Aux Frontières de l'Aube

Ce film a quelque-chose d'unique dans sa réalisation, une sorte de personnalité qui le démarque clairement de la concurrence. Kathryn Bigelow a pris soin d'instaurer une atmosphère particulière à l'histoire, sur laquelle plane une certaine mélancolie. Rien dans ce film ne prête à rire ou à la légèreté. Les décors sont mornes et désertiques - le film se déroule en Oklahoma et au Kansas - les personnages ont la mine grave ou l'air menaçant, nombre de scènes se déroulent la nuit, période durant laquelle nos amis vampires se mettent en chasse pour faire le plein de carburant... Mais ce qui m'a le plus frappé ici, c'est le sentiment de solitude que parvient à transmettre le personnage de Mae, la jeune femme "vampire" (bien que ce terme ne soit jamais utilisé dans le film) qui va s'éprendre de Caleb, le personnage principal.

Mae et ses compagnons d'infortune ne peuvent sortir que la nuit, la lumière du soleil leur étant fatale. Ils sillonnent les routes du pays dans l'obscurité à la recherche de nouvelles victimes pour survivre, car le sang frais constitue pour eux un besoin vital de subsistance. Quand l'aube approche, ils se terrent dans un abri qu'ils devront abandonner la nuit suivante. Car ils ne peuvent jamais rester longtemps au même endroit, ni conserver le même véhicule plusieurs jours durant. Leurs victimes et leurs habitudes particulières peuvent en effet attirer sur eux l'attention de la police. Ainsi, Mae et les siens sont-ils condamnés à la solitude, à l'errance et à l'éternité. Certains le vivent moins bien que d'autres, et bien ce censés être immortels, tous se savent condamnés...

Aux Frontières de l'Aube - j'adore ce titre - est un film dur et réaliste dans sa mise en scène, et réserve quelques scènes gratinées, en particulier celle du bar, où Bill Paxton y fait son show avant un déferlement de violence sadique et cruelle. Les personnages du film sont tous réussis, en particulier les fameux suceurs de sang errants justement, et la partition signée Tangerine Dream apporte énormément à l'ambiance à la fois pesante et mélancolique du film. Je ne me lasserai jamais de souligner l'importance d'une bonne musique au cinéma !

Un très bon film de vampires, stylé et particulièrement immersif. Sortie en 1987, l’œuvre de Kathryn Bigelow supporte très bien le poids des années. Une référence.

Bon c'est pas exactement ça mais vous voyez l'idée...(je l'ai vu en anglais, et cette réplique n'avait pas la même puissance en français...mauvaise traduction).