Invasion Finale
En cours de transfert durant une tempête de neige, un prisonnier (Bruce Campbell) est victime d'un accident de voitures. Escorté par deux policiers, il échoue dans un petit aéroport privé, complètement isolé, et va découvrir très vite que quelque chose d'anormal est en train de se passer.
Depuis les années 50, l'invasion extra-terrestre fait partie des thèmes récurrents en matière de science-fiction. Représenté sous diverses formes, plus ou moins effrayantes ou réalistes, l'extra-terrestre peut parfois prendre l'apparence d'un être cher, pour pouvoir encore mieux préparer sa mission sur Terre, qui consiste dans la majorité des films à conquérir notre bonne vieille planète, le cinéma voyant souvent les êtres venus d'ailleurs comme belliqueux et agressifs, à notre image en somme, même si Spielberg changera cette image avec son fameux E.T., dans les années 80.
Prendre possession du corps des êtres humains pour mieux approcher notre espèce est donc le créneau de la fameuse saga des Body Snatchers. Adaptation du roman de Jack Finney, l'Invasion des Profanateurs de Sépultures (1956) jette la base du film d'invasion moderne, où la terreur psychologique prend le pas sur le visuel basique. Dans les années 80, John Carpenter signera lui aussi une autre merveille du Septième Art, avec La Chose, remake remarquable et glacial d'un film des années 50.
Les effets spéciaux s'améliorant, l'extra-terrestre avait repris une dimension plus spectaculaire dès les années 90, s'appuyant sur des FX explosifs (cf Independance Day, archétype de ce nouveau genre), mais l'idée de l'envahisseur pernicieux conserve toujours une bonne aura, à l'image du dernier hommage à la thématique de Finney : The Faculty.
Les téléfilms et direct-to-video de S-F pullulent, et le long-métrage qui nous intéresse ici en fait partie. Au générique de Terminal Invasion, le cinéphile averti reconnaîtra deux noms. Bruce Campbell, à tout jamais déifié depuis le rôle de Ash dans la série phare des Evil Dead, endosse avec efficacité le costume du héros, à l'origine mauvais (il est accusé de meurtre et cherche surtout au départ à s'enfuir), mais finalement courageux et sympathique (difficile de ne pas s'attacher aux personnages campés par Campbell, étonnant Elvis grabataire dans Bubba Ho-Tep).
L'autre personnalité connue est le réalisateur et producteur Sean Cunningham. Néanmoins, depuis le premier Vendredi 13 (1980), le cinéaste s'était fais assez discret. Sa mise en scène académique et frileuse sur ce métrage ne redressera probablement pas sa côte à Hollywood.
L'amoureux de films Z et autres nanars sera aussi attiré par le nom d'un des scénaristes, en la personne de Lewis Abernathy. Egalement réalisateur à ces heures perdues, ce cher monsieur avait signé l'odieux House IV, l'une des pires immondices cinématographiques de tous les temps.
Dès lors, l'inquiétude pouvait planer sur le niveau de cette Invasion Finale.
Quand on dispose d'un budget réduit, deux solutions s'offrent à un cinéaste de S-F : soit signer un film pas réaliste pour un sou, en accumulant des effets numériques navrants et peu crédibles, soit on privilégie l'aspect psychologique, en mettant en avant le jeu des acteurs et l'ambiance.
Cunningham tente plutôt la seconde solution, comptant sur des comédiens plutôt convaincants (surtout le prisonnier et la pilote). Les effets spéciaux se réduisent au minimum. Heureusement d'ailleurs, car ils sont plutôt niais, à l'image de l'explosion d'un des envahisseurs en fin de métrage).
Sage décision donc, à condition d'avoir quelques bonnes idées, et ce Terminal Invasion peine à en trouver. L'univers restreint de ce petit aéroport de province représente assez bien l'étroitesse d'un scénario qui n'apporte aucune nouveauté digne d'intérêt. On assiste avec une certaine hébétude à l'élection du nouvel envahisseur temporaire à mesure que Campbell dégomme les candidats les uns après les autres, mais pas vraiment à un rythme effréné.
Le manque d'envergure de l'ensemble remporte assez vite tous les suffrages, de sorte que ce programme ne laissera qu'un souvenir lointain, comme tant d'autres films du genre. Toutefois, reconnaissons aussi l'absence de dialogues stupides ou grivois, et un contexte assez cohérent, sans oublier le plaisir de revoir notre ami Bruce dans un rôle principal.
Des arguments insuffisants pour passer à la postérité, mais qui peuvent tout de même laisser des traces positives dans notre esprit une fois le générique de fin de cette série B achevé.
Un film de Sean S. Cunningham
Avec : Bruce Campbell, Chase Masterson, Sarah Lafleur, Kedar Brown