Anges et Démons

Le scénario s'il reste très proche du roman s'autorise quelques partialités plutôt bienvenues (exit les relations père-fille au sein du CERN, exit les relations réelles pape-camerlingue, exit les passages secrets à la pelle et les fausses sociétés secrètes) et s'exécute assez rapidement si on compte que le roman étallait sa matière sur de nombreuses pages inutiles. Considérant le thème donné, on pourra regretter si on n'est pas assez illuminé soi-même ou peu enclein à conduire une réflexion lors de la vision d'un film que ce métrage (comme le Da Vinci Code) manque d'explication ... et pourtant, elle existe et est d'une simplicité effrayante (ce qui fait qu'à mon sens Anges et Démons est de bien meilleure qualité que sa suite !) : la peur renforce la croyance ... la religion chrétienne a connu ses heures sombres durant un Moyen Age dictatorial ... la religion musulmane le connait actuellement ... car sous toutes formes de prétendues connaissances se cache une vérité ignoble ... les religions ont des défaillances car elles sont faites d'hommes qui ont de pareilles défaillances. Ainsi, le rôle du camerlingue était-il tout trouvé : être la chantre d'un changement immense dans le milieu de la foi ... être le partisan d'un rejet total de la science mère au profit d'un postulat plus accompli : la religion seule maîtresse de la vérité et de l'éthique ... plutôt que de voir ce livre comme une enième course-poursuite pétrie de sociétés secrètes, plutôt que de voir ce film comme un simple blockbuster à vague sujet religieux ... interrogez vos coeurs et vos âmes et demandez-vous qui est responsable de votre morale ? Il y a longtemps que je ne me pose plus la question ... ma morale, je me suis assis dessus bien des années aupravant !

Les acteurs choisis effectuent avec justesse et rigueur ce qui leur est demandé : Tom hanks pareil à lui-même bien que moins expressif, Ewan McGregor fabuleux de bout en bout, juste et terriblement malheureux, Stellan Skarsgard est criant de vérité, dur, froid et inransigeant comme on l'aime. La direction d'acteur ne souffre d'aucun relachement à ce point qu'il est impossible de se tromper sur les actions et réussites des uns et des autres.

La plus grande beauté vient sans aucun doute des images et cadrages : tout est magnifié, superbe et vu sous uen aura dont on aura bien du mal de se défaire. L'explosion d'anti-matière reste par ailleurs une scène d'une beauté terrible !

L'autre point fort de ce film sera par ailleurs la somptueuse musique qui baigne chaque moment forte, chaque instant suspendu ...

Au final, un film droit, fort, pensif et clairement intellectualiste, pétri d'une grande notion d'humanisme ... loin de l'image de gros navet hollywoodien qu'il se trimbale malgré lui !