Peur Bleue 2
Annoncée il y a peu, la suite de Deep Blue Sea (Peur Bleue en version française, à ne pas confondre avec l’adaptation éponyme du roman lycanthrope de Stephen King) ne promettait pas que de bonnes choses, loin de là. Ayant la lourde tâche de succéder au plus gros blockbuster de requins des années 2000, cette petite production est, quant à elle, annoncée sur la chaîne Syfy, connue pour détenir un capital qualité frôlant trop souvent le néant. Malgré tout distribué par Warner, assistera-t-on donc à l’étron pressenti ? Pas tout à fait.
À l’initiative d’un milliardaire excentrique, une équipe de scientifiques est réunie, sans réelles raisons d’ailleurs, sur la station du philanthrope en question où des requins sont également pensionnaires. À la suite d’une défaillance technique aussi probable qu’un accident de Destination Finale, l’installation va progressivement prendre les eaux, laissant nos hommes de science et les membres du personnel à la merci des squales revanchards.
On a déjà indirectement évoqué l’endroit où le bât blesse, à savoir le scénario. À l’inverse du premier opus – avec des requins-OGM pour lutter contre les maladies mentales dégénératives – où le synopsis était bancal, mais plausible, notre milliardaire a développé une drogue stimulant l’intelligence – à l’instar de Limitless – et les administre aux requins les plus agressifs sur terre. À aucun moment, il n’y une justification correcte dans le fait de les injecter aux squales et l’on fermera les yeux sur cette molécule qui modifie l’ADN du cerveau. Logique vu qu’on a de l’ADN de bras, de jambe, de fesse, etc. Le Donald Trump en devenir tuera les dernières miettes de crédibilités quand il justifiera la création de cette drogue pour se défendre contre le soulèvement des machines et des intelligences artificielles. On ajoutera à ça un jeu d’acteur en roue libre, le cabotinage royal étant de rigueur.
Et c’est finalement dommage que cette surcharge d’amateurisme vienne miner les aspects les plus réussis, avec en tête de liste, les effets gores. Car oui, dans Peur Bleue 2, les mises à mort sont franchement sympas notamment via des requins-nouveau-nés et leurs attaques en banc, référence au Piranhas de Joe Dante (Gremlins) ou plus récemment au remake d’Alexandre Aja (Haute Tension, Mirrors). Les CGI sont plutôt honnêtes compte tenu du budget sûrement dérisoire (face aux 60 millions de dollars du premier volet).
De manière anecdotique, on soulignera la bonne idée de mettre en lumière le requin-bouledogue, véritable bourreau des mers, à l’inverse du grand blanc pourtant considéré comme le boogeyman en chef des terreurs aquatiques depuis Les Dents de la mer.
Mais à chaque fois, les bonnes notes sont occultées par des maladresses grosses comme des paquebots comme les bruitages de Télétubbies des bébés requins ou les effets trop lourds comme l’apparition de formules de chimie organique quand nos comparses se mettent à parler – essayer – science...
Au menu de ce énième produit de la shark-exploitation, des faiblesses à la pelle, mais ce côté très attachant propre à ce genre de production. Il ne restera évidemment pas autant dans les mémoires que le long métrage de Renny Harlin (58 Minutes pour vivre, The Dyatlov Pass Incident). Finalement, Peur Bleue 2 est un bras de fer opposant d’un côté un scénario au ras des pâquerettes et un jeu d’acteur indécent et de l’autre des effets gores plutôt jouissifs. Et donc, qui l’emporte ? Aucun.