Détour Mortel

Comment-ça ? Vous connaissez déjà cette histoire ? Vous l’'avez déjà vu cinquante fois ? Bienvenue au club !

N'y allons pas par quatre chemins (surtout s’ils sont perdus dans les bois), Wrong Turn, ce n’'est pas très bon. C’'est d’'ailleurs surprenant qu'’un truc aussi anecdotique ait généré une franchise (j'ai même lu sur ce site que c'est le meilleur film vu dans la vie de certains...) Pourtant, on arrive péniblement à la moyenne parce que je suis indulgent.

Commençons par le positif : à peu de choses près, c'’est Rob Schmidt et son travail réussi pour nous plonger dans une ambiance de film d’'horreur. Ce réalisateur a su créer une atmosphère malsaine, tendue et garnie d’'effets sonores percutants. On sent l'’envie de bien faire et je trouve que c’'est une sorte d'’exploit d’'avoir pu me faire sursauter avec un pitch aussi maigre.

Le reste, évidemment, c’'est du négatif. On peut le décomposer en deux points : les personnages et l'’histoire. Je regrette que les jeunes soient aussi peu attachants. Comment dire,… ils sont à la fois superficiels, stéréotypés et incroyablement cons. Les dialogues sont d'’ailleurs à leur image : d'’une niaiserie peu courante. Je reconnais m'’être bien marré avec le très délicat « c’est l’'heure de crever, gros enculé. » Mais à tout prendre au sérieux dans ce film, ça devient vite bidon.

Enfin, le pitch pas trop novateur qui rend tout prévisible vient se planter telle une flèche dans notre matière grise. On nous rejoue la troupe des rednecks consanguins et cannibales qui s’'en prennent à tout ce qui bouge de façon barbare. Je ne ferai pas la liste des nombreux films qui ont balancé du dossier sur le sujet, mais ça pourrait être long (les principaux sont dans l’'avis de Warhammer). En résumé, Wrong Turn ne prend aucun risque à part nous resservir les gros clichés usés jusqu’à la corde. Une belle déception.

Le film de Rob Schmidt a donc pour seul intérêt sa réalisation soignée et une scène sympa perchée dans les arbres. Le reste, (vrai) ami amateur de B movies, tu l'’as déjà vu en mieux plusieurs fois. Heureusement, le deuxième épisode dynamitera toute cette bêtise avec humour.

Et effectivement, Chris, un des héros, se trouve dans un bouchon alors qu’il est pressé, il va donc faire ce que tout le monde ferait, à savoir prendre un route peu engageante, conseillé par un pompiste patibulaire (mais presque) et indiqué en pointillé sur une carte douteuse. Victime d’un accident stupide, il fait connaissance de ses futurs compagnons d’infortune et de la tête d’affiche, Eliza Dushku dont l’apparition à l’écran a été artistiquement travaillée… Ha oui, je vous ai pas dit, DM sent la Série B à des km, et ce, dès la quasi inutile scène d’ouverture. La trame se déroule sans fausse note majeure, tout juste quelques détails "made in film d’exploitation", mais aussi sans aucune surprise. Ben oui, c’est bien là que ça pêche, ce métrage est tout sauf original car il utilise les codes et les recettes éculées d’un genre qui en déjà vu d’autres, et de bien meilleurs.

Ne pas être original ne veut pas dire inefficace. La découverte de la cabane et de ses inquiétants habitants est franchement intéressante et les premiers instants de la traque, avec les deux premières victimes, sont prometteurs. Malheureusement la suite est très inégale, l’idée de la tour de guet est intéressante mais mal exploitée et bâclée, et la poursuite dans les arbres est, malgré un certain succès auprès des membres de notre site préféré, d’une sottise aussi grossière qu’inadaptée. Une fois débarrassé de l’encombrante et hyper-pas-crédible Mlle «j’peux pas», le duo de protagonistes achève ce survival de façon furieuse dans un retour dans la cabane bien foutu. Cette dernière séquence est d’une violence redoutable et franchement satisfaisante dans l’approche visuelle des gros méchants pas beaux.

Coté scénario, rien de bien surprenant, ni de très palpitant et les personnages des vilains sont sous exploités. En même temps, ne pas mieux les connaitre nous épargne de probables inepties et incohérences. DM est donc une bonne série B efficace, bien qu’inégale et ne méritant pas cette surabondance d’éloges, mais elle peine à exister aux cotés de pures chefs-d’œuvre au sujet similaire.

Bref, un film à suites, comme j'ai pu le découvrir sur l'excellent site qu'est 'horreur.net' ;O)