La Horde

La mise en situation est assez sommaire mais les zombies arrivent assez vite et permettent de rentrer dans le vif du sujet d’un survival d’un groupe d’humains, unissant des flics et les malfrats pour lesquels ils étaient initialement venus faire un carnage. Et le carnage aura bien lieu, pas dans le sens où ils le pensaient, mais le sens ou nous l’attendions. Les situations qui s’enchainent ensuite sont classiques et convenues mais d’une efficacité satisfaisante et rarissime dans le cinéma français. Le fait que ce métrage soit français est d’ailleurs un réel avantage pour sa noirceur, son réalisme et son coté film d’auteur dans le genre « l’aspect artistique a été privilégié à l’aspect commercial ». Il est aussi le résultat d’un cinéma généralement stéréotypé qui, lorsqu’il sait se décomplexer, peut se permettre une folie immodérée. L’ambiance du carnage proposée ici n’est pas sans rappeler celle de Nid de Guêpe avec qui ce métrage multiplie les similitudes, malgré un genre différent. Malheureusement le film ne passe pas à coté de certains clichés persistants dans le cinéma hexagonal avec quelques leçons de morale bien pensantes, et pourtant pas toujours bien pensés.

Techniquement, la mise est scène est correcte et les effets spéciaux réussis. Le gore sérieux est maitrisé et la scène de Jean Pierre Martins sur la voiture avec une horde de Zombies à ses pieds est visuellement saisissante. En revanche, l’interprétation globale relève du minimum syndical avec, notamment, une Claude Perron beaucoup moins inspirée que lorsqu’elle accompagne Dupontel. Enfin, même si ce n’est pas ce qu’on demande à ce type de film, le scénario est d’une indécente simplicité et déçoit tout au long de son déroulement. Enfin, le manque d’explication sur les zombies et les interrogations laissées par la scène finale laisseront un amer gout d’inachevé pour certains, tandis que d’autres plus avertis savent que l’absence de réponses est préférable à leurs médiocrités. En bref, n’est pas Roméro qui veut mais ce type d’initiative dans notre cinéma est très encourageante.

Le film offre un bon divertissement avec ses bonnes scènes d’actions et d’horreur. Je dirais surtout que le film est bourrin car les personnages ne tuent pas les zombies mais les défoncent (l’un des personnages fracassent un zombie contre un mur, et un autre personnage contre la porte d’un meuble). Le côté bourrin est renforcé par la liquidation des zombies à l’aide de la grosse mitraillette (presque une petite mitrailleuse).

De plus, le film a une bonne dose d’humour (renforcée par le rôle du vieux avec sa hache) qui le rend cool et agréable à regarder. Il est aussi un film complètement décomplexé avec les dialogues (le nombre de gros mots est incalculable) et une scène vraiment incroyable, où les personnages jouent et se moquent d’un zombie (après le vieux, il sort : « Elle en a de belles paires ! ») non mais j’ai jamais vu ça. Ensuite, les acteurs sont très bons et jouent bien les fortes têtes (j’en profite pour dire que je n’ai pas trop aimé le personnage d’Aurore qui se montre bien pourri). En parlant des personnages, j’ai trouvé les relations qui avaient entre eux sont intéressantes car elles varient tout le long du film. Le décor est aussi bien soigné avec son côté apocalyptique.

Néanmoins voilà, le scénario a ses faiblesses car on ne connait pas l’origine de ce virus et les zombies arrivent très vite dans le film (qui est bien car on n’a pas le temps de s’ennuyer mais peut être un peu trop vite et trop de zombie dès le début qui rend le spectateur un peu confus de cette précipitation). De plus, j’ai trouvé la fin un peu inaboutie (ce genre de fin était un peu attendu au vu de l’histoire).

La Horde est donc, malgré ses petites faiblesses au niveau du scénario, un très bon film, bien divertissant, fun et surtout bien bourrin. Un film avec pas mal de qualités pour une production made in France.

Que les journalistes pédants de Mad Movies se la joue encore une fois connaisseurs exigeants à deux balles avec ce film (voir la critique lamentable dans le n° de ce mois-ci - Juillet 2010), alors qu'ils n'ont jamais tâté de la caméra, même pour filmer leurs vacances, fassent encore la fine bouche avec des critiques pseudo-argumentées, je m'y attendais, quoiqu'entre journalistes (Yannick Dahan est critique de ciné) je pensais qu'ils se suceraient un peu, mais je trouve le public un peu dur, quand on voit certains films qui sont portés aux nues pour parfois pas grand chose. Enfin, chacun ses goûts... même si bien sûr il n'y a que les miens qui prévalent sur les autres... Ah Ah Ah !!!

Beaucoup critiquent le scénario... Pour ma part, je le trouve très bon, bourré de rebondissements, avec un esprit Badass du plus bel effet, des séquences très comic books, des personnages haut-en-couleurs, de la violence à la fois graphique et psychologique complètement exacerbée, du gore bien fun et craspec, des zombies, et des zombies, et pleins des zombies cons et affamés partout partout...

La mise en scène est hyper dynamique, dans l'ensemble vigoureuse, puissante, précise et imaginative, comparable aux meilleurs films US, même si certains effets de montages seraient à revoir...

Les effets spéciaux sont nombreux et réussis, à nouveau comparable à nos amis outre-Atlantique. Alors qu'est-ce qui coince? Certains reprochent des personnages trop caricaturaux et des dialogues qui le sont autant, voire carrément débiles à force de pousser la grossièreté? Je crois qu'il y a malentendu là...

L'esprit ouvertement déclaré du film est le côté Badass (en gros "Je t'emmerde connard, et si t'es pas content, je t'emmerde encore plus!!!") que l'on retrouvait dans les polars des 70's avec les personnages bourrus joués par des "gueules", le tout avec des dialogues à contre-culture, mêlé avec les films de zombies crados hyper-speed de la même époque et des 80's.

LE FILM REMPLI PARFAITEMENT SON CONTRAT ! Au-delà des espérances même! Les personnages sont des enflures que l'on aime détester et que l'on finit par adorer, qui disent merde à toute la société. Les dialogues sont volontairement bourrins, hyper beaufs et grossiers, mais carrément funs à force d'être extrêmes, et donnent certaines séquences délirantes comme celle où il est question de couper la jambe à l'une des racailles. Il faut rentrer dans l'esprit du film et c'est tout! Il n'est pas fait pour rentrer à Science-Po, mais pour délirer en potes une bière à la main...

Et parlons du point finalement le plus positif, le plus réussi du film: les acteurs! Ils sont tout simplement incroyables! Le casting est tellement réussi, que l'on peu dire que pas un seul acteur soit en dessous des autres, et se contente d'être simplement excellent. Ils sont tous formidables !!! Et ça, ça remplace tous les effets spéciaux, tous les dialogues d'auteur, et toutes les mises en scènes virtuoses...

Pour finir, je parlerais de 2 scènes que je trouve étonnantes, époustoufflantes, fabuleuses, à couper le souffle! La première se situe au début, lorsque les "héros" du film découvrent en allant sur le toit un monde qui part à la dérive, en train d'être dévasté. On ne voit quasiment rien (probablement budget oblige), mais le jeu de regard des acteurs, la mise en scène qui insiste sur leur horreur et leur stupéfaction remplace tout ce qu'un blockbuster friqué mais "torché" aurait pu nous donner. L'émotion qui en ressort est incroyable! La seconde scène est celle vers la fin où l"un des protagonistes (mon préféré!) est bloqué sur le toit d'un voiture, assaillit par une horde de zombies. Elle est épatante, tout simplement épatante! Même chez les ricains on voit rarement une séquence de cette qualité. Le défourraillage des zombies est mortellement jouissif, et lorsque que l'on voit la horde dans tout son entier carrément ensevelir cette homme seul... ça fait tout simplement froid dans le dos!!! Immense! IMMENSE !!!

Notons également une musique particulièrement soignée et efficace qui donne encore plus de punch à l'ensemble, et vous comprendrez qu'il faut soutenir cet excellent film, qui pour une fois n'a pas à pâlir devant les productions ricaines, si vous voulez en voir d'autres comme ça en France, et ne plus avoir à souffrir des "Joséphine, Ange Gardien", ou des films d'Ôteurs chiants, prétencieux et pourris, avec un plan sur un oeuf de 3/4 d'heure censé symboliser tout un tas de conneries intellectuo-pédantes qui nous font passer pour des cons partout dans le monde, et font que nos meilleurs espoirs partent faire leur métier aux USA... CQFD !!!