The Chaser

C'est un film Coréen tourné en Coréen, d'ailleurs curieusement, bien que n'étant pas un spécialiste des langues orientales, on distingue une nette différence avec du Chinois ou du Japonais graçe aux intonations très différentes. Pour revenir au film, ça a beau être asiatique ce n'est pas pour ça que le film est tordu, ni gore ni glauque. Ainsi, içi, point de gangsters appartenant aux triades si chers au film de John Woo, ou autres réalisateurs de même origine qui fréquenteraient je ne sais quel tripot enfumé, ni d'immondice dégeneré dont se complait à décrire Herman Yau. Le réalisateur filme des rues très ordinaires, avec 2 personnages autour desquels le film tourne. On a bien un maquereau ancien flic, qui redevient flic, assez inexplicablement, et un sadique qui ne ressemble pas du tout à un sadique. C'est à dire que le réalisateur n'a pas voulu stéréotypé les personnages. De même que la prostitué enlevée n'est ni alcoolique, ni droguée, ni marginale, mais semble être au contraire une personne équilibrée qui de surcroit est mère d'une petite fille. Voilà qui tord le coup à l'image de la prostitution.Est-ce ainsi en Asie ?, je ne saurai répondre à cette question, car je ne m'y suis jamais rendu.Et c'est un peu pareil pour les scènes de violences qui ne sont pas si violentes que ça, hormis celle du début du film à coup de marteau, qui tout bien réflechie est plutôt laborieuse, on croirai voir le pépé de leather face dans "massacre à la tronconeuse" de 1974.Il faut aussi critiquer le jeu des acteurs et les dialogues, on se dit que les asiatiques sont polis et là on a affaire à des flics particulièrement vulgaires. Et la c'est assez incroyable ils laissent l'ex-flic ex-maquereau redevenu flic tabasser le suspect, et ensuite devoir relacher le meme suspect pour aveux obtenu sous la torture. Demander à notre cher inspecteur Harry Calahan dans "l'inspecteur Harry" ce qu'il en pense !.D'ailleur ce qui est assez incroyable, c'est la façon qu'a notre suspect d'avouer les meurtres, il y a la aucune intensité recherchée dans la mise en scène, et on a l'impression que notre homme avoue un banal vol à l'étalage. Au moins le réalisteur a le mérite de mettre en avant un film qui sort de l'ordinaire en sortant totalement des sentiers battus. D'autant que tout cela s'inpire de faits divers réel, ayant eut lieu à Séoul en Corée, ou un homme a assassinée une douzaine de prostituées, et à été condamné à mort pour cela, la seul condamnation à mort qu'une cour de justice du pays n'ait jamais prononcéé.

Comme beaucoup de films asiatiques, j'ai vraiment redouté le moment de mettre le DVD pour voir The Chaser. Mais les critiques étant dithyrambiques sur ce film, et aimant bien les thriller, je met le film et le regarde attentivement. Le début est très intéressant, le personnage principal, proxénète de luxe et ancien flic qui voit ses filles disparaitre les unes après les autres est plutôt bien joué et présente un background très travaillé. On nous présente la ville comme un baisodrôme géant une fois la nuit tombée, et on ressent bien cet ambiance à la fois festive et malsaine avec les touristes mais aussi les prostitués. Le deuxième personnage est lui aussi très intéressant car pas charismatique, avec un physique ingrat et qui se révèle être un pur psychopathe aimant tuer les femmes à coups de marteau et de burin. On est assez surpris au début et c'est tant mieux. Mais l'originalité du film est qu'il se fait arrêter de suite dans la rue, mais personne ne sait où il habite et il commence à faire chier les flics en leur disant que oui, il en a tué mais que de toute façon, ils n'ont aucune preuves contre lui. Et bizarrement, j'ai trouvé toute cette partie super longue, et l'acteur perd tout son charisme pour devenir quelconque, ce qui est dommage. Vient ensuite une critique acerbe du système policier sud coréen qui permet la libération du taré en question et l'arrestation finalement du héros. OK, c'est original, OK la surprise est là, mais bon dieu que c'est long! Du coup, on perd du rythme, et on s'ennuie devant son écran. Heureusement que les dernières minutes sont un peu mieux avec un second souffle de l'acteur jouant le psychopathe et une violence inouïe qui se dégage des scènes finales. Malheureusement cela ne sauve pas le film d'un certain ennui et de la volonté que l'on en finisse vite. Un film qui oscille entre le bon et le moyen, original mais trop long.

The Chaser m'a fait penser au cinéma de Park Chan-Wook (Old Boy) par ses personnages décalés et attachants, sa violence crue, son émotion brute et sa mise en scène soignée. Cet opposition entre cet ancien flic devenu macro et son sérial killer d'apparence inoffensive mais doté d'un esprit diabolique ne laisse pas indemme. Rythmé, doté d'un suspens omniprésent mais aussi de séquences d'émotion pure (avec la petite fille), The Chaser se révèle une excellente surprise venue de l'est. A voir!

Au moment j’écris ces lignes, je n’ai toujours pas vu le fameux MEMORIES OF MURDER auquel beaucoup font référence quand ils parlent de THE CHASER. Parlons en simplement : c’est une bombe, comme d’habitude. Parce que l’Asie est, et reste toujours depuis une décennie, ce qui ce fait de mieux en terme d’efficacité et de nouveauté. La Corée du sud frappe fort, très fort. Il faut préparer avant de s’attaquer au film de Hong-jin Na. Oubliez tous les thrillers à l’américaine et ses pâles copies ! THE CHASER n’est pas cela, il est mieux que ceux là ! Une chasse à l’homme qui ne s’arrête pas pour boire. Une très grande maîtrise de mise en scène. Pas de temps morts ni de paroles inutiles. Tous servent ce film sans exceptions qui ne laisse que peu de répit au spectateur. Sur base d’un sérial killer torturé, une course contre la montre entre deux simples hommes. Un ex flic devenu macro et un jeune homme dérangé qui se livre une bataille mémorable jusque dans ces derniers instants. Mais le film ne s’arrête pas seulement à de violentes séquences graphiquement somptueuses mais d’abord aux déboires sentimentaux caché d’un homme qui se rendra compte au fur et à mesure qu’il aime plus ses filles que ce qu’il laisse paraître. THE CHASER, c’est aussi l’innocence souillée. D’une façon crue par son réalisateur. Certains passages, quoi que tous réalistes, sont difficilement supportables. L’on a vraiment envie par moment de rentrer dans le film pour tuer soi-même celui par qui vient la mort. Mais ce n’est que pour mieux nous faire voyager le long d’un fleuve tranquille bousculé par une énorme tempête. Le tout interprété avec mention par d’excellents comédiens, que je ne connais pas mais qui reste pour la plupart gravés à l’intérieur. En espérant que THE CHASER serve d’exemple aux occidentaux, j’espère pouvoir encore longtemps admirer de tels films aussi puissants que le soleil.