La Mort en Direct

Roddy, caméraman pour une puissante chaîne de télévision, se fait greffer une caméra dans son cerveau. Ainsi, tout ce qu’il voit est enregistrer par des moniteurs. La chaîne va s’en servir pour filmer la lente agonie de Katherine, une jeune femme atteinte d’un mal incurable. Avant l’œuvre visionnaire de Stephen King, l’excellent Running man, David Compton écrivit une nouvelle dénonçant le danger et l’influence des médias sur notre personne. Bertrand Tavernier adapte sa nouvelle avec brio. La télé-réalité n’était pas encore naît, mais certaines personnes ont anticipés sa venue. L’émission du film consiste à filmer en direct une jeune femme mourante afin de captiver le spectateur par son agonie et sa tristesse. Un concept voyeur et malsain auquel les producteurs n’ont aucun scrupule à montrer des moments d’intimité très difficile de Katherine. Une idée dérangeante sur le plan éthique qui n’empêche en rien de battre tous les records de l’audimat. L’audience n’a jamais été aussi forte et se délecte de ses images. On s’interroge alors sur les limites de la télé-réalité. En France, malgré les Star Academy et autres émissions stupides prônant l’idiotie et la suffisance, nous sommes épargnés par les émissions scabreuses et dérangeantes. Par exemple, en Australie, des candidats postulent pour une production de télé-réalité quelconque. Ils ne savent pas s’ils sont retenus, mais les dirigeants ont sélectionné la personne. Quelques jours plus tard, le candidat a un grave accident de voiture. Celui-ci est orchestré par la production et est encadré par des cascadeurs. Lors de son séjour à l’hôpital, la victime apprend qu’elle sera paraplégique pour le restant de sa vie. Bien sûr, il n’en est rien et on lui a administré un puissant anesthésique afin de lui donner l’illusion qu’il est véritablement paralysé. Mais quel genre de personnes pourraient regarder pareil spectacle, me direz-vous ? Vous, moi, n’importe quelle personne quelconque. L’émission a merveilleusement fonctionnée. A quand, une mort en direct ? Je suis certain que les producteurs y songent d’ores et déjà. La mort se vend et très bien. La scène où Katherine négocie sa mort comme un vulgaire produit en est le parfait exemple. Une négociation rondement menée pour la modique somme de 600 000 $. Au-delà du thème principal, le film traite de la peur de la mort. Comment l’aborder et se résigner à l’affronter. Une notion difficile à appréhender, mais inévitable pour chaque être humain. En conclusion, La mort en direct traite d’un sujet d’actualité et dérangeant. Quelles sont les limites de cette société moribonde tentant de faire admettre pareille ignominie ? Le pire, c’est que l’on accepte sans broncher, tels de doux agneaux se dirigeant inexorablement vers l’abattoir. Une déchéance annoncée de longue date.