100 degrees below zero
En marge de ses mockbusters et de ses survival animalier, Asylum est également féru de films catastrophes. 2012 Supernova, Menace sismique, Meteor apocalypse... Loin d’être mémorables, ses productions sont néanmoins plus proches de téléfilms classiques sans envergures que des habituels nanars et navets innommables auxquels ils nous ont accoutumés. Après 2012, les tremblements de terre et autres cataclysmes majeurs, l’heure est au réchauffement climatique ou plutôt au refroidissement climatique. Si le ton se veut plus réaliste, peut-on déceler un semblant d’intérêt à ce 100 Degrees Below Zero ?
Attention, émeute en vue...
À raison, le film catastrophe est souvent le porte-parole du patriotisme, de l’abnégation et de l’héroïsme inconsidéré. Pour ce faire, l’élément militaire associé à des théories scientifiques plus ou moins alarmistes (et farfelues) forme la base de ce genre d’intrigues. Il est vrai que l’on dénote une entame centrée sur des éruptions volcaniques censées provoquer un hiver nucléaire mondial. Or, il ne s’agit que d’un prétexte dans lequel les scénaristes ne se fourvoieront pas. Aucun détail n’est donné par la suite pour justifier ou étayer le phénomène. Si cela permet d’éviter des incohérences, cette absence met en avant d’autres absurdités propres à l’inconséquence d’Asylum.
À commencer par la sempiternelle séparation des familles qui traversent le bout du monde (ou la Manche) pour laisser derrière eux une France plongée dans une ère glaciaire. Non pas que l’alternance des points de vue soit pénible. Elle se révèle même plus équilibrée qu’escomptée. Cependant, elle présente de nombreuses errances tant sur le plan narratif que sur le plan géographique. Échelle réduite, raccourcissement des temps de trajet, obstacles sur la route curieusement rares... Cette vacuité se retrouve aussi au cœur de Paris avec ses rues désertes, ses monuments touristiques vides (merci la tour Eiffel et les Champs-Elysées) et ses figurants décérébrés.
Le tunnel prend l'eau (et l'histoire également).
Si l’aspect fauché peut se comprendre à cause de limites budgétaires, le ton donné au parcours rocambolesque du second duo de protagonistes l’est beaucoup moins. Frère et sœur font preuve d’une effarante débilité qui les amène dans les pires situations possibles. Un immeuble s’effondre? Rentrons-y pour s’abriter! Des câbles d’ascenseur? Touchons-les pour s’électrocuter! (Cherchez l’erreur) Et ça continue à grand renfort de chutes aberrantes, de réparties informes et de réactions invraisemblables. Rien que pour cela, 100 Degrees Below Zero se transforme en une comédie involontaire qui aurait pu s’appeler «Deux nigauds à Paris» ou «Deux idiots à Paris» pour faire suite au film de Serge Korber.
Apparemment, ce n’est pas une tare héréditaire étant donné que le très désintéressé Jeff Fahey brave par monts et par vaux les intempéries en hélicoptère ou dans une ridicule petite citadine. Peu importe les éruptions volcaniques, les tempêtes de neige ou... À vrai dire, les problèmes climatiques ne semblent avoir aucune influence sur leur parcours. On rigole en tombant (une nouvelle fois). On roule à tombeau ouvert dans le tunnel sous la Manche avec un raz-de-marée en guise de poursuivant. On vole en plein ciel sans s’inquiéter des turbulences, du danger des nuages de cendres ou du gel... Même dans la capitale, on grelotte, mais la neige ou le froid sont rarement présents.
Non, c'est de l'autre côté que ça se passe !
Au final, 100 Degrees Below est un exercice laborieux, coincé entre une dérision bien involontaire et une absence cruelle de tous les éléments qui concourent à instaurer une atmosphère tendue. L’aspect spectaculaire n’est pas en reste avec des effets spéciaux minimalistes et des incrustations sur fonds vert abominables. L’histoire, déjà peu épaisse, éprouve toutes les peines du monde à trouver une suite cohérente. À sa décharge, Sara Malakul Lane et Marc Ewins (les enfants Foster) sont impayables dans leurs frasques. Rarement un duo à l’écran aura été aussi grotesque tant leur crétinerie confère à la pathologie incurable. En dépit d’un amusement soutiré par la stupidité de ses personnages, un film mal fagoté pas même capable de proposer un divertissement basique.
Un film de R.D. Braunstein
Avec : Jeff Fahey, John Rhys-Davies, Sarah Malakul Lane, Iván Kamarás