucune cohérence dans le prétexte initial ou dans la suite de cette débandade annoncée. Entre la menace d’une nouvelle ère préhistorique et la résurrection d’espèces agressives (les herbivores n’ont pas voix au chapitre, ici), on assiste à un florilège de stupidités qui jouent dans la surenchère. Quant aux comportements des protagonistes, on le trouve navrant ou, plus souvent, d’une bêtise égale au ton général. Les sacrifices n’ont aucun mérite et surtout aucun sens, tandis que la progression est laminée par de faux raccords, sans oublier un cadre délétère d’une rare indigence.
Il est vrai que le bestiaire reste assez varié et contraste avec des images de synthèse bâclées. Les animations sont aussi grotesques que rigides. Chaque mouvement des grands prédateurs laisse à penser à des reptiles épileptiques, doublés d’une profonde débilité. Les échelles sont peu respectées et l’on se demande bien comment des T-Rex et consorts jouent les filles de l’air au sommet de gratte-ciels. En somme, on assiste à un festival de stupidités et d’aberrations. Les ptérodactyles s’essayent à une nouvelle forme de transport en commun, tandis que les raptors s’improvisent explorateurs urbains. Pourtant, on était en droit de nourrir un minimum d’attente d’un réalisateur avant tout versé dans les effets spéciaux.
Au moment des soldes, on croise aussi des bêtes à cornes.
Au final, Age of Dinosaurs est un survival animalier comme on en voit tant. Sur la base d’un scénario prétexte, le film de Joseph Law demeure poussif sous toutes les coutures. Dénué d’un quelconque second degré susceptible de ravir les amateurs de nanars, il ne subsiste qu’une triste contemplation d’un genre et d’un acteur principal (Treat Williams) en pleine déchéance. Les morts se succèdent de manière irrégulière et se ressemblent dans les hors-champs qu’elles nous infligent. Cela sans compter des dinosaures ratés en tout point avec une incrustation d’images bonnes pour nous renvoyer à l’ère des 32 bits, rien que ça! Un spectacle affligeant que rien ne parvient à sauver.
Un film de Joseph Lawson
Avec : Treat Williams, Ronny Cox, Jillian Rose Reed, Max Aria