Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban
Qualifier Harry Potter de simple phénomène littéraire relève du doux euphémisme. Aujourd’hui, le nom d’Harry Potter n'est plus seulement synonyme de phénomène littéraire mais aussi de billets verts par millions pour les producteurs. Avec le succès des livres et des films, le nom d’Harry Potter est sur toutes les lèvres, des jeunes comme des plus âgés. Car il ne faut pas croire que l’univers de l'apprenti sorcier ne touche que les moins de douze ans. C’est d'ailleurs l’une des grandes forces de l’œuvre – un bien grand mot, certes – de J.K. Rowling : toucher un public extrêmement large avec un matériau somme toute assez classique (qu'il s'agisse des personnages ou de l'histoire).
Après les deux adaptations plutôt mitigées de Chris Colombus (alors qu’on aurait bien vu Steven Spielberg, un temps rattaché au projet, les réaliser), c’est au tour d’Alfonso Cuaron d’aborder les aventures de l’apprenti sorcier le plus connu (et lucratif) de la planète. Le scénariste Steve Kloves est toujours fidèle au poste, tout comme le casting principal du film (excepté le regretté Richard Harris, remplacé par le non moins convaincant Michael Gambon dans le rôle d’Albus Dumbledore).
Harry Potter entre en troisième année au collège de sorcellerie de Poudlard après s’être enfuit de chez sa famille d’adoption frappadingue, les Dursley. Mais une nouvelle menace pèse sur lui : un redoutable sorcier criminel, le sinistre Sirius Black, s’est échappé de la prison d’Azkaban. Les gardes de la prison, les sombres Détraqueurs (Dementors, en anglais) se lancent à sa recherche. Harry Potter va encore avoir fort à faire cette année…
Alfonso Cuaron, beaucoup plus doué que Colombus pour manipuler une caméra, diriger des acteurs et créer un véritable climat de magie à l'écran, a effectué un travail remarquable. Sa mise en scène est inspirée et ses mouvements de caméra sont amples et impressionnants (l’envol de l’Hippogriffe Buck, les apparitions des Détraqueurs). On a enfin l’impression de voir les aventures d’Harry Potter dans toute leur splendeur prendre vie devant nos yeux. Les décors et les costumes sont soignés, tout comme les effets spéciaux (même si, encore une fois, il semble que le loup-garou soit une créature toujours aussi difficile à générer). Les acteurs s'en sortent un peu mieux que dans les précédents films (notamment Daniel Radcliffe) mais leurs interprétations ne sont pas non plus inoubliables.
Alors bien sûr, les puristes y trouveront toujours matière à redire. Il est vrai que faire tenir en 2h30 un livre de plus de 450 pages est une sacré gageure (on se demande comment va s’en sortir le réalisateur britannique Mike Newell sur l’opus suivant, Harry Potter et la Coupe de Feu, étant donné l’imposant matériau fourni par le roman au titre éponyme). Mais heureusement, l’essentiel du roman a été préservé (avec quelques touches d’humour en plus tout à fait appropriées). Cependant, pour ceux qui ne sont pas des inconditionnels d’Harry Potter ou tout simplement étranger à son univers, de nombreux éléments pourront paraître anodins, voire superflus, et alourdissant ainsi le rythme narratif (l’un des gros soucis du film pour certains).
Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban est sans conteste la meilleure adaptation à ce jour des romans de J.K. Rowling (à moins que Mike Newell parvienne à faire mieux mais on en doute un peu à vrai dire) et il serait dommage de se priver de ce très beau film d’une telle légèreté et d’une telle beauté visuelle.
Un film de Alfonso Cuarón
Avec : Daniel Radcliffe, Rupert Grint, Emma Watson, Gary Oldman