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Le mystère de la bête humaine

Un film de loup-garou qui traite de la lycanthropie sous forme d’intrigue policière à la manière des Dix petits nègres. Whodunit prévisible et maladroit, The Beast Must Die ne trouve jamais le ton juste pour exposer son propos. La faute à une histoire mal ficelée et une nette tendance à se montrer verbeux sans autre conséquence que l’absence même du loup-garou à l’écran.
Publié le 19 Novembre 2017 par Dante_1984Voir la fiche de Le Mystère de la bête humaine
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Loup-Garou

Au même titre que le vampire, le loup-garou est ancré dans l’imaginaire collectif avec une telle force que d’aucuns développent des hypothèses sur son existence, à tout le moins ce qui pourrait expliquer la lycanthropie. C’est donc tout naturellement que les films de loup-garou ont alimenté le cinéma de genre avec une certaine constance productive, mais pas forcément qualitative. Alors en concurrence directe avec la Hammer, Amicus décline son florilège de métrages qui tentent de se distinguer de la prédominance gothique de son homologue britannique. Après le film à sketches avec Asylum ou les manoirs maudits avec And Now The Screaming Starts, c’est au tour de nos canidés hargneux et affamés de se prêter au jeu. Enfin, presque...

La question a le mérite d'être posée...

Car si le pitch laisse augurer un film de loup-garou classique, il n’en est rien. L’entame s’adresse directement au spectateur pour le prévenir de rester attentif. L’histoire étant une enquête, tout son intérêt réside dans la recherche et la découverte du loup-garou. Après une partie de chasse à l’homme qui retarde inutilement la présentation des protagonistes, on ne se retrouve pas à proprement parler dans une œuvre d’épouvante ou fantastique, mais dans un huis clos policier librement inspiré des Dix petits nègres. En soi, le mélange des genres, en particulier celui-ci, surprend et se montre pour le moins inattendu.

Dès lors, on peut escompter un rythme relativement posé, prompt à la réflexion et à l’analyse des indices. Très vite, on se heurte pourtant à de multiples problèmes sur le fond et sur la forme. En premier lieu, la progression est mal maîtrisée. Les temps morts rivalisent de longueur avec des verbiages incessants. On tente vainement de brouiller les pistes, de pointer du doigt tel ou tel protagoniste, en sachant pertinemment que les évidences ou les preuves les plus troublantes sont souvent un aveu d’innocence. Malgré quelques détours alambiqués et certaines incohérences propres à décontenancer le spectateur, il n’est guère difficile de procéder par une élimination en règle.

Un loup-garou à table !

Ne serait-ce que par l’importance des différents personnages à l’écran... Une poignée s’efface inexplicablement de l’intrigue, tandis que d’autres, par leur simple présence, n’en finissent pas de multiplier les frasques pour orienter notre opinion, en vain. Et c’est sans doute dans cette maladresse constante, presque gênante, que le scénario ne réussit jamais à s’approprier les codes d’un genre qui lui échappe. D’ailleurs, on ne ressent guère l’isolement de la propriété luxueuse. Ce qui est censé se refermer comme un piège sur les invités se transforme en un vaste espace où l’on préfère s’égarer en conjectures vaseuses. On est bien loin du sentiment de perdition qui émane de l’œuvre d’Agatha Christie!

Cette part du film est tellement prépondérante qu’on en oublierait presque le loup-garou en lui-même. Sa présence n’est que trop tardive et ses incursions peu percutantes; pour ne pas dire anecdotiques. C’est un choix d’opter pour un chien pour pallier à des carences budgétaires qui rendraient toute métamorphose ridicule à l’écran. C’en est un autre de laisser le spectateur sur sa faim avec des séquences bâclées où la violence est édulcorée au possible. Là encore, le film de Paul Annett est incapable de communiquer la moindre émotion qui tendrait à instaurer une ambiance particulière, voire oppressante dans les meilleures intentions.

Le temps vous est compté très cher

Au final, The Beast Must Die joue de médiocrité pour mélanger ses diverses influences. Étrange amalgame entre une intrigue policière, un film d’épouvante classique et une touche de blaxploitation, très en vogue alors, l’histoire traîne en longueur. Cela n’aurait été en rien préjudiciable s’il y avait matière à réflexion. Or, les indices sont grossiers, mal intégrés à la trame et surtout bancals. On ne joue guère de subtilités, si ce n’est dans les propos d’un épilogue relativement pessimiste. Pour le reste, l’ambiance à laquelle le métrage aurait pu prétendre ne décolle jamais, tout comme sa progression lénifiante. Faible consolation, il demeure un Peter Cushing égal à lui-même, charismatique au possible.

A propos de l'auteur : Dante_1984
Portrait de Dante_1984

J'ai découvert le site en 2008 et j'ai été immédiatement séduit par l'opportunité de participer à la vie d'un site qui a pour objectif de faire vivre le cinéma de genre. J'ai commencé par ajouter des fiches. Puis, j'ai souhaité faire partager mes dernières découvertes en laissant des avis sur les films que je voyais.

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